Article paru dans Cinemapolis.info ,le 09/06/08
Neuf
ans que ça dure sans s’essouffler. Le festival du film israélien de
Marseille se déroulera du 18 au 24 juin au cinéma Les Variétés. Au
programme, des avant-premières, des rétrospectives, une expo photo et
des rencontres avec les réalisateurs…
Xavier Nataf est le directeur
de Judaïciné, association qui coordonne en France les différents
événements liés au cinéma israélien, dont le festival de Marseille.
Comment avez-vous pensé la sélection du 9e festival en cette année du soixantenaire de la création de l’Etat d’Israël ?
Il
va y avoir plusieurs conférences sur le thème "60 ans de cinéma", mais
pour notre festival cet anniversaire n’intervient que de façon
anecdotique. On va continuer à faire ce que nous faisons depuis
maintenant neuf ans : accompagner le développement d’un cinéma qui
s’impose de plus en plus. Pour la sélection de cette année, nous avons
cherché à présenter un maximum de films inédits tels que Noodle, Petits
Héros qui est sorti en France mais pas à Marseille, ou encore Esquimaux
en Galilée, qui est un film que j’aime particulièrement sur quinze
vieillards abandonnés dans un kibboutz.
La diffusion des films est accompagnée d’un certain nombre d’événements annexes…
Oui,
nous avons surtout voulu créer une ambiance. Plus qu’un festival, nous
avons voulu proposer une rencontre à travers débats, apéros, fêtes,
exposition de photos, présentations musicales, etc. Plusieurs
réalisateurs seront présents, tels que Ronit et Shlomi Elkabetz, ou
Shemi Zarhin. Faire s’aligner des films ne m’intéresse pas. On veut que
les gens discutent dans les couloirs, s’engueulent après les films et
partent plus riches qu’ils n’étaient arrivés.
Vous ne craignez pas que votre festival n’attire que la communauté juive ?
En
tout cas, nous, ce qui nous intéresse, c’est d’attirer tout le monde.
Même si c’est un festival soutenu par un certain nombre d’associations
juives, les cinémas d’art et d’essai de Marseille mettent aussi la main
à la patte : ils financent, hébergent le festival et font partie du
comité de sélection des films. Donc nous, on a voulu dès la première
édition nous adresser à tous les Marseillais, leur présenter la
cinématographie d’un pays et permettre à ceux qui viennent, de
connaître la société d’un pays, comme on le ferait pour le Japon,
l’Allemagne… A la louche, je dirais qu’il y a environ 80 % de notre
public qui n’est pas juif, et nous accueillons notamment beaucoup de
musulmans de Marseille. C’est d’ailleurs ce qui crée des débats
passionnants !
Comment expliquez-vous que le cinéma israélien intéresse autant depuis quelques années ?
Je
crois qu’il y a trois raisons objectives à cela. D’abord, la création
en 2000 d’une sorte de CNC local. Cela a permis un meilleur
financement, donc plus de films et plus de qualité. Et puis il y a eu
aussi l’émergence de toutes les écoles de cinéma d’où la plupart des
grands réalisateurs sortent. Enfin, il y a eu la renégociation des
accords de coproduction entre la France et Israël en 2001 qui ont
permis une plus large distribution en France. Sans compter que
parallèlement à tout ça, la culture israélienne en général s’est
beaucoup développée : des chorégraphes, des artistes, des écrivains. On
est à un moment où, clairement, la société israélienne est en train de
basculer ; elle devient plus ouverte, plus décomplexée.
Pour plus d‘informations : http://www.judaicine.fr
Vos réactions