Soixante ans après l'Holocauste, des volontaires allemands viennent travailler en Israël
JERUSALEM, le 15/04/07 - Felix Muller est né plus de 40 ans après l'Holocauste, mais "en tant qu'Allemand", dit-il, "cela fait partie de mon histoire, que je le veuille ou non". Ce jeune homme de 20 ans est arrivé en Israël l'été dernier avec une dizaine de compatriotes, pour effectuer une année de volontariat dans des bibliothèques, des maisons de retraite et des centres culturels.
Il entend se joindre aux cérémonies de commémoration de Yom HaShoah, la journée du souvenir de la Shoah célébrée en Israël à partir de dimanche soir au coucher du soleil.
Dans la maison de retraite où il s'est porté volontaire, une femme de 90 ans a ignoré Felix pendant plusieurs semaines, avant d'engager soudain la conversation, en allemand. "Elle a dit qu'elle n'avait parlé allemand à personne depuis 60 ans. Elle avait simplement arrêté de le parler après la Shoah", explique le jeune Allemand.
Le programme de volontariat est organisé par l'association Ot Hakapara ("signe d'expiation" en hébreu). Elle a été créée en 1958 par des protestants allemands qui jugeaient que leur communauté religieuse n'avait pas assez fait pour empêcher l'Holocauste, selon sa directrice Katharina Vonmuster. Chaque année, environ 180 volontaires vont aider les plus démunis partout dans le monde, dont une vingtaine en Israël.
"En tant qu'Allemande de l'Est je sens une responsabilité particulière parce que l'Allemagne de l'Est n'a presque rien fait durant ses 40 ans d'existence pour reconnaître l'Holocauste", explique Katharina Vonmuster. Si la République fédérale allemande avait reconnu la responsabilité du régime, le régime communiste de la République démocratique allemande (RDA) avait refusé de le faire.
Rebecca Goermann, une autre volontaire de 19 ans, travaille dans une bibliothèque pour enfant à Haïfa dans le nord d'Israël. La jeune fille raconte qu'elle s'était attendue à rencontrer quelques réactions d'hostilité mais qu'il n'en n'a rien été. En revanche, elle se dit surprise par l'humour noir de certains Israéliens sur l'Holocauste. "Ils préfèrent en rire", observe-t-elle. "Nous, nous disons toujours, on ne peut pas rire de ce sujet-là".
La journée de commémoration de la Shoah débute au coucher du soleil dimanche pour s'achever lundi à la tombée de la nuit. Les bars et les boîtes de nuit devaient fermer et les sirènes antiaériennes retentir dans le pays entier, lundi matin, pour signaler un arrêt de la circulation durant deux minutes de silence.
La journée a été marquée cette année par une controverse, le nonce apostolique en Israël, Mgr Antonio Franco, ayant annoncé jeudi qu'il ne participera pas à la cérémonie de Yad Vashem dimanche soir, avant de revenir finalement sur sa décision.
Mgr Franco voulait initialement protester contre la légende d'une photo de Pie XII exposée dans le musée de Yad Vashem, critique envers le silence du pape durant l'Holocauste. La légende disait que "même lorsque des informations sur l'extermination des juifs arrivent au Vatican, le pape ne proteste" pas et ne signe pas la déclaration alliée de 1942 condamnant le massacre des juifs.
Selon le Vatican, Pie XII avait engagé des efforts diplomatiques secrets afin de sauver des milliers de Juifs des camps de la mort.
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