"Je veux que tous les orphelins soient les dirigeants de demain" déclare la fondatrice de l'organisation Hadar Kess

Chaque année, des milliers d'enfants de moins de 18 ans rejoignent le triste cercle des orphelins en Israël.

Rien qu'au cours des neuf derniers mois, plus de 800 jeunes ont été ajoutés à cette liste douloureuse après avoir perdu leur mère, leur père, ou parfois les deux.

Les événements du 7 octobre et la guerre des Épées de Fer ont aggravé cette situation, plongeant nombre d'entre eux dans une désintégration brutale du foyer et de l'institution familiale.

Dans le quotidien des familles israéliennes, la perte d'un proche est devenue une épreuve déchirante. Trop souvent, ces familles peinent à maintenir leur unité, les enfants se retrouvant orphelins sans le soutien immédiat et indispensable dont ils auraient besoin.

Vared, membre de l'association Lahav, se souvient : « Je me rappelle qu'à sept ans, j'avais tellement besoin de rencontrer quelqu'un comme moi, quelqu'un qui avait perdu un parent et qui vivait la même situation que moi. »

Elle a perdu son père à 16 ans lors de l'opération Shomer Hamot. « À l'école, on ne voyait pas mon sort. J'étais en 11e année et je devais passer mes examens de fin d'études, mais mon esprit n'était pas libre pour étudier. J'avais besoin d'un endroit pour me confier et d'une aide professionnelle. »

À la maison, la situation n'était guère meilleure. « Ma mère pleurait beaucoup, et ma sœur, qui était dans l'armée, ne cherchait pas non plus d'aide. Nous n'en parlions pas, je n'avais pas de modèle pour gérer le deuil correctement. Il nous a fallu des années pour accepter la réalité. Mais au début, j'avais besoin d'aide. »

Vared a finalement trouvé cette aide précieuse au Centre Tournesol à Kiryat Ono, où elle est arrivée adolescente. Aujourd'hui, elle y travaille comme instructrice, apportant à son tour un soutien à d'autres jeunes en difficulté.

La décision de continuer à travailler aux côtés des enfants est venue naturellement pour Vared. « J'ai terminé ma terminale, mais j'ai senti que mon parcours avec les tournesols ne s'arrêtait pas là. Aujourd'hui, lorsque je me porte volontaire comme guide, je peux vraiment aider ces enfants grâce à mon expérience personnelle. Nous rions, nous parlons, nous faisons tout ensemble. C'est plus qu'une équipe, c'est une famille. C'est la magie des tournesols. Il était important pour moi de continuer, à la fois pour aider plus d'enfants et pour mon propre chemin. »

Hadar Kess, fondatrice et PDG de l'association Tournesol, exprime avec émotion : « Voir ces moments où le cercle se referme est tellement émouvant. Il y a un mois, Avital Cheskis, directrice du Centre Tournesol à Netanya, est venue à la Knesset raconter comment elle est devenue orpheline de sa mère. Adolescente, elle s'est retrouvée sans parents, invisible aux yeux du monde. Aujourd'hui, elle accompagne les enfants les plus vulnérables de notre société, leur offrant la compréhension et le soutien dont elle aurait tant eu besoin. »

Kess, qui a perdu son père dans un accident de voiture à l'âge de 14 ans, accompagne les orphelins depuis une décennie. « Après la mort de mon père, je n'ai rien reçu. J'avais besoin d'un soutien scolaire, d'une aide émotionnelle, mais personne ne savait comment m'aider. Il m'a fallu deux ans pour comprendre qu'il n'y avait rien. L'État d'Israël ne reconnaît pas ce phénomène. »

Face à cette réalité, Kess a décidé d'agir. « J'ai commencé modestement, avec un programme où des enfants ayant perdu un parent encadraient d'autres enfants dans la même situation. Très vite, des centaines de veuves et de veufs nous ont appelés pour demander de l'aide pour leurs enfants. C'est là que j'ai réalisé qu'il fallait faire plus. »

Ce qu'elle a découvert l'a profondément marqué.

« En Israël, il y a 35 000 enfants et adolescents orphelins. 40 % d'entre eux vivent dans la pauvreté, avec une allocation mensuelle dérisoire de 900 NIS. L'État ne prend pas ces enfants sous sa protection. Ces enfants se retrouvent dans des situations extrêmement risquées, plus enclins à tomber dans la drogue et l'alcool.
Pourtant, des études montrent que leurs chances de réussite sont élevées : 27 % des présidents des États-Unis et 62 % des premiers ministres britanniques étaient orphelins. C'est notre message d'espoir. »

Aujourd'hui, l'association Tournesol est la plus grande organisation en Israël à fournir un soutien émotionnel et social aux enfants et adolescents orphelins.

« Nous voulons nous assurer que chaque enfant ayant perdu un parent puisse recevoir le soutien nécessaire pour devenir un leader de la société israélienne. Il ne doit pas être un fardeau. Nous devons créer des infrastructures, des réglementations et des législations pour soutenir ces enfants. C'est à l'État de le faire. »

Interrogée sur les récentes pertes, Kess souligne : « Ces 800 orphelins de la guerre paient le prix de l'inaction de l'État d'Israël depuis 76 ans. Ils sont les premières victimes d'une politique absente. »

Kess conclut avec force : « Prendre soin des orphelins et des veuves est un devoir fondamental dans le judaïsme. Ces enfants sont notre avenir, ils dirigeront la société israélienne. Je veux que tous les enfants orphelins d'aujourd'hui deviennent les dirigeants de demain. Et c'est à l'État de le faire. »

Tournesol HAMANIOT orphelins d'israel

L'association Tournesol invite les veuves et les orphelins à laisser leurs coordonnées sur leur site pour recevoir des mises à jour sur leurs activités. Formulaire à remplir 
1 70 00 75 75