Israël défie Freud : la fin du verbe, le triomphe du corps dans la guérison des traumatismes

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Israël défie Freud : la fin du verbe, le triomphe du corps dans la guérison des traumatismes

Comment Israël réinvente la prise en charge des traumas : quand le corps soigne là où l’Occident parle

Dans un monde occidental où la prise en charge des traumatismes repose avant tout sur la parole, l’écoute et l’analyse psychologique,
Israël emprunte une voie radicalement différente : celle du corps en mouvement, de la technologie et de l’action réparatrice.
À Tel Aviv comme dans les centres de recherche, l’obsession n’est plus seulement de « parler » le trauma, mais de le faire finir, pour emprunter les mots d’un médecin israélien : « Le corps ne guérit pas en comprenant. Il guérit en accomplissant. »

Du tremblement ancestral à la neuroscience moderne

À Tel Aviv, un centre expérimental invite les patients à bouger avant tout discours : on les invite à secouer les bras, relâcher la mâchoire, faire trembler les jambes pendant deux minutes d’affilée.
Ce geste, à l’apparence chaotique, renvoie à une observation de terrain : les secours de terrain ont remarqué que les animaux, après avoir subi une attaque, tremblaient violemment avant de se calmer. L’être humain, lui, « gèle » ; il stocke l’énergie au lieu de la libérer, et appelle ce stockage «anxiété».

Les neuroscientifiques israéliens ont relié ces gestes au fonctionnement de l’amygdale — le centre d’alarme cérébrale.
Une étude menée sur 128 patients atteints de trouble de stress post-traumatique (TSPT) à travers le système de neurofeedback «Amyg-EFP-NF» a montré que cette technique permettait de réduire significativement les symptômes à travers toutes les catégories cliniques du TSPT, avec des effets persistants après trois mois :
« Ces résultats soutiennent Amyg-EFP-NF comme une approche complète du TSPT qui continue à montrer des bénéfices après la fin du traitement. » 

Autre exemple : des chercheurs de Tel Aviv University ont identifié des « blessures cérébrales » chez des vétérans du Israel Defence Forces ; ils ont utilisé l’oxygénothérapie hyperbare (HBOT) pour soulager les symptômes. 

Pourquoi l’Occident reste bloqué dans le verbe

Dans les modèles de psychiatrie occidentale, la parole est centrale.
Le trauma est narré, analysé, travaillé par les mots. Et pourtant, plusieurs critiques pointent le fait que « parler » reste souvent prisonnier du langage et ne termine pas le cycle de survie du corps traumatisé. Exemple : ce qui restait dans « motion »le corps qui ne s’est pas remis en mouvement) ne se résout pas seulement par le discours.

En Israël, on avance qu’il importe que « le corps finisse la boucle de survie que l’esprit n’a pas pu achever ». Ce basculement — du verbe à la somatique — reflète une culture nationale habituée à l’urgence, à l’interruption, à la résilience immédiate. La logique est : on agit, on libère, on restaure.

Innovation technologique et protocolaire : Israël « champ d’expérimentation »

Israël ne se contente pas de réinterpréter les voies thérapeutiques ; il innove à grande échelle. Un article récent de The Media Line souligne que le pays est en passe de devenir un « petri dish pour le trauma ».
On y décrit des start-ups qui développent des capteurs portables mesurant la variabilité cardiaque ou la conductance cutanée afin de réguler le système nerveux en temps réel. 

On y lit également que les protocoles traditionnels — 12 sessions ou plus — sont remis en cause au profit d’interventions ultra-courtes ou hybrides.
Dans ce contexte, un jeune médecin israélien déclare : « Tout le monde nous regarde pour comprendre : que fait-on quand toute une population est touchée, et comment passer de traiter les individus à prévenir la population entière de développer des troubles psychiatriques après un événement traumatisant ? » 

Quelques jalons concrets

Une étude israélienne montre qu’il est possible, un mois après l’événement traumatique, de prédire la gravité future du TSPT grâce à une analyse cérébrale. 

Le ministère israélien de la Défense a validé pour son personnel la plateforme de stimulation transcrânienne profonde (TMS) développée par BrainsWay, avec des réductions cliniquement significatives des symptômes de TSPT, de la dépression et de l’idéation suicidaire. 

