
Le seul assemblement des mots « Hitler » et « défense » peut irriter le sens commun, la morale d'un tout un chacun. Hitler représentant le mal absolu sa cause est indéfendable.
Cependant, m'étant abreuvée de lecture de grands avocats comme Maître Marc Bonnant qui acclame haut et fort qu'il n'y a pas de causes indéfendables - tout homme mérite d'être défendu quel que soient ses crimes, affirme-t-il, je m'étais donc fait à cette idée que le pire homme pouvait donc être défendu, alors Hitler devait être jugé.
D'ailleurs maître Verges n'a-t-il pas défendu des causes perdues, comme Klaus Barbie ?
Défendre un tel homme ne veut pas dire adhérer ni souscrire à son idéologie, c'est avant tout ne pas l'exclure du genre humain afin qu'il soit jugé.
Le défendre c'est donc le juger c'est donner le droit à ses victimes de comprendre que cet homme, somme toute, commun, ordinaire a pu ,non pas par un coup de folie, transitoire, tuer mais organiser le crime à grande échelle.
Pour avoir commencé à lire le mémoire de Maître Delcoigne, je me rends compte comme il est difficile de passer du concepte à la réalité.
Accepter l'idée qu'il soit jugé est une chose, lire sa défense est insoutenable.
Paradoxal , certes.
Mais lire que la syphilis est, certainement, la cause de sa démence c'est d'une part avoir la volonté de démontrer qu'il était dément, car seule la démence selon Maître Delcoigne pourrait expliquer la Shoah.
Je ne suis pas avocate, mais intuitivement je dirais que l'on ne peut en aucun cas prétendre à une maladie mentale devant de tels faits et sur une telle durée.
Tout au plus celle-ci permet un mauvais discernement, très vite réajusté par ses proches, par ses sulbaternes, en d'autres termes il serait éphémère, ce qu'on appelle trivialement un coup de folie..
Il faut bien plus qu'une syphilis pour mettre à genoux le monde, cette maladie selon moi, n'avait qu'un seul nom, sa volonté.
C'est cette volonté qui a détruit le monde. Je comprends bien qu'il faille proposer des arguments accessibles au discernement humain mais, apposer la maladie mentale à un acte incompréhensible est la défense la plus commune, pour ne pas dire la plus simpliste.
Là, nous sommes face à un homme qui a pensé, décidé et fait agir afin d'éradiquer de la terre toute sorte de groupes humains qui ne correspondent pas la race aryenne, alors que comble d' l'ironie, ou peut-être est la source de cette volonté, si avait lui même était soumis à ces tests , il aurait, encore, échoué lamentablement.
Hitler n'a jamais eu les moyens de ses ambitions intérieures.
Il n'est pas jugé pour l'avoir pensé, ou écrit ,il est jugé pour avoir l'avoir fait.
Il est jugé parce que sa pensée,en admettant même qu'elle soit même altérée par la maladie, il l'a écrite et de ces paroles il est passé aux actes, il a poussé d'autres hommes à créer son projet.
Folie collective ? Certainement pas. Il a fait de son combat, leur combat.
La question qui s'impose, ici même, est de comprendre comment tant d'hommes et de femmes ont adhéré à cette idéologie ? Il est vrai que l'adhésion a été graduelle, comme les actes.
Hitler n'avait il pas dans un premier temps, en 1933, poussé les Juifs à quitter l'Allemagne pour la Palestine l'accord Havarra l'accord de transfert?
Ce peuple était il un peuple barbare, ignorant, inculte, insensible ?
Le peuple germanique est un peuple civilisé, très cultivé. On ne peut donc pas mettre en doute, leur humanisme.
Alors comment ont ils , autant tué, assassiné, d'autres homme, femmes et enfants ?
La raison est simple, évidente, criante, pour eux, c'est nous peuples minoritaires qui n'étions pas humains. il était donc d'autant plus simple de nous éliminer.
Hitler a réussi une chose étrange, presque fascinante, il a réussit à intégrer à la grande majorité de son peuple que ce qui est étranger représente un danger pour leur espèce.
