Une marée noire à Jérusalem : mobilisation d’ampleur chez les Haredim

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Israël au bord de la rupture : la conscription des ultra-orthodoxes embrase la presse nationale

Israël au bord de la rupture : la conscription des ultra-orthodoxes embrase la presse nationale

Une marée noire à Jérusalem : la contestation haredi s’intensifie

Ce matin du 31 octobre 2025, la presse israélienne parle d’une seule voix : celle d’un peuple fracturé. Des dizaines de milliers d’hommes vêtus de noir ont envahi les rues de Jérusalem pour protester contre l’obligation de servir dans Tsahal.

Le Yedioth Aharonoth titre : « Ils se sont mobilisés », évoquant près de deux cent mille manifestants massés sur le pont des Cordes.
Le Israel Hayom, lui, dénonce « un foyer de violence et d’intimidation », tandis que Haaretz analyse ce rassemblement comme « le symptôme d’une crise identitaire profonde ».

La Cour suprême hausse le ton

Cette explosion de colère intervient après une audience tendue à la Cour suprême, le 29 octobre. Les juges reprochent au gouvernement de ne pas faire appliquer la loi sur la conscription obligatoire des haredim.

Sur les 78 000 jeunes hommes ultra-orthodoxes convoqués depuis juin 2024, seuls 931 se sont effectivement enrôlés.

La juge Yaël Wilner a résumé l’exaspération de la Cour en déclarant : « L’argument selon lequel il n’y aurait pas assez de places dans l’armée n’est pas recevable. Il s’agit d’un prétexte inacceptable au regard de la situation actuelle. »

L’armée israélienne alerte : elle manque aujourd’hui de douze mille soldats de combat, alors que le pays est engagé dans une guerre ouverte depuis le 7 octobre 2023.

Un clivage devenu politique

Le gouvernement Netanyahou s’est engagé à recruter dix mille haredim supplémentaires d’ici deux ans. Une unité spéciale, la brigade hasmonéenne, a été créée pour concilier service militaire et pratique religieuse. Mais les résultats restent dérisoires.

Sur le terrain, la contestation se radicalise. Plusieurs jeunes ultra-orthodoxes ont été interpellés après avoir crié, à l’audience : « Plutôt mourir que de servir dans l’armée ! » Les forces de sécurité ont dû intervenir pour évacuer la salle.

La fracture est désormais ouverte entre Israël laïque et Israël religieux. Les haredim, qui représentent environ 13 % de la population, continuent de considérer l’étude de la Torah comme une forme supérieure de service national. Le reste de la société y voit une injustice intenable.

Les journaux s’affrontent sur le sens de la crise

Dans Yedioth Aharonoth, les éditorialistes appellent à « une responsabilité partagée » et à « un effort collectif » pour préserver l’unité nationale.

Israel Hayom, proche du gouvernement, met plutôt l’accent sur la provocation :
« Les forces de gauche exploitent la colère des haredim pour affaiblir la coalition », écrit le quotidien.

Haaretz, enfin, s’interroge sur « l’échec d’un modèle » : celui d’un État juif incapable de définir ce que signifie être à la fois religieux, citoyen et soldat.

Une fracture nationale en pleine guerre

Derrière la polémique sur la conscription se cache une question existentielle : comment Israël peut-il rester uni alors que sa survie dépend de l’engagement de tous ?

Les partisans de la réforme rappellent que Tsahal repose sur un principe d’égalité des devoirs. Les opposants rétorquent que forcer un étudiant en yeshiva à combattre revient à détruire le cœur spirituel du peuple juif.

La manifestation d’hier à Jérusalem, soutenue par des rabbins influents et des courants ultra-orthodoxes radicaux comme Peleg Yerouchalmi, n’était pas un simple cri de protestation : elle symbolise une rupture profonde entre deux visions d’Israël.

Les journaux israéliens du matin en miroir

Le Yedioth Aharonoth fait sa une sur la « peur d’un schisme social ».

Israel Hayom titre sur « l’ordre public menacé ».

Haaretz publie un éditorial intitulé « Un État juif sans cohésion ».

Chacun à sa manière traduit le désarroi d’un pays tiraillé entre sa mémoire, sa foi et son devoir.

La presse internationale

Europe (Espagne)

Le journal espagnol El País rapporte qu’environ « 200 000 juifs ultra-orthodoxes se sont mobilisés à Jérusalem contre le service militaire obligatoire ».  Le quotidien souligne que cette mobilisation s’inscrit dans un contexte où la communauté haredi représente 13 % de la population israélienne et pourrait monter à 32 % en 2065, ce qui alimente les débats sur l’équité du service militaire.  Il met également en avant la pression politique sur le gouvernement de Benjamin Netanyahou, dépendant des partis ultra-orthodoxes, et le risque d’effondrement de la coalition. 

Monde anglophone (États-Unis, Australie)

Le service de presse international Associated Press titre : « Tens of thousands of ultra-Orthodox Jews protest military draft in Jerusalem ».  Il y est rappelé que l’exemption haredi du service remonte à la fondation de l’État d’Israël, mais a été jugée illégale par la Cour suprême d’Israël.  Un adolescent est mort lors de la manifestation, ce qui pèse désormais sur l’image de l’événement. 

Le média australien ABC News évoque la paralysie d’accès à Jérusalem, les arrestations et la détérioration de l’ordre public comme partie du choc symbolique de cette manifestation. 

Scandinavie / Europe du Nord

Le portail suédois Omni note que le gouvernement israélien « vacille » : crise de gouvernance et menace de dissolution de la Knesset en raison de l’opposition ultra-orthodoxe à la réforme du service militaire.  Le ton est nettement politique : il n’est plus seulement question d’une communauté protestant, mais d’un gouvernement fragilisé.

Analyse comparative

À l’international :

  • L’accent est mis sur la justice sociale : l’idée qu’une communauté (haredi) bénéficie d’un privilège en temps de guerre suscite l’indignation.

  • Le risque politique pour Israël interpelle : l’instabilité de la coalition gouvernementale est pointée comme un signal de faiblesse.

  • Le symbole sociétal de la manifestation est perçu comme révélateur : un État en guerre, une minorité qui refuse encore une fois un devoir national, et une fracture interne qui attire

 

 

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