Comprendre la suite de la Shoah

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Comprendre la suite de la Shoah

Comprendre la suite de la Shoah

« Configuration », troisième tome de Une histoire de l’art d’après Auschwitz Par Paul Bernard-Nouraud, , L'Atelier Contemporain, Strasbourg, 2025, 744 p., 30 €

A la question « en quoi Auschwitz a-t-il rompu les modalités traditionnelles de représentation de la figure humaine héritées de la Renaissance ? » s’ajoute pourquoi et comment.

Ce troisième tome mesure que cette rupture s’est logée dans le discours moderniste au point, désormais, d’y passer en partie inaperçue. Cela pose problème :  l’art contemporain est-il un art qui se situe simplement après Auschwitz ou bien est-il, de manière plus complexe, un art d’après l’événement ?

 

Un certain nombre d’artistes contemporains ont contribué à configurer la mémoire de l’événement sur le long terme. Si les figures d’après l’événement, y compris les plus éloignées de lui, ressemblent encore à celles d’avant, elles sont cependant devenues en grande partie méconnaissables des visages décontenancés, corps oblitérés, paysages alentour disloqués.

Reconnaissables bien qu’elles ne soient plus discernables, ces figures mémorielles cohabitent dans l’imaginaire contemporain avec d’autres figures, oublieuses celles-ci, en ce qu’elles miment les corps d’avant mais surtout sont marquées et hantée par l’événement de l’horreur de la Shoah. Ces représentations passent malgré cela pour des figures habituelles tant un , habitus visuel s’est constitué dans l’ombre portée de l’événement et à partir de lui.

Cet ouvrage illustre dans ses  « configurations » une part de mémoire qui parfois se chargent d’autres mémoires. Celles-ci compliquent d’une part l’oubli. Cela est resté longtemps demeuré largement inaperçu. Aujourd’hui, le regard évolue au sein de figures aux formes quasi-spectrales.

Il devrait pourtant susciter, en retour, un étonnement majeur et c’est tout le sens de cette « Histoire de l’art d’après Auschwitz ». A savoir chercher à comprendre les causes et les conséquences de cette habituation et de l’omission qui l’accompagne. Ce dernier tome inscrit l’évolution historique qu’on y a retracée jusque-là dans une perspective théorique qui sollicite, des pensées aussi différentes que celles de Theodor Adorno, d’Emmanuel Levinas, etc..

Jean-Paul Gavard-Perret

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