C'est étrange comme raisonnement, j'ai tenté de m'identifier, vivant en Israël dans un pays en guerre depuis près de 75 ans, entouré de pays ennemis, un peu moins depuis quelques mois seulement.
Israël donc, pays menacé de toute part et par ses plus proches voisins, les Palestiniens, comment ne sommes nous pas arrivé à voir autre chose qu'un enfant dans un enfant même de notre pire ennemi ?
D'ailleurs "le génocide palestinien" terme usité par les médias de propagande pro-palestinienne est le seul génocide où la population incriminée et donc exterminée a quintuplé en quelques décennies. Soit les Israéliens ne sont vraiment pas doués soit la vérité est ailleurs...
Mais revenons à Hitler.
Hitler n'était pas fou, ou en tout cas pas plus qu'un autre homme, il n'était pas non plus un génie, mais il avait une volonté folle qui le nourrissait, qui le hantait.
Par son pouvoir de parole, sa force rhétorique, il a obtenu l'adhésion d'autres hommes, tout aussi ordinaires que lui.
Ce qui a fait de lui cet homme sans passé, sans avenir, mais avec une volonté inouïe de mettre à exécution un concept : son combat, Mein Kampf.
Il n'a pas été le premier à mettre à exécution un génocide (cf.Arméniens) mais, il est sans aucun doute, l'unique à l'avoir conçu de façon industrielle, mécanique, oserait-on presque dire, propre.
Connaître la source obscure qui a fomenté ce génocide industrielle qui a hanté l'esprit d'Hitler comme celui de ses victimes, encore des générations plus tard est une façon de dissoudre la fascination qu'exerce la question récurrente : "mais comment un homme ordinaire a pu obtenir un tel résultat, en passant du concept à la parole et de la parole aux actes ?"
C'est ainsi que me vint l'idée de faire le procès d'Hitler post-mortem non pas pour le défendre mais pour le juger car sans défense pas de procès.
J'ai ainsi pris contact avec Maître Bonnant et lui ai suscité l'idée de défendre l'indéfendable, oui pour permettre le procès d'Hitler.
Extraire Hitler du tabou, de l'inhumain, de l'inconcevable, le rendre humain dans le sens stricte du terme afin qu'il soit jugé.
Je voulais que quelqu'un prenne le temps de rentrer dans la psyché de cet homme, pas pour absoudre ses crimes, mais pour faire face à la phrase de Elisabeth Kubler-Ross. "en tout homme sommeille un Hitler ".
La réponse de maître Bonnant m'a réconfortée sur le fait que l'idée n'était pas saugrenue, et que selon ses propres termes :" la tentation est grave mais je n'y céderai pas ".
Je ne l'ai donc plus importuné.
Et j'ai décidé de me tourner vers d'autres sources , il n'était pas imaginable qu'aucun avocat pénaliste n'eut l'idée de faire le procès d'Hitler. Ce procès devait avoir lieu.
Il n'était pas possible d'accepter sa mort, comme la fin d'un cycle effroyable dont il fût à l'origine.
Il fallait l'exhumer, lui faire dire l'indicible, pourquoi il a fait, qu'il exprime sa pensée, la rendre la plus intelligible possible, le rendre accessible, pour mettre un terme au tabou qu'il représente et enfin, nous, l'enterrer à jamais, sans sépulture.
Son procès serait aussi, in fine, celui des négationnistes, ses héritiers. Ceux qui pourtant nient son triomphe macabre.
Si ils savaient, à quel point ils le déshonore en réfutant, les chambres à gaz, les fours crématoires, la Shoah , l'oeuvre de sa vie...Quelle ironie.
Après le refus élégant de Maître Marc Bonnant j'ai fait mes recherches sur le net, et je suis tombée sur cet article et ce fameux mémoire de Romain Delcoigne_57721300_2015 (1):
Maintenant entré au cabinet de Sven Mary, Romain Delcoigne, encore étudiant en droit, s’était fait l’avocat du diable.
