
Un témoignage dans l’ombre des otages
Le profond lien entre Alkana Buchbot et son lointain parent Menashe Harosh
Les récits des survivants de la captivité dans la bande de Gaza révèlent souvent le rôle décisif du soutien reçu de l’intérieur d’Israël.
Parmi eux, Alkana Buchbot n’a pas seulement vu défiler les images de protestations en son honneur ; il a reconnu, dans ces gestes collectifs, la présence d’un homme bien précis : Menashe Harosh, un membre éloigné de sa famille.
Ce dernier raconte qu’il a rencontré Buchbot après sa libération, et livré un entretien empreint d’émotion : un échange simple, mais d’une charge symbolique surhumaine.
« Il m’a vu plus que ce que nous pensions »
« Il m’a dit : ‘tu es ma vie, tu m’as sauvé ; grâce toi je vis’ », confie Menashe Harosh à propos de la rencontre avec Buchbot. Ce sont des mots qui pèsent. Pas un simple visage projeté sur une écran, mais comme un être auquel on s’est relié au plus profond du processus de lutte et de libération.
Harosh poursuit : « Il s’est renforcé au vu des manifestations, il a vu aussi les photos de son fils Ra’am, que je tiens moi aussi : on nous voit là‑tout le temps ». La répétition de l’image, la récurrence des symboles visuels, ont contribué à réduire la distance entre l’otage et la nation. Ce lien furtif — un jeune homme en captivité, un cousin éloigné mobilisé dans la rue — devient un pont humain, tangible.
« Nous nous sommes longuement étreint, une heure entière je suis resté avec lui, il ne m’a pas laissé bouger », raconte encore Harosh.
Une présence inébranlable sur le front civique
Harosh se définit comme un militant infatigable : « Depuis plus de deux ans je viens à la place des otages ; il n’y a pas un endroit où je ne suis allé, pas une manifestation que je n’ai faite : marches, protestations, au tribunal, à la Knesset. Il est membre de ma famille, je dois y aller pour lui », affirme‑t‑il.
Dès le 8 octobre 2023, il s’est promis que « je ne ferai que des manifestations : j’ai même dormi pendant un an entier sous les tentes à la place des otages. Il faisait chaud, il pleuvait, il ventait, mais la volonté m’a donné de combattre jusqu’au bout ».
À l’approche de ses 80 ans, Harosh refuse de baisser les bras : « Nous ne bougerons pas d’ici jusqu’au dernier otage morts ne soient rendus.».
Analyse critique : entre visibilité et invisibilité
Le témoignage de Harosh révèle deux dimensions complémentaires :
La visibilité comme arme psychologique. Les photos de manifestations, l’image d’un jeune otage portée par un proche à l’extérieur de la captivité : c’est un signal adressé non seulement à la société israélienne, mais aux captifs eux‑mêmes. « Il s’est renforcé quand il a vu les manifestations », indique Harosh. Cette réciprocité entre acteur‑extérieur et acteur‑intérieur de la prison devient un canal d’espoir.
L’invisibilité structurante. Harosh, cousin éloigné de Buchbot — « La grand‑tante de Buchbot est la tante de Harosh », précise l’article. — est un acteur discret du champ civique.
Son engagement relève davantage du témoignage que de la mise en lumière. Il choisit de rester en marge, mais d’être présent, actif. Le fait qu’il soit peu connu rend son rôle d’autant plus troublant — son combat se joue dans l’ombre mais éclaire le jour des familles d’otages.
L’histoire de Harosh et Buchbot force à contempler ce que signifie « être vu » dans l’ombre d’un otage, mais aussi à interroger le rôle que chacun — proche ou citoyen — choisit de tenir. Car au‑delà de l’image, il y a l’engagement. Et c’est peut‑être là que se joue, dans le silence de la rue, une autre forme de combat.
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