Article paru dans "L'Orient", le 25/10/07
« Les balles d’un assassin lâche n’empêcheront pas Israël d’aspirer à la paix », affirme Olmert
Israël marquait hier le 12e anniversaire de l’assassinat de Yitzhak Rabin sur fond d’une campagne de l’extrême droite pour libérer son meurtrier qui suscite l’indignation.
Le 4 novembre 1995, Yigal Amir, un juif religieux d’extrême droite, avait tué le Premier ministre de trois balles dans le dos, à Tel-Aviv, dans le but affiché de faire capoter les accords de paix israélo-palestiniens de 1993. Le 12e anniversaire tombait hier selon le calendrier lunaire hébraïque. Cet assassinat, perpétré lors d’une manifestation pacifiste monstre, avait plongé le pays dans la stupeur alors que pointait l’espoir d’une possible issue au sanglant conflit israélo-palestinien.
Une cérémonie officielle, à laquelle ont assisté le président israélien Shimon Peres et le Premier ministre Ehud Olmert, a eu lieu au cimetière du mont Herzl à Jérusalem, où se trouve la tombe de M. Rabin et celle des grands de la nation. M. Peres, qui se trouvait au côté de Yitzhak Rabin au moment du drame, et M. Olmert ont déposé des gerbes sur sa tombe. « La vaste majorité des Israéliens soutient aujourd’hui plus que jamais la voie de Rabin. Ce qui s’est arrêté il y a 12 ans recommence », a déclaré M. Peres, en allusion aux négociations de paix en cours avec les Palestiniens. « Les balles d’un assassin lâche et ignoble n’empêcheront pas Israël d’aspirer à la paix », a pour sa part déclaré M. Olmert. Lors d’une séance extraordinaire organisée par la suite à la Knesset (Parlement), M. Olmert a affirmé qu’Israéliens et Palestiniens allaient « tenter de nouveau de revenir sur la voie qui, je l’espère, conduira à la fin du conflit ». « Je ne suis pas sûr que le moment de la paix est venu. Mais je sais qu’il est de mon devoir en tant que Premier ministre de tout faire pour nous rapprocher de ce moment », a-t-il ajouté.
La commémoration de l’assassinat se tient cette année sur fond de polémique déclenchée par l’extrême droite, qui a lancé une campagne pour obtenir la libération du meurtrier. Elle organisait hier également à Tel-Aviv une contre-cérémonie pour, selon elle, révéler « le véritable visage de Rabin » et réhabiliter les opposants d’Oslo, a déclaré à l’AFP Katty Cohen, une des organisatrices.
Aujourd’hui âgé de 37 ans, l’assassin purge une peine de réclusion à perpétuité et n’a jamais exprimé de regret pour son acte, sa famille allant jusqu’à affirmer qu’il s’était « sacrifié » pour Israël. Dans une vidéo réalisée à 150 000 exemplaires par ses partisans, sa mère Geoulah estime que son acte était « prédestiné » par son nom, Yigal signifiant « sauveur » en hébreu. « J’ai vu Rabin descendre (du podium). J’ai décidé de l’abattre pour le neutraliser politiquement. Je ne regrette rien, Dieu m’en garde », dit Yigal Amir, dans un extrait de son interrogatoire au soir du meurtre, rendu public lundi par la police. Il affirme qu’il aurait pu ce soir-là abattre également Shimon Peres, mais qu’il représentait pour lui « une cible secondaire ». Les médias israéliens ont rapporté la semaine dernière que la protection rapprochée de l’actuel président israélien avait été renforcée sur ordre du Shin Beth, le service de sécurité intérieure, à la suite d’une campagne de dénigrement d’une extrême violence le visant sur des sites ultranationalistes israéliens. Yigal Amir a pu se marier en 2004, et son épouse, Larissa Trimbobler, 42 ans, divorcée et déjà mère de 4 enfants, doit accoucher d’un fils, conçu lors de visites en prison.
Dalia Rabin, la fille de M. Rabin, a regretté mardi soir que l’assassin n’ait pas été exécuté. « Je pense qu’il aurait fallu le tuer, non pas parce qu’il s’agit (du meurtre) de mon père, mais parce que l’assassin a tiré dans le dos de la démocratie », a-t-elle déclaré à la télévision publique israélienne.
Chef de l’état-major israélien lors de la guerre des Six-Jours, qui avait permis en 1967 à l’État hébreu de conquérir la Cisjordanie et la bande de Gaza, Rabin s’était vu décerner le prix Nobel de la paix en 1994, conjointement avec son ministre des Affaires étrangères Shimon Peres et le dirigeant palestinien Yasser Arafat, après la signature des accords d’Oslo.
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