Et si Hitler ne s’était pas suicidé dans son bunker ? Et si Hitler avait été jugé à Nuremberg ? Et si, pure fiction, il était jugé demain à La Haye par la Cour pénale internationale (CPI) ? "Aurais-je accepté de le défendre ? Comment l’aurais-je défendu ? "
Quand il se lance dans son mémoire de fin d’études, Romain Delcoigne a conscience de faire dans l’inédit. Sa recherche est une première. Personne à sa connaissance n’a osé avant lui.
À 22 ans, Delcoigne achève un master de droit à l’UCL. Évidemment, il n’a aucune sympathie pour le nazisme ni pour Hitler. Son travail est théorique : si chacun a, comme on le dit, le droit d’être défendu, est-ce aussi le cas d’Adolf Hitler ?
Et Romain Delcoigne répond : "Oui, dans la mesure où à mes yeux, l’avocat du diable n’est pas le diable et où défendre le diable est porteur d’humanité."
Après s’être considérablement renseigné sur le nazisme et le IIIème Reich, la Shoah, les atrocités, l’abominable, le jeune juriste trouve les premiers grands axes d’une possible défense dans les faiblesses du droit pénal international de l’immédiate après-guerre. "Nuremberg a dû improviser, créer des concepts, des procédures, des incriminations comme celle de crime contre l’humanité qui n’existaient pas, puis faire entrer les faits dans les cases ainsi créées.
De la sorte, Nuremberg a tordu le droit et fait primer la morale. Au procès de Nuremberg, il en a résulté des failles. Je pense à des violations de principes comme ceux de légalité et de non-rétroactivité, à des problèmes majeurs dans la composition du tribunal, et à quantité d’autres. Or, des failles, c’est exactement ce que le pénaliste cherche ".
Plusieurs chapitres sont édifiants. Pour l’étudiant, la meilleure preuve de la présence d’écueils de procédure à Nuremberg, c’est l’actuelle cour pénale internationale à La Haye. "Celle-ci a tout simplement gommé la plupart des failles dans lesquelles les avocats de Hitler auraient pu s’engouffrer en 1945 et 1946" .
Le jeune juriste base d’autres lignes de défense sur des constats historiques : le nazisme n’est pas sorti de nulle part et l’État allemand a des responsabilités distinctes de celles de Hitler.
Romain Delcoigne se penche aussi sur l’état médical de son client fictif dont il tient pour établi qu’il était atteint du Parkinson et de la forme tertiaire de la syphilis, la neurosyphilis . "J’aurais plaidé les conséquences psychiatriques."
Absurde ? "L’industriel Gustav Krupp a ainsi échappé à la condamnation, les juges de Nuremberg ayant reconnu qu’il souffrait d’un ramollissement sénile du cerveau le rendant incapable de comprendre son procès".
Ensuite, Delcoigne relève que les évolutions du droit pénal international, avec la création de la CPI en 2002, ont réduit la marge de manœuvre. "Mais je maintiens que si j’avais dû défendre Hitler à Nuremberg - je parle bien de l’homme et pas les idées - il y avait de quoi plaider. Mais cela ne l’aurait pas empêché d’être quand même pendu".
Et en 2017 ? "Ce ne serait plus Hitler mais prenons le cas des grands chefs de Daech : des failles subsistent et pas minces. Ainsi, les horreurs pour lesquelles ils seraient jugés ont eu lieu dans des pays comme la Syrie et l’Irak dont aucun n’a ratifié la CPI. Quant à traduire Bachar al-Assad, l’URSS aurait beau jeu d’exercer son droit de veto et ainsi tout bloquer".
Hitler face à la justice ou essai de plaidoyer de la défense avait pour promoteur l’avocat général Pierre Rans (ayant notamment siégé dans les deux procès du vitrioleur de Patricia) : Romain Delcoigne a obtenu une cote exceptionnelle. Maintenant devenu jeune avocat, Delcoigne a rejoint le cabinet de Sven Mary.
"Mettre en évidence ce qui n’a pas fonctionné et ne fonctionne toujours pas, c’est faire progresser le droit international dans le but d’empêcher que la morale doive à nouveau remplacer le droit. C’est, in fine , empêcher les dictateurs du futur".
Source : Lalibre.be
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