L’homme qui murmurait à l’oreille des lions : Lionel de Lange, en visite en Israël, tire la sonnette d’alarme

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L’homme qui murmurait à l’oreille des lions : Lionel de Lange, en visite en Israël, tire la sonnette d’alarme

Trouvé dans une cage abandonnée du Néguev, le lionceau Zion-Niv — surnommé « Abu-Malek » — avait ému toute Israël. Arraché trop tôt à sa mère, il incarne le drame du trafic d’animaux sauvages. C’est en Afrique du Sud, dans le sanctuaire Simbonga fondé par Lionel de Lange, qu’il a trouvé refuge, soins… et amour.

De passage en Israël, en pleine alerte aux missiles, De Lange raconte son engagement, ses espoirs déçus, et l’urgence de protéger une faune qui n’a, selon lui, « plus nulle part où vivre ».

Cette rencontre entre un homme, un pays, et un lion devenu symbole, raconte une histoire bien plus vaste : celle de la disparition programmée du sauvage.


L’homme qui murmurait à l’oreille des lions : Lionel de Lange, en visite en Israël, tire la sonnette d’alarme

« Il n’y a plus de nature » : le cri d’alarme du protecteur de Zion-Niv, le lionceau israélien devenu roi en Afrique

En pleine alerte aux missiles iraniens, Lionel de Lange est venu sceller un partenariat avec l’État hébreu pour sauver la faune menacée. Mais c’est la déception, l’inquiétude, et l’amour – celui d’un lion rescapé d’Israël pour une lionne d’Ukraine – qui marqueront ce voyage au goût amer.

Il s’appelle Zion-Niv, mais les Israéliens le connaissent sous un autre nom : Abu-Malek, le lionceau au regard mélancolique, arraché trop tôt à sa mère et retrouvé, prisonnier, dans un bâtiment abandonné dans le Negev.

 Deux ans plus tard, ce miraculé des cages illégales rugit aujourd’hui de liberté dans un sanctuaire en Afrique du Sud, aux côtés d’une lionne sauvée des ruines d’Ukraine. Et dans l’ombre de cette renaissance, veille un homme : Lionel de Lange, 60 ans, fondateur de Warriors of Wildlife.

Un combat pour la vie, depuis l’Afrique du Sud jusqu’à l’Ukraine

Le regard vif, l’accent chantant de son Afrique natale, Lionel de Lange n’est pas un simple militant : il est l’un des rares à sauver des lions sous les bombes. Depuis onze ans, il partage sa vie entre l’Afrique du Sud et l’Ukraine. « Dès les premiers jours de la guerre, je me suis consacré aux animaux abandonnés ou dont les maîtres ont été tués. Aujourd’hui, je nourris environ 500 chiens et 140 chats chaque jour. Je ne suis pas seul. Je travaille avec des personnes âgées qui n’ont pas pu fuir et qui vivent toujours sous les tirs d’artillerie. Nous changeons constamment de point de rendez-vous pour leur apporter la nourriture. »

Il raconte, presque comme une évidence : « J’ai sauvé neuf lions à Odessa sous les bombardements. L’un d’eux était le dernier survivant d’un zoo détruit. Il allait très mal, mais nous l’avons ramené par la Roumanie. Une autre fois, j’ai dû supplier un homme de ne pas abattre son lion. Je lui ai promis de revenir. Après avoir secouru un ours, je suis revenu pour lui. »

Missiles iraniens, lionceaux en sursis et rendez-vous manqué avec Israël

Sa venue en Israël, pourtant, ne se voulait pas dramatique. Il espérait nouer un accord avec l’Autorité israélienne de la nature et des parcs. Objectif : accueillir cinq lionceaux introduits clandestinement depuis la Jordanie ou l’Égypte – probablement par drone.
Mais l’espoir s’est vite heurté à la réalité administrative. Les lionceaux resteront au zoo de Kiryat Motzkin, avec la bénédiction de l’Association européenne des zoos.

« J’ai demandé qu’un accord de droit de préemption soit établi. Appelez-nous d’abord, nous avons de la place au sanctuaire », plaide De Lange, amer mais digne. « Ce sont les lois qu’il faut changer. En Afrique du Sud, un braconnier vient d’être condamné à 18 ans de prison. Ce sont ces peines qui dissuadent. Sinon, les trafiquants n’ont qu’à recommencer. »

Son homologue israélien, Yatir Shamir, tente de rassurer : « Lionel nous a contactés. Le sanctuaire de Simbonga est une excellente option, mais le parc Hai de Kiryat Motzkin a promis de réunir les lionceaux en groupe. Notre priorité était là. »

Simbonga : un refuge éthique où les lions ne sont ni caressés, ni vendus

À Simbonga, aucun lion n’est exhibé, vendu ou caressé. C’est un sanctuaire éthique, insiste Lionel. « On ne les élève pas pour les vendre. Les bénévoles viennent du monde entier. Certains veulent tenir un lionceau dans leurs bras, mais nous disons non. Les lions n’ont pas besoin d’être câlinés. »

Le sanctuaire abrite actuellement 14 lions, un léopard, deux des plus vieux lions blancs en captivité – dont « White Lady », 23 ans –, des girafes, des zèbres, sept espèces d’antilopes, et de nombreux oiseaux sauvages. « Nous continuerons jusqu’à 25 lions. Ensuite, nous n’en accueillerons plus, sauf si un lion meurt ou si un couple se forme avec des lionceaux restants. »

Zion-Niv, de l’agonie à l’amour

Et Zion-Niv, alors ? « Quand il est arrivé chez nous, nous avons mis son jouet préféré, un ballon de foot, dans sa cage. Il a arrêté de manger. Il était triste. Une radio a révélé trois occlusions. Il avait avalé une partie du ballon. Il a été opéré. Il s’est remis. »

Aujourd’hui, il vit une romance avec Kaya, une lionne au tempérament doux, rescapée d’un zoo ukrainien. « Ils se frottaient le nez à travers la clôture. Ils sont ensemble. Elle se faisait un peu désirer au début, mais maintenant, ils dorment côte à côte. Il y a de l’amour dans l’air. »

Et Zion-Niv, devenu adulte, impressionne : « Il est énorme. Il a même trouvé son rugissement ! Comme la voix d’un adolescent qui mue. Il est très rouge, c’est sa couleur. Il a une personnalité drôle. Un vrai personnage. »

« Nous sommes la pire espèce » : l’ultime avertissement

Lors de sa visite, Lionel a également découvert le centre de sauvetage des tortues marines et a relâché quelques spécimens en mer. Mais c’est un sentiment d’urgence qui domine. « Il n’y a plus de nature », lâche-t-il, sans détour. « Tout est clôturé. Et si ce n’est pas le cas, ce sont des villes ou des autoroutes qui cernent les zones sauvages. Ces animaux n’ont aucune chance. Relâcher un lion dans la nature ? Quelle nature ? »

Et de conclure, sans illusion : « Je ne suis pas optimiste. Nous, les humains, sommes la pire espèce. Si nous ne changeons pas, cela ne finira pas bien. Pour les animaux, c’est presque déjà trop tard. »

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