JERUSALEM , le 11/01/08- Le président américain George W. Bush est arrivé vendredi en hélicoptère à Capharnaüm, en Galilée, dans le nord d'Israël, la dernière étape de sa visite de trois jours en Israël et en Cisjordanie. M. Bush devait y visiter en privé l'église des Béatitudes, sur les hauteurs dominant le Lac de Tibériade, où le Christ aurait prononcé le Sermon sur la montagne.
Il doit ensuite gagner l'aéroport Ben Gourion, près de Tel Aviv, où à l'issue d'une brève cérémonie de départ, le chef de la Maison Blanche s'envolera pour le Koweit, dans le cadre de sa tournée au Proche-Orient, la première de sa présidence qui s'achève en janvier 2009.
Le président américain quitte Jérusalem en laissant aux Israéliens et aux Palestiniens les principes d'un accord de paix et la perspective d'un retour, mais aucune formule clé en main pour résoudre en quelques mois soixante ans de conflit.
Ce que M. Bush laissait aussi à l'issue d'un séjour historique de trois jours, c'était l'image d'un président décidément impliqué dans une affaire qu'il a souvent été accusé d'avoir négligée jusqu'à la dernière de ses huit années de présidence. Et ses collaborateurs avaient prévenu de ne pas attendre de son premier séjour de président en Israël et dans les territoires palestiniens une avancée spectaculaire sur la voie de la paix.
M. Bush était arrivé pour "encourager" le Premier ministre israélien Ehud Olmert et le président palestinien Mahmoud Abbas à tenir l'engagement pris en novembre sous ses auspices de rechercher un accord de paix avant fin 2008, et donc la fin de la présidence Bush en janvier 2009.
Peu avant son arrivée mercredi, MM. Abbas et Olmert se sont entendus pour lancer des négociations directes sur les questions essentielles au coeur d'un éventuel règlement, comme la souveraineté sur Jérusalem, le tracé des frontières ou le retour des réfugiés. Ce n'était pas le seul résultat de sa venue. M. Bush a annoncé la nomination du général William Fraser pour contrôler le respect par les Israéliens et les Palestiniens d'engagements antérieurs.
Pour quelqu'un qui disait ne pas avoir l'intention de mettre les mains dans le moteur de la négociation à la manière de son prédécesseur Bill Clinton, il a tracé les grandes lignes d'un accord de paix.
Il a semblé se réconcilier à sa façon avec la tradition américaine des faiseurs de paix au Proche-Orient, délivrant les exhortations et les assurances aux Palestiniens, mais aussi aux grands alliés israéliens, dont il a souvent été accusé de servir aveuglément la cause. Les Etats-Unis continueront à assurer la sécurité d'Israël, la "patrie du peuple juif", a-t-il dit. Mais Israël doit aussi mettre fin à l'occupation des territoires palestiniens, a-t-il ajouté dans son appel peut-être le plus vigoureux de sa présidence en ce sens. Et Israël doit démanteler les colonies sauvages.
Les Palestiniens, de leur côté, doivent faire cesser les attaques contre Israël, a déclaré M. Bush. Mais la création d'un Etat palestinien "n'a que trop tardé", a-t-il dit. Un accord est "possible, non seulement possible, je crois que cela se produira, je crois qu'un traité de paix sera signé avant que je ne quitte mon poste".
Le conseiller de M. Bush à la sécurité nationale, Stephen Hadley, a concédé qu'une grande partie de ce langage était déjà employé par l'administration.
Mais il a relevé que M. Bush osait à présent parler de Palestine, et non plus d'Etat palestinien. Il a fait valoir la proposition de M. Bush d'établir un mécanisme international d'indemnisation pour régler la querelle du retour des réfugiés palestiniens. Il a souligné qu'à partir d'Israël, M. Bush se rendait dans les pays du Golfe pour rallier l'important soutien arabe à la paix.
Et M. Bush devrait revenir au moins une fois dans la région cette année et Israël sera probablement sur son itinéraire, selon M. Hadley. La question est de savoir combien les litiges sur la sécurité et les colonies affecteront les négociations pour un accord de paix et si MM. Abbas et Olmert, affaiblis, pourront faire vis-à-vis de leurs opinions les "concessions politiques douloureuses" réclamées par M. Bush.
Ce dernier a admis que le statut de Jérusalem représenterait "l'un des défis les plus difficiles sur la route de la paix", sans proposer de solution. Il n'a pas dit comment il voyait M. Abbas mettre fin aux tirs de roquettes sur Israël à partir d'une Bande de Gaza qui échappe au contrôle de l'Autorité palestinienne.
"Gaza est une situation difficile. Je ne sais pas si nous pouvons la résoudre cette année", a dit M. Bush. "Je ne suis pas une personne à échéances", a-t-il ajouté avant de se raviser: "En fait j'ai une échéance, j'ai 12 mois", a-t-il plaisanté, exprimant peut-être le souci de son passage à la postérité.
Vos réactions