Comment les fake news ont forgé l’Histoire : de Ramses II à Kennedy

Actualités, Alyah Story, Antisémitisme/Racisme, Contre la désinformation, International, Israël - le - par .
Transférer à un amiImprimerCommenterAgrandir le texteRéduire le texte
FacebookTwitterGoogle+LinkedInPinterest
Comment les fake news ont forgé l’Histoire : de Ramses II à Kennedy

Les mensonges qui ont changé le monde : chronique d'une vérité sacrifiée sur l'autel du pouvoir

Les fake news ne sont pas nées avec Facebook. Longtemps avant les algorithmes et les bulles informationnelles, les grands de ce monde maniaient la désinformation comme une arme de domination.
Dans son nouvel ouvrage, La Mort de la Vérité – L'Histoire des Fake News : L'Histoire Complète, Moshe Perl retrace dix manipulations historiques majeures, qui, chacune à leur façon, ont redessiné les contours du monde. Le livre démontre avec acuité comment, dès l'Antiquité, les récits truqués ont servi les puissants à renforcer leur emprise, et comment aujourd'hui, cette même stratégie a rendu poreuse la frontière entre fiction et réalité.

Ramsès II : le premier grand stratège du mensonge politique

Trois millénaires avant Trump ou Poutine, Ramsès II, pharaon d'Égypte, régnait par la rumeur. Ce maître du storytelling antique fit graver sur les murs de temples et monuments des exploits militaires inventés.
Tous les deux ou trois mois, il organisait des festivités populaires, où prêtaires et scribes exaltaient des triomphes fictifs. Le peuple, fasciné par cette mise en scène régulière, se forgeait l'image d'un souverain invincible. Ramsès II gouverna sans partage pendant plus de 60 ans, s'imposant comme le pionnier de la désinformation d'État.

Vespasien : la monnaie comme vecteur de propagande

En 70 après J.-C., l'empereur romain Vespasien, confronté à une instabilité politique, trouve dans la révolte juive une opportunité. Il envoie son fils Titus réprimer l'insurrection, détruit le Temple de Jérusalem, puis frappe une monnaie arborant son effigie et l'inscription fallacieuse : "Judée conquise". En quelques mois, il transforme un conflit mineur en épopée glorieuse, se forgeant une image de grand stratège et consolidant son pouvoir grâce à ce stratagème médiatique avant l'heure.

Bar Kochba : de messie déchu à héros national relooké

Soixante-deux ans plus tard, Bar Kochba prend la tête d'une révolte contre Rome. Son armée d'extrémistes, qu'il recrute en exigeant d'eux de se mutiler un doigt, est anéantie. Son nom devient synonyme d'imposture messianique. Mais en 1898, Max Nordau, leader sioniste, exhume son souvenir pour galvaniser la jeunesse juive. Des clubs "Bar Kochba" fleurissent, des livres et des chansons en font un modèle de bravoure. L'échec devient mythe, le perdant un héros. La propagande peut aussi être rédemption.

Le changement de nom en “Palestine” par les Romains (après Bar Kochba)

Le changement du nom de Judée en ‘Palestine’ par les Romains était une tentative consciente d’effacer toute mémoire juive du territoire, un acte symbolique de déshéritage qui porte encore aujourd’hui des conséquences géopolitiques.

Le Marteau des sorcières : 200 ans de cauchemar collectif

Heinrich Kramer, prêtre autrichien, publie en 1487 un manuel ignoble, Le Marteau des sorcières. On y apprend que les femmes, pour voler, font bouillir des enfants en pâte.
Ce livre devient un succès éditorial planétaire et provoque une hystérie collective.
Des dizaines de milliers de femmes sont torturées, poignardées pour "prouver" qu'elles ne ressentent pas la douleur, puis brûlées vives.
La psychose dure deux siècles. Un mensonge imprimé peut tuer longtemps.

Marie-Antoinette : l’infamie fabriquée

Pas besoin de coup d'État quand une campagne de diffamation suffit.
Au XVIIIe siècle, les révolutionnaires français noircissent Marie-Antoinette de pamphlets ignobles : incestueuse, infidèle, orgiaque, voleuse.
La fameuse réplique "S'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche" est inventée pour incarner son dédain. La haine monte. Le 16 octobre 1793, la reine est décapitée sous les cris d'une foule ivre de vengeance, devant une lame de guillotine peinte en noir pour ne pas aveugler les spectateurs.

Les Protocoles des Sages de Sion : le poison mondial

Tout commence en 1868 avec le roman Biarritz, qui raconte une réunion secrète des chefs juifs autour de la tombe du Maharal de Prague. Ce délire littéraire inspire les services secrets du tsar, qui publient en 1903 Les Protocoles des Sages de Sion, un faux "compte rendu" de ces projets juifs de domination du monde. Hitler s’en inspire dans Mein Kampf, le monde arabe en fait un bréviaire, l’Iran s’en sert pour justifier l’éradication d’Israël. Même en Amérique du Sud, des versions modernes circulent. Le mensonge le plus persistant du XXe siècle.

Popeye : quand la virgule fausse la réalité

En 1870, le scientifique allemand Eric Wolf commet une erreur de notation : au lieu de 3,5 mg de fer dans les épinards, il inscrit 35 mg. L’érreur se propage.
Dans les années 1930, Popeye est créé sur cette base : il tire sa force des épinards.
Résultat : la consommation du légume grimpe de 30 %, des générations d’enfants s’y soumettent. La "mésinformation" devient mythe mondial.
Un simple dérapage de virgule qui a changé l’assiette des enfants du monde entier.

La société de Thulé : les sorciers de l’Aryanisme

Après la Première Guerre mondiale, la société secrète de Thulé invente une origine mystique à la race aryenne. Les Allemands seraient issus d’un continent englouti.
Leur sang aurait été "souillé" par les Juifs. Il faut donc "purifier".
Cette théorie n’intéresse personne, jusqu’à ce que ses membres croisent Adolf Hitler, inconnu mais orateur né.
Ils le choisissent comme héraut. Le monde va en payer le prix.
Cette rencontre improbable entre un récit pseudo-mystique et un homme avide de grandeur marque l'une des plus dangereuses fusions entre fiction et destin politique.

Un cadavre pour vaincre le Troisième Reich

En 1943, les services secrets britanniques imaginent une opération délirante : jeter en mer un corps avec de faux documents prétendant que les Alliés vont débarquer en Grèce.
Les Allemands, à qui les Espagnols transmettent le corps, y croient.
Ils déplacent leurs troupes. L’invasion de la Sicile réussit, et l’Europe commence à être libérée. Le mensonge a sauvé la vérité.
Parmi les cerveaux de cette opération, Ian Fleming, futur auteur de James Bond, incarne cette génération d’agents britanniques qui, dans l’ombre, ont forgé des victoires par la fiction.

Kennedy : un mythe soviétique à usage américain

Quatre jours après l’assassinat de JFK en 1963, Moscou lance une opération de déstabilisation : accuser la CIA. Cette rumeur devient obsession nationale, jusqu’à s’incarner en 1991 dans le film JFK d’Oliver Stone. Des millions d’Américains croient encore que leur propre gouvernement a tué son président.
C'était exactement le but de la stratégie soviétique : fracturer l’Amérique de l’intérieur. Une recette aujourd’hui imitée dans le monde entier.

Moshe Perl signe un livre essentiel sur l’éternel combat entre mensonge et vérité. Un combat dont l’issue, désormais, dépend plus que jamais de notre lucide vigilance.

Vos réactions

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A voir aussi