
Il y a une limite aux miracles – et aussi une responsabilité
Au-delà du désir ardent des organisations terroristes, notamment le Hamas, de prouver leur capacité d’action, on ne peut absoudre le gouvernement de sa responsabilité dans la situation sécuritaire la plus grave en Judée et Samarie depuis de nombreuses années.
L’explosion des quatre engins explosifs, survenue jeudi soir dans des bus à Bat Yam et Holon alors que les véhicules étaient vides, relève du miracle.
On ne peut qu’imaginer les conséquences si ces bombes avaient explosé le lendemain matin, vendredi, lorsque les bus étaient remplis de passagers.
Les proches de Netanyahu, ainsi que de nombreux journalistes, y compris ceux qui ne sont pas affiliés à la chaîne 14, se sont empressés de parler du “grand échec” de l’armée et du Shin Bet.
Pour les proches de Netanyahu, il s’agit d’une tentative évidente de justifier le limogeage du chef du service, Ronen Bar, suite à l’enquête sur les liens entre le Qatar et le bureau de Netanyahu.
Pour d’autres, cela reflète simplement le fait qu’ils se sont “habitués au meilleur”.
Autrement dit, le Shin Bet et les Forces de défense israéliennes (FDI) ont réussi, jusqu’à présent, à empêcher des attentats majeurs provenant de la Cisjordanie.
En réalité, chaque jour, deux ou trois “miracles” se produisent grâce au Shin Bet et aux FDI. Depuis le début de l’année, ces deux organismes ont déjoué 150 attentats significatifs (fusillades, enlèvements, etc.), dont 45 attentats à la bombe.
Selon les données du Shin Bet et des FDI, en 2024, 1 040 attentats majeurs ont été déjoués, dont 326 attentats à la bombe.
Ces chiffres ne sont pas nouveaux. Ce sont des données que le ministre de la Défense, Israel Katz, qui a récemment multiplié les “directives” à l’armée pour lutter contre le terrorisme, et le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, qui depuis des années “ordonne” de déjouer les attentats, connaissent bien.
La motivation des organisations terroristes à mener des attaques depuis la Cisjordanie est à son apogée.
Parfois, il s’agit “seulement” de “loups solitaires”, mais de plus en plus de structures sérieuses émergent sur le terrain, financées soit par l’Iran, soit par un soutien local.
La grande majorité d’entre elles sont déjouées par le Shin Bet et les FDI. Cependant, compte tenu des circonstances sur le terrain, de la motivation et de l’escalade, les miracles ne se produiront pas à chaque fois. Finalement, une cellule terroriste réussira à mener une attaque.
Au-delà du désir intense des organisations terroristes, principalement le Hamas, de démontrer leur capacité d’action, on ne peut exonérer le gouvernement de sa responsabilité dans la situation sécuritaire la plus grave en Judée et Samarie depuis des années.
Depuis de longs mois, le Shin Bet et les FDI avertissent que si la politique gouvernementale visant à écraser l’Autorité palestinienne se poursuit, cela conduira à une escalade majeure.
Parallèlement, la décision d’empêcher l’entrée des travailleurs en Israël réduit peut-être la capacité des terroristes à infiltrer le pays, mais conduit à une détérioration économique en Cisjordanie, facilitant le recrutement de terroristes par l’Iran et ses affiliés.
Ainsi, l’argent et les armes iraniennes inondent la Cisjordanie, tandis que les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne voient leur activité diminuer.
Tout cela crée une agitation majeure dans les zones attendues, comme les camps de réfugiés de Samarie, ainsi qu’une agitation à plus petite échelle dans des zones relativement calmes.
L'inaction face à ces actes et le manque d’application de la loi en Cisjordanie attisent davantage les tensions et renforcent les extrémistes palestiniens appelant à la violence contre Israël. En pratique, cette politique rappelle celle qui a conduit au 7 octobre : affaiblir l’Autorité palestinienne et renforcer le Hamas.
Dans le cas de la Cisjordanie, bien qu’il n’y ait pas de transfert intentionnel de fonds au Hamas, l’affaiblissement de l’Autorité crée un vide sur le terrain, immédiatement comblé par des groupes plus extrémistes, soutenus par l’Iran, ou par des organisations terroristes comme le Hamas.
On peut continuer à parler de l’“échec” du Shin Bet, mais pour être honnête, on ne peut s’attendre à une réussite à 100 %.
Aucun Shin Bet ni aucune armée, quel que soit leur dirigeant, ne pourront stopper complètement le terrorisme palestinien quelque soit le gouvernement en Israël.
L'année dernière, aussi surprenant que cela puisse paraître pour beaucoup en Israël, les forces de sécurité palestiniennes ont aidé les FDI et le Shin Bet à déjouer des attentats et, en fin de compte, à sauver des vies.
En fin de compte, sans un changement significatif de la stratégie actuelle du gouvernement israélien, qui renforce les extrémistes des deux côtés, l’escalade sur le terrain ne fera que s’aggraver.
Auteur : Avi Issacharoff pour Ynet
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