Un modèle qui invite la critique (et l’admiration)

Il convient de rester critique : ces approches sont souvent coûteuses, techniquement lourdes, et issues d’un contexte israélien très marqué par la guerre, la résilience collective et une culture de l’urgence moins répandue en Occident.
Il n’existe pas, à ce jour, d’étude publique validant formellement l’exercice de « trembler pendant deux minutes » comme mentionné dans le récit introductif : il s’agit peut-être d’un protocole émergent ou expérimental non encore publié dans la littérature scientifique.
Par ailleurs, la contextualisation culturelle (population exposée au conflit, vétérans) peut limiter la généralisation.

Mais l’essentiel est que ce modèle propose une rupture paradigmatique : passer de l’analyse du trauma à sa clôture somatique, de la plainte à l’action réparatrice, du symptôme à la restauration neuro-fonctionnelle.

Israël entrevoit un futur où la prise en charge du traumatisme ne se limite plus à la parole.
Le corps, le cerveau, la technologie et la prévention de masse y occupent une place centrale.
Si l’Occident veut sortir du cycle des thérapies sans fin pour traiter les mêmes symptômes, il pourrait regarder de près ce pays qui ose inventer autre chose. Non pas pour tout importer tel quel, mais pour questionner le paradigme : le trauma n’est pas seulement un souvenir à raconter — c’est un mouvement à achever.

Comment les pays occidentaux perçoivent cette approche corporelle

Dans les systèmes psychiatriques d’Europe et d’Amérique du Nord, toute approche fondée sur le mouvement, les tremblements ou les cris a longtemps été considérée comme archaïque, voire suspecte.
L’Occident a fait le choix, depuis Freud, de verbaliser le trauma : comprendre, nommer, interpréter, transformer la douleur en récit.
L’idée dominante est que la parole et la cognition permettent de “domestiquer” la souffrance psychique.

Les thérapies centrées sur le corps — comme celle du “tremblement volontaire” pratiquée en Israël — ont été marginalisées dès les années 1960-1970, jugées trop proches des catharsis collectives, du chamanisme, ou même de la “hystérie”.
La psychiatrie académique les a qualifiées de “méthodes primitives”, c’est-à-dire non fondées sur un protocole clinique vérifiable.

Aux États-Unis, par exemple, l’Association américaine de psychiatrie (APA) ne reconnaît officiellement aucune forme de thérapie par tremblement ou par cri. Les psychothérapies validées pour le trouble post-traumatique sont :

  • la TCC (thérapie cognitivo-comportementale),

  • l’EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires),

  • et, dans certains cas, les antidépresseurs ISRS.

    Autrement dit, tout ce qui relève de la libération somatique pure est vu comme empirique, non mesurable, et donc exclu des recommandations officielles.

En France, les positions sont similaires. Le Haut Conseil de la santé publique, comme la Haute Autorité de Santé, ne reconnaît aucune “thérapie du tremblement”. Le vocabulaire même de ces techniques — “secouer”, “laisser trembler”, “vider le corps” — évoque pour les psychiatres une régression vers le pré-verbal, le tribal, le non scientifique.

Pourquoi Israël a choisi une autre voie

Ce rejet occidental s’explique aussi par une différence culturelle : dans les sociétés occidentales, l’émotion visible dérange.
Le corps est encadré, rationalisé, tandis qu’en Israël, pays traversé par la guerre, le deuil collectif et la résilience militaire, le corps est partie intégrante du processus de survie.

Les chercheurs israéliens ont donc réhabilité ce que la psychiatrie européenne avait rejeté : la réaction animale du tremblement, qu’ils ont objectivée par l’imagerie cérébrale. Grâce à l’EEG et à l’IRM fonctionnelle, ils ont montré que ces mouvements involontaires désactivent l’amygdale, la zone de la peur, plus rapidement que les thérapies verbales.

En résumé

L’Occident : voit dans cette méthode un retour à une forme de “rituel corporel” non mesurable.

Israël : y voit un acte de survie neurologique ; une science du corps avant la parole.

Ainsi, ce qui est qualifié de “primaire” par les uns devient, à Tel-Aviv, une innovation neurobiologique : non pas un abandon de la modernité, mais son dépassement.

 

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