
Un accord en cinq temps : la libération de 28 otages pour ouvrir la voie à un cessez-le-feu durable
Le Hamas s’apprête à répondre à la dernière offre israélienne, élaborée avec la médiation du Qatar et des États-Unis. L’enjeu : un accord inédit qui verrait la libération progressive de 28 otages, vivants et morts, sur une période de 60 jours.
C’est une semaine décisive. D’ici vendredi soir, le Hamas devrait rendre sa décision sur la dernière proposition formulée dans les coulisses de Doha, sous l’égide du Qatar et des États-Unis.
L’accord, déjà validé par Israël, pourrait marquer un tournant majeur dans le conflit : 28 otages seraient libérés en cinq étapes, contre un cessez-le-feu temporaire de deux mois. L’objectif, dans les cercles proches de l’administration Trump, est limpide : pouvoir afficher des « progrès significatifs » lors de la visite de Benjamin Netanyahou à Washington la semaine prochaine.
Une trêve de 60 jours, dix otages vivants, dix-huit corps rendus
La proposition actuelle diffère sensiblement de celle mise sur la table il y a deux mois.
À l’époque, les États-Unis réclamaient la libération de tous les otages au septième jour du cessez-le-feu. Cette fois, la logique est celle d’un processus étalé et calibré : huit otages vivants seraient libérés dès le premier jour, suivis de deux autres au cinquantième jour. Parallèlement, dix-huit otages décédés seraient remis en trois étapes, sans que la chronologie exacte ne soit encore rendue publique.
Israël s’engage à poursuivre les négociations au-delà des 60 jours, même si aucun accord de fin de guerre n’est trouvé d’ici là. Et pour garantir cet engagement, Donald Trump lui-même entrerait en scène.
Le président américain prévoit de s’impliquer personnellement comme garant, en formulant publiquement sa promesse. Une initiative audacieuse qui vise à convaincre les dirigeants du Hamas, d’autant plus que l’organisation terroriste exige des assurances solides quant à la poursuite des négociations.
Des noms lourds et un dilemme stratégique
Le volet le plus délicat de l’accord reste la libération des prisonniers palestiniens. Le Hamas réclame la libération de figures de proue du terrorisme, dont les noms ont jusqu’à présent été catégoriquement écartés par Israël. Ce point constitue une ligne rouge pour Tsahal, mais aussi un levier de chantage pour l’organisation terroriste. Selon des sources proches du dossier, les services de renseignement israéliens, épaulés par des médecins militaires, établissent actuellement une liste de prisonniers malades ou gravement blessés, plus susceptibles d’être libérés en premier.
Humanitaire : un champ de bataille invisible
Un autre point de friction, moins médiatisé mais tout aussi stratégique, concerne l’aide humanitaire à Gaza. Le Hamas souhaite revenir à un modèle antérieur de distribution, permettant l’entrée de 400 à 600 camions par jour – un flux qu’il avait su détourner à son profit.
Israël, pour sa part, exige le maintien du mécanisme de supervision actuelle, confié à une société américaine, et destiné à empêcher ces détournements.
Trump comme parrain de l’accord
Selon des sources citées par le média saoudien Al-Sharq, le Hamas se montrerait plutôt favorable à la nouvelle version de l’accord, notamment grâce à la garantie selon laquelle « les médiateurs garantiront que les deux parties ne reprendront pas les combats tant que les discussions se poursuivront ».
De plus, la promesse d’entamer des négociations sérieuses en vue d’un cessez-le-feu définitif et d’un retrait progressif et complet d’Israël de la bande de Gaza séduirait les dirigeants de l’organisation.
Toujours selon ces sources, Donald Trump serait celui qui annoncerait personnellement l’accord, et assurerait son bon déroulement, dans un rôle inédit de parrain politique et diplomatique. Toutefois, une voix interne au Hamas tempère l’enthousiasme : « La nouvelle proposition ne constitue pas une avancée majeure, mais un ajustement marginal par rapport à celle soumise par Witkoff il y a deux mois. »
Un enjeu diplomatique au sommet
La pression est donc maximale. Du côté israélien, les concessions acceptées — qu’il s’agisse de la durée du cessez-le-feu ou de l’engagement à poursuivre les négociations — marquent une évolution tactique significative.
À Washington, la Maison Blanche souhaite un moment d’annonce fort, capable de redorer l’image de l’administration Trump sur la scène internationale. Pour Benjamin Netanyahou, ce serait une victoire politique bienvenue, à un moment où la critique interne est vive.
Sur le terrain, la libération progressive de 28 otages — dix vivants et dix-huit morts — constituerait un soulagement moral, mais aussi une onde de choc émotionnelle pour une société israélienne toujours hantée par les images du 7 octobre.
Reste à savoir si le Hamas, en position de force relative sur le plan symbolique, acceptera de s’engager dans ce processus échelonné, ou s’il préfère jouer la carte du temps et de la pression médiatique. La réponse est attendue dans les prochaines heures.
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