Paracha de la semaine : VAYETSE La dîme

Haftarah, Judaïsme - le - par .
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VAYETSE La dîme

 

VAYETSE La dîme

"Et tout ce que tu me donneras, j'en prélèverai pour toi la dîme."

Cette promesse, cet engagement que prend Jacob au moment de quitter son pays pour aller chez son oncle Laban, est devenu pour ses descendants que nous sommes, une obligation permanente: celle de consacrer le dixième de son revenu à soulager la misère d'autrui, à soutenir les oeuvres d'intérêt communautaire, sociales, éducatives, religieuses.

Non seulement cette dîme est-elle considérée comme une des mitzvoth positives de la Torah, elle est même sous forme de tsedaka, un des pôles sur lesquels repose l'existence du monde.

Pendant des siècles le juif appliquait à la lettre - et souvent au-delà de la lettre - cette obligation de solidarité.
Si les pauvres étaient légion dans nos communautés de jadis, le "évyon" le malheureux, abandonné, délaissé, perdu parmi les hommes indifférents à son sort, était quasiment inexistant.

On racontait encore que dans telle communauté il y a 50 ans, le rabbin, au lendemain d'un mariage se rendait auprès du jeune époux pour lui demander - et pour en obtenir- le maassér (la dîme) de la dot qu'il venait de toucher. Il est vrai que le gouffre qui se creuse entre les classes possédantes et les classes démunies n'était pas aussi parfait jadis qu'en notre vingtième siècle. Les besoins n'étaient pas aussi variés, les sollicitations aussi nombreuses.

Un texte talmudique affirme que D.ieu désigne à l'avance ce que nous gagnerons d'un Roch-Hachana à l'autre. Mais ne sont pas compris dans ce bilan les dépenses que nous ferons pour honorer le Chabbat et les fêtes, ni celles consacrées à l'éducation de nos enfants ou à nos obligations sociales vis-à-vis des autres.

Plus nous serons généreux, disent nos Sages et plus D.ieu nous accordera les moyens de l'être. Pourquoi être avare des fonds que D.ieu nous demande de distribuer largement ? Il n'est Mitzva plus grande que celle que nous accomplissons de tout coeur, mais aussi "Be'hol méodé'ha" de tous nos moyens.

Le texte s'exprime comme si l'on offrait la dîme à D.ieu: "Je veux t'en offrir la dîme" Ce que l'on donne au pauvre est sanctifié, considéré comme un don à D.ieu lui-même.

Cette dîme constitue d'ailleurs la part de D.ieu dans la réussite de nos efforts. Elle lui appartient donc pleinement et nous n'avons pas le droit d'en user pour nous-mêmes, car elle est destinée par l'Eternel à ses enfants déshérités.

Dès le début de notre Sidra, Jacob se situe au même niveau d'exigence que son ancêtre Abraham. Avant de quitter Bethel, lieu de la promesse divine, il fait un voeu: "Si D.ieu est avec moi, s'il me protège dans la voie où je marche, s'il me donne du pain à manger et des vêtements pour me couvrir ; si je retourne en paix à la maison de mon père et que l'Eternel soit pour moi D.ieu ; et cette pierre que je viens d'ériger en monument deviendra la maison du Seigneur, et tous les biens que tu m'accorderas, je veux t'en offrir la dîme.

Il y a apparemment quelque chose de choquant à poser des conditions à D.ieu "Si tu me fais du bien, alors je penserai un peu à toi " Et depuis très longtemps ce texte biblique intrigue les exégètes et les commentateurs de la Bible.

La réponse la plus intéressante que l'on puisse apporter à cette question est sans doute celle qui nous est proposée par un célèbre rabbin du Moyen Age et qui dit qu'en vérité Jacob n'avait pas d'assurance, qu'un juste n'a jamais d'assurance. D.ieu lui a bel et bien dit :"Je te protégerai". D.ieu lui a bel et bien dit: "Tu pars en exil mais tu reviendras sur la terre de tes ancêtres. Et pourtant Jacob peut dire: Si D.ieu tient sa promesse."

Pourquoi ? Parce que les promesses de D.ieu sont liées au devenir de l'homme. Aussi tous les grands hommes de la Bible n'ont jamais considéré que les promesses de D.ieu étaient irréversibles.

Jacob s'est dit D.ieu me l'a promis mais peut-être qu'un jour je ne mériterai plus que cette promesse soit réalisée.

L'échelle de Jacob

L'échelle de Jacob

Ce que le Talmud traduit d'une phrase extrêmement courte: "il y a le risque du péché".Dans sa peur de faillir, Jacob doute. Doute qui ne porte pas sur la promesse divine mais sur lui-même..

Cela a été l'attitude de Jacob jusqu'à la lutte avec