
Bat Yam, ville meurtrie : le missile iranien a tout emporté, jusqu’aux repères
Une nuit de feu et de verre brisé
Dimanche, à l’aube, la ville de Bat Yam s’est réveillée dans un silence fracassé, éventrée par l’explosion d’un missile iranien qui a pulvérisé un immeuble résidentiel et frappé en plein cœur une population civile sans défense. Au centre d’accueil pour sinistrés, monté à la hâte non loin du site du drame, les visages sont blêmes, les regards égarés, les récits entremêlés de larmes et d’incompréhension.
« Nous étions au lit quand c’est arrivé », confie Batel, encore choquée, à Ynet. « Nous avons entendu une explosion assourdissante, puis une lumière aveuglante, une fumée noire… Les vitres ont volé en éclats, la porte a sauté. On a fui pieds nus, en courant, en criant. »
Elle et sa sœur Rachel faisaient partie des dizaines d’habitants qui n’ont pas dormi de la nuit, hébétés, restés aux abords des décombres, espérant comprendre ce qu’il venait de se produire.
Un bilan humain accablant
À midi, les autorités ont pu confirmer l’identité de l’une des six victimes. Le bilan est lourd : un garçon d’environ dix ans, une fillette de huit ans, un jeune homme de dix-huit ans, et trois femmes âgées d’environ cinquante, soixante et quatre-vingts ans. Plus de 100 personnes ont également été blessées, certaines grièvement. Trois personnes sont toujours portées disparues.
Le missile a frappé de plein fouet un immeuble d’habitation. Le souffle a projeté des éclats de béton sur plusieurs pâtés de maisons. Les pompiers, les équipes de sauvetage du Commandement du Front Intérieur et les bénévoles de Zaka fouillent inlassablement les gravats, à la recherche de survivants ou de corps. Des dizaines de bâtiments alentour sont inutilisables.
« L’appartement a disparu »
Tzur, sa fille Kamila et son compagnon Roy Caro faisaient partie des résidents de l’immeuble. Ils n’étaient heureusement pas chez eux au moment de l’impact. Mais en revenant sur les lieux, la vision d’horreur les a figés.
« Tout est tombé. Le toit, les murs, le plancher. Il n’y a plus rien. C’est comme si notre maison n’avait jamais existé », décrit Tzur, la voix nouée.
Roy tente de montrer à Kamila un fragment de leur passé encore intact : « On a récupéré un tableau que j’avais peint et une paire de chaussures. Voilà ce qu’il reste de notre vie. »
Kamila, elle, ne parvient toujours pas à y croire. « On pensait juste aller vérifier les dégâts… mais il n’y a rien à voir. Tout est effondré. Plus de plafond, plus de sol, plus de salon. Plus d’appartement. »
Une population civile prise pour cible
L’attaque de Bat Yam s’inscrit dans le cadre d’un barrage meurtrier qui, dans la nuit de samedi à dimanche, a visé de nombreuses localités du centre d’Israël. Si le système Dôme de Fer a intercepté une majorité de projectiles, certains ont échappé à la défense, avec des conséquences dramatiques. Cette frappe, d’une violence inédite depuis le début de la guerre, semble avoir ciblé délibérément des zones résidentielles.
Le choix de frapper Bat Yam, ville densément peuplée, proche de Tel Aviv, ne relève pas du hasard. Il s’agit d’une escalade claire dans la stratégie iranienne, qui vise désormais ouvertement les civils israéliens.
L’après, entre sidération et survie
Le centre d’évacuation installé pour les sinistrés est saturé. Les survivants, souvent en état de choc, s’y rendent pour s’inscrire, demander de l’aide, retrouver des proches ou recevoir un simple verre d’eau. Tous ont la même question sur les lèvres : « Et maintenant ? »
« Nous devions aller travailler aujourd’hui, les enfants à l’école… Mais tout est arrêté. Comment continuer ? », répète Roy, hébété.
Comme lui, des dizaines de familles vont devoir reconstruire leur vie à partir de rien. Batel et Rachel, qui n’ont toujours pas retrouvé le sommeil, attendent dans les couloirs du centre d’accueil qu’on leur dise où aller. « On est là, on attend. On est sous le choc. »
Une ville brisée, un pays debout
Au-delà du drame humain, Bat Yam est aujourd’hui le symbole d’un front intérieur exposé, vulnérable, mais toujours debout. Israël pleure ses morts, compte ses blessés, mais ne plie pas.
Chaque nom des victimes, chaque témoignage des survivants est une accusation directe contre ceux qui, depuis Téhéran, ont appuyé sur le bouton. Et une prière silencieuse s’élève : que plus jamais un enfant ne meure dans son sommeil à cause d’un missile venu d’un autre monde.:
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