
L'UER nouveau casque bleu de la chanson ! Eurovision 2024
L'analyse d'Alexandre Blondin
Les tensions du conflit entre Israël et Gaza susciteraient-elles des vocations au sein même de l'organisation du concours Eurovision de la chanson ?
La magistrale démonstration du boycott affligé à Israël par les jurys des 37 pays participants est révélatrice de la politisation avérée d'un concours qui se protège derrière le miroir de sa neutralité !
Une neutralité suggestive au regard des négociations politiques et diplomatiques indispensables au bon déroulement de ce programme et à son financement.
D'importants intérêts commerciaux sont en jeu et l'enjeu du plus grand show mondial de variété télévisé est de conserver un devoir d'équité et de respectabilité du public.
Ce qui est le plus marquant c'est que malgré une performance artistique scénique et vocale saluée par l'ensemble du public, aucun jury national n'a osé afficher un 12 points à la chanteuse israélienne
Eden Golan, sans doute par consigne donnée ou par peur d'être hué et siffler devant une audience de près de 200 millions de téléspectateurs et internautes,
Quel choix didactique de ne plus pouvoir exprimer sa propre liberté d'opinion désormais oppressée et manipulée par une pensée politique bien pensante !
Le rayonnement médiatique international que le concours souhaite véhiculer à travers une image d'intégrité supposée ne serait-il qu'illusoire?
Les jeux sont faits, rien ne va plus !
La Suisse a gagné, c'était joué d'avance au vu des tensions géopolitiques, une issue de secours pour l'UER mis à mal par certaines de ses décisions.
Avec le choix de faire triompher un artiste non binaire (pour marquer la différence?) représentant un pays neutre, à l'opposé de tous les clivages, l'UER a stratégiquement éloigné l'ouragan des contestations qu'aurait pu provoquer la victoire d'Israël.
Depuis toujours, les votes du jury, reposant sur les goûts personnels de chaque juré peuvent être suspect de partialité, comme n'importe quel classement fondé sur des données subjectives.
Les suspicions demeurent, les arrangements entre pays voisins, l'influence des médias, des réseaux sociaux et des bookmakers, le favoritisme et la compromission éveillent des doutes sur l'objectivité et l'impartialité des résultats.
Mais me direz-vous le public est également appelé à voter, ce qui parfois effectivement bouleverse un classement qui pourrait «être arrangé». L'honneur est sauf, peut-être!
Car là aussi le télévoting reste une option difficile à contrôler en toute impartialité.
L'indécence n'a pas de frontières
L'Eurovision devient la vitrine de tous les possibles
On a assisté à un grand show de l'indécence et de la décadence à entrer dans les annales de l'histoire de ce concours qui prône depuis sa création en 1956 avoir comme objectif d'encourager la production de chansons originales de qualité dans le domaine populaire... des bases élémentaires qui ont contribué à la construction et à la notoriété de ce concours qui semblerait qu'on ait délaissé aujourd'hui.
Sans vouloir faire un procès de critique facile, l'analyse de ce qui nous a été présenté sur scène lors de cette 68ème édition en direct de Malmö en Suède est pour le moins surprenant !
Un individu finlandais sans pudeur ni talent vêtu d'un simple tee-shirt, qui présente sa nudité sur une scène internationale, la représentation provocante d'une cougar espagnole en mal de reconnaissance accompagnée par deux jeunes danseurs qui s'exhibent en tenues de cabaret cuissardes latex et fesses à l'air, des garçons britanniques aux attitudes lascives et suggestives, qui se caressent, s'embrassent pour se prouver qu'artistiquement ils existent, une barbie slovène emballée dans une combinaison intégrale transparente qui colle aux formes de sa féminité entourée par des danseurs également très dévêtus, des personnages diaboliques irlandais qui évoquent le satanisme et la perversion... le spectacle offert par certaines prestations si l'on peut appeler cela du spectacle est affligeant !
L'outrance, l'extravagance, l'exhibitionnisme et le mauvais goût, semblent désormais faire recette et dépeignent malheureusement les pertes de valeurs d'une société décadente.
Des actes clownesques, costumés ou déshabillés à la limite de l'indécence, qui dénaturent l'essence même du concours Eurovision de la chanson qui perd de sa respectabilité.
Il devrait peut-être même envisager à changer de nom car ce n'est plus un concours de chanson mais plutôt un show de performers scéniques où la provocation et la représentation prennent le pas sur la qualité musicale ,vocale et artistique.
Certes on peut souligner la beauté de l'espace scénique et les moyens de haute technicité déployés, que ce soit en matière des sons, des éclairages spectaculaires, des images de synthèse en 3 D et des effets spéciaux innovants.
Sans cette lourde artillerie de premier ordre, que resterait- il du talent ?
À quelques exceptions près, où sont les textes et où sont les voix ? La raison les appelle mais elles ne l'entendent pas... C'est sur ce point précis que réside l'avenir d'un concours de chanson digne de ce nom.
Un retour aux sources
En janvier 1955, la commission des programmes de l'UER, réunie à Monte-Carlo, approuvait l'étude de deux nouveaux projets concoctés par son bureau: un concours européen de la chanson et une coupe eurovision d'artistes amateurs de divertissement (Top Town Programme).
Ce dernier projet moins convaincant que le premier, devait sombrer en cours de route... 69 ans plus tard, nous y sommes, la mascarade de la vulgarité commence désormais à chanter...
Il faut également rétablir une certaine vérité sur l'évolution populaire de ce concours.
Chiffres en main, en consultant les archives et contrairement aux idées reçues, l'Eurovision n'a pas gagné en matière d'audience et de popularité.
C'est en 1964 que le concours commence à générer un intérêt international avec le succès de «No ho l'éta».
L'édition de 1965 avec une audience estimée de 150 millions de téléspectateurs, un record pour l'époque et le succès de «Poupée de cire, poupée de son» de France Gall qui s'exportera jusqu'au Japon, va amplifier et contribue à asseoir la notoriété de l'Eurovision qui devient un programme de plus en plus suivi.«Puppet on a string en 1967, «La, la, la» en 1968 «Un banc, un arbre, une rue» en 1971, «Après toi» en 1972 sont d'immenses succès commerciaux qui font exploser l'audience du concours.
1973, le concours est à son apogée selon les observateurs.
L'entrée d'Israël, premier pays non européen dans la compétition créée l'événement et ouvre la porte sur le Moyen-Orient, l'émission rassemble devant le petit écran quelque 450 millions de téléspectateurs (ndr.statistiques presse de l'époque).
Les années suivantes avec la victoire mémorable du groupe ABBA en 1974 qui va connaître une carrière mondiale sans précédent.
Les inoubliables «Ding-a-dong» en 1975 «Save your kisses for me» en 1976 l'inoubliable «L'oiseau et l'enfant» considérée comme l'une des plus belles chansons de l'histoire du concours vont participer à l'explosion médiatique et à la reconnaissance mondiale de l'Eurovision.
1979, en direct de Jérusalem c'est 700 de millions de téléspectateurs (ndr. statistiques presse de l'époque) qui découvrent «Alléluia» la chanson lauréate présentée par Israël et salué comme un véritable hymne à la paix universelle.
Ce retour en arrière pour simplement expliquer que malgré l'explosion d'internet, la présence des réseaux sociaux, des sites spécialisés, des médias et des télévisions câblées sur le web, l'évolution des nouvelles technologies de diffusion, de publication et de création digitale n'arrive pas à égaler les audiences télévisuelles des années glorieuses de l'Eurovision.
Avec 200 millions de téléspectateurs et internautes l'Eurovision est aujourd'hui certes le plus grand show mondial de variété télévisé mais n'exerce plus le pouvoir de séduction qu'il a pu connaître par le passé !
Certains titres sont devenus des standards internationaux qui ont traversé les générations. Dans un demi-siècle se souviendra-t-on encore des gagnants des 30 dernières années ?
Quels artistes comme Gigliola Cinquetti, France Gall, Sandie Shaw,Vicky Léandros, Abba, Céline Dion, resteront dans la postérité ?
La contribution des amateurs de l'Eurovision
C'est au début des années 80 que des responsables de l'UER prennent conscience que des fans et amateurs de l'Eurovision, constituaient un peu partout en Europe des groupements et des associations très actives, qui par leurs actions publiques contribuaient à la promotion du concours.
En 1984, la création en Finlande de l'organisation générale des amateurs d'Eurovision (OGAE) a été pionnière et s'est ensuite structuré en réseau international regroupant des fan clubs nationaux sur le continent européen et même au-delà.
C'est actuellement la plus importante organisation de fans de l'Eurovision.
La médiatisation digitale de l'Eurovision commence à se développer avec l'arrivée d'internet en Europe et l'accès au grand public dans les années 90 puis avec le moteur de recherche Google en 1999 qui va changer la donne.
De nombreux sites vont commencer à être créés, les images, documents, témoignages et vidéos circulent sur la toile et notre mémoire collective s'intègre dans un flot de souvenirs émotionnels.
Alexandre Blondin journaliste
Contre la désinformation
ALLIANCE 1er magazine juif sur le net a été créé en janvier 1997 sur une idée originale de Claudine Douillet, fondatrice et directrice de publication.
Professionnelle de la communication digitale, elle sait choisir ses collaborateurs et elle s'entoure de différents experts.
L'Eurovision fait partie des domaines d'expertise du journaliste Alexandre Blondin qui suit le concours depuis 1973 !
Adolescent il se lie d'amitié avec une responsable du service Eurovision de l'UER, où en voisin il se rend régulièrement à la recherche d'informations.
Il a participé à plusieurs éditions du concours en qualité d'invité et observateur, la première fois en 1976 à La Haye aux Pays-Bas. À ses débuts dans le journalisme, il à consacré de nombreux articles de presse à cet événement et interviewé quelques artistes et lauréats du concours.
Une personnalité du monde de la télévision lui a légué d'innombrables archives qu'il a précieusement conservées depuis.
En 2003, il a géré les relations médias à Paris de l'artiste Anne-Marie David (lauréate pour le Luxembourg en 1973 et classée 3ème pour la France en 1979) pour son retour à la scène.
Alexandre Blondin a rejoint ALLIANCE magazine en 2019, l'année du concours à Tel Aviv en Israël qu'il a couvert en direct pour différents médias et depuis il écrit avec plaisir et passion au service de l'information.
Sources : archives et documents officiels de l'UER et du département investigation des salles de presse européennes qui comptabilisent plus de 10000 documents et articles de presse sélectionnés et conservés pour la précision et l'authentification de leurs informations.
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