
Pinhas Servir la cause de D.ieu
Dans son commentaire "Une règle de vie", le rabbin Jean Schwaz z'l' relève les raisons qui ont poussées la Massoreth à faire débuter notre sidra au verset 10 du chapitre 25.
En effet, le début de cette sidra est lié intimement à la fin de la section précédente. Pourquoi alors, ce récit a-t-il été coupé en deux ? Ici se trouve rapportée la récompense que Pinhas a méritée pour son héroïsme.
Il était nécessaire de séparer cette partie de celle qui précède car un véritable héros n'agit jamais en vue de la décoration qu'il va recevoir.
De plus, de cette façon on a pu donner le nom de Pinhas à une sidra de la Torah, ce qui n'aurait pas été possible si l'on avait raccordé les deux parties du récit. Enfin la Torah a voulu nous faire comprendre que seul l'Eternel qui sonde les coeurs et connaît les véritables motivations d'un zélateur est à même de féliciter et de récompenser un tel homme. Un être humain ne peut jamais le faire. Cette leçon se trouvait ainsi mise en valeur et soulignée.
Selon la tradition juive, le geste de Pinhas provoqua malgrè tout la réprobation des Anciens. De quel droit un homme seul s'autorisait-il à "prendre la loi dans ses mains" à donner la mort ?
Que ce débat ait eu lieu souligne le statut d'exception de la violence dans la pensée juive. Dans la société d'aujourd'hui nous assistons souvent à des groupes d'auto-défense sans recours à la justice et à la police .Ce phénomène est inquiétant et risque de miner davantage notre société au prise à la délinquance, à la drogue, au crime organisé.
D.ieu va soutenir le geste de Pinhas, qu'il désigne et reconnaît comme fils d'Eléazar, fils d'Aaron le Cohen. C'est Pinhas qui a empêché la colère de D.ieu d'anéantir Israël.
Quel sera sa rétribution ? Ni une distinction supplémentaire, ni un doublement de la dîme, mais seulement ceci "Voici, je lui donne mon Alliance de paix , berith schalom".
Il est intéressant de noter que cette promesse a été tenue, sauf une courte interruption à l'époque d'Elie, le maître de Samuel. Les rabbins comparent le prophète Elie à Pinhas. Comme Pinhas il a su harmonier l'amour qu'il portait pour le peuple d'Israël avec son zèle farouche pour D.ieu. Si, d'un côté, il se fait le champion de D.ieu et fait massacrer les adorateurs de Baal, il est aussi celui qui symbolise la paix entre les hommes.
Le don précieux de cette alliance de paix avait pour but de défendre Pinhas contre des représailles de la part de la famille de Zimri. De par sa nature, cet acte n'avait eu d'autre but que de servir la cause de D.ieu, la bénédiction qui s'ensuivit, fut comme un gage d'apaisement et de pardon.
L'exemple de Pinhas montre avec éclat combien l'énergie et le courage d'un seul homme peuvent produire de bien dans les circonstances les plus graves. Un seul homme comme Zimri peut causer la perte de son peuple, et aussi un seul homme comme Pinhas, peut le sauver. A ces deux hommes nous pouvons appliquer le verset des Proverbes "Par la bénédiction des justes s'élève la cité, et par la bouche des méchants elle est détruite".
Quand nous remplissons courageusement notre devoir, quand nous risquons nos biens et notre vie pour combattre le mal partout où il se montre, nous éprouvons dans notre âme une divine satisfaction et c'est cette alliance de paix que D.ieu a accordée à Pinhas. Et quand on a la paix avec D.ieu, on peut défier le monde. On est fort dans la faiblesse, riche dans la pauvreté, heureux dans la misère.
Et cette céleste récompense descendit sur Pinhas non seulement parce qu'il avait réparé, effacé l'outrage fait à D.ieu, mais aussi parce qu'il avait réhabilité Israël.
Claude Layani
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