J'ai reçu cet email d'un certain Gilles Dubois qui vit au Canada.
Impressionnée par l'histoire et par le style d'écriture, je l'ai immédiatement contacté et il m'a raconté l'histoire de son père. Son père qui a sauvé des centaines de familles juives alors qu'il était policier à Paris.
Lui son fils, Gilles, espère qu'il serait reconnu en tant que Juste des Nations .
J'ai fait confirmer les faits par sa soeur qui elle vit en France, et qui n'est plus en contact avec son frère depuis des décennies.
Les larmes aux yeux, émue que 80 ans plus tard on parle des "exploits" de son père, elle me confirma son extraordinaire histoire.
Extraordinaire, car je suis certaine, qu'il y a eu beaucoup des héros ordinaires qui ont décidé de désobéir; et qui une fois la guerre terminée , n'ont rien demandé, ni exigé, estimant que leur geste était naturel . Pourtant, ils ont risqué leur vie et celle de leur famille.
Aujourd'hui cet article est avant tout un appel, un appel aux descendants de ces familles juives sauvées par un inspecteur de police qui est venu frapper à leur porte, à la tombée de la nuit, pour les sauver et non pour les arrêter. Ces témoins de cette histoire permettront de décerner la médaille des Justes des Nations à titre posthume à cet inspecteur de police : Denis Jean Dubois
Voici le mail reçu par son fils Gilles Dubois
"Vous connaissez bien sûr l’histoire d’Oskar Schindler, mais vous ne connaissez sûrement pas celle de ce modeste héros français. Il était inspecteur de la police judiciaire durant la guerre de 39-45.
C’est dans son commissariat (poste de police) que lui parvenaient les listes des juifs français qui devaient être arrêtés puis déportés en Allemagne.
Profitant de cette opportunité offerte par son emploi, il dérobait alors des cartes de travail et des passeports, puis les tampons encreurs et étampes de son chef.
Ensuite, il faisait de faux papiers pour les juifs en danger et les distribuaient à l’aide de sa bicyclette.
Il passait des nuits à prévenir les gens de se cacher.
Il disait, que souvent, les malheureux ne croyaient pas que les allemands oseraient les éliminer sans raison et ils refusaient de se sauver.
Cet homme disait encore que durant une semaine très active de la Gestapo, il avait falsifié plus de 350 documents et averti les gens des ordres de la gestapo de les arrêter.
Durant la durée de la guerre il pense avoir ainsi aidé quelques centaines de juifs à échapper à la mort.
Cet homme a toujours été terriblement meurtri de voir que des chanteurs, acteurs et autres dictateurs arabes, avaient reçu la Légion d’honneur, une médaille crée par Napoléon pour récompenser la valeur militaire alors que lui, véritable héros français, n’y a pas eu droit.
Cet homme a tout de même reçu la médaille de la résistance Juive Polonaise. Seuls une cinquantaine de Français ont été décorés de cette prestigieuse médaille.
Schindler était un grand homme certes, mais je ne pense pas qu’il risquait sa vie 24 heures sur 24 en parcourant les rues de Paris avec de faux documents.
Et c'est ainsi que des centaines de familles juives furent sauvées.
Il doit y avoir aujourd’hui en Israël des centaines de descendants (voir plus) des juifs que cet homme a sauvé de la mort. Peut-être en avez croisés en Israël sans le savoir
Cet homme c’était mon père.
L’inspecteur de Police
Denis Jean Dubois.
Voici le mail reçu par la soeur, Anne Henry :
Comme convenu je vous envoie une photo de mon Papa en uniforme de la police, donc de l'époque ou se situent les faits.
Voici quelques renseignements qui pourraient vous êtres utiles, bien que jamais de son vivant mon Papa ne nous ait parlé de son action durant la guerre. Ce n'est qu'après sa mort que Maman l'a fait.
Donc, je sais qu'il était simple fonctionnaire de police, travaillant dans les bureaux (ce qui explique qu'il avait accès aux listes de personnes à arrêter le lendemain à l'aube, et aux papiers et tampons nécessaires pour faire des laissez-passer ou autres documents).
Le soir après son travail il allait à bicyclette aux adresses indiquées, afin de prévenir les familles juives concernées qu'elles devaient fuir avant l'aube.
Maman m'a dit que certaines fois les personnes concernées se croyant en sécurité, rassuraient mon père en lui disant "ne vous en faites pas nous ne risquons rien, nous connaissons une personne influente qui peut nous aider le cas échéant" Papa rentrait désespéré à la maison.
Comme il arpentait les rues tard le soir il risquait de tomber sur des patrouilles allemandes.... Il risquait donc sa vie.
Enfin, je vous confirme ce que je vous ai dit hier, à savoir qu'après son décès, Maman était contrariée de trouver des pierres sur la tombe. A l'époque, nous ignorions la tradition juive de cet hommage.
Sachez que je suis très émue et honorée de savoir que l'homme intègre, généreux et trop modeste, qu'était mon Papa, ne tombera pas dans l'oubli. Je vous remercie sincèrement pour ce que vous faites aujourd'hui."
Anne Henry.
Salut Claudine. J’ai commencé le livre sur la vie de mon père, comme vous me l’aviez suggéré, cela comprend l’histoire juive depuis l’Inquisition d’Espagne, car les ancêtres de ma mère étaient apparemment ces juifs ayant fui les soldats de l’Inquisition avec leurs familles. Nous suivons donc cette famille au cours des siècles, ils ont gardé leur nom par respect envers leurs pairs. Durant ce récit, ce sera l’histoire de mon père, les 2 histoires se croisant au fil des paragraphes.
À part cela, avez-vous des nouvelles de votre recherche de témoins concernant le Juste des Nations que vous désiriez que l’on remette è mon père. Il est étrange que les juifs de Tarbes mettaient des pierres sur sa tombe, donc qu’ils savaient ce qu’il avait fait et que personne ne se présente pour témoigner.
Merci encore Claudine.
Je suis heureux que vous m’ayez incité èa écrire l’histoire de mon père. Mes recherches sur la langue, sur l’Inquisition, l’histoire de Massada, me rapproche davantage de votre glorieux peuple.