Durant quinze ans, des voix ont tenté d'alerter l'opinion sur la croissance de l'antisémitisme et l'ampleur de la crise dans laquelle s'enfonçait la France. Elles ne furent pas entendues ni relayées mais stigmatisées et, dans le meilleur des cas, exclues du débat public...

Au tout début du phénomène qu’on a défini comme le «nouvel antisémitisme», fin 2001, Shmuel Trigano a fondé, avec quelques intellectuels soucieux d’engagement civique, l’Observatoire du monde juif. Il fallait alerter l’opinion sur 500 actes antisémites commis dans le silence total de l’opinion, des pouvoirs publics et des institutions juives, alerte et analyse dont l’Observatoire fut le cadre à travers publications et colloques jusqu’en 2004. 

La crise s’approfondissant, l’Observatoire s’engagea dans des enquêtes plus approfondies de ce qui s’avérait être non une tribulation temporaire mais un trait marquant du nouveau XXe siècle. La revue Controverses (éditions de l’éclat) fut alors créée, qui publia 18 épais numéros dans lesquels les historiens du futur chercheront à comprendre ce que fut cette période.

Shmuel Trigano, en plus d’être le fondateur et l’animateur infatigable de cette veille permanente, en fut aussi le contributeur régulier. Les textes qu’il y publia ainsi que ses très nombreuses contributions à des newsletters, des sites, des journaux, des tribunes radiophoniques sont réunis dans ce fort volume. Leur intérêt, c’est que l’auteur y décline, au fur et à mesure des événements spécifiques des dernières quinze années, une analyse très charpentée et complexe du « nouvel antisémitisme ».

Les textes sont datés, mais l’ensemble est organisé de façon thématique et s’inscrit dans un développement argumentatif qui trace les lignes d’une véritable thèse sur le nouvel antisémitisme. Ce qui fut écrit il y a 15 ans reste toujours actuel. Hélas.

Choix de Claude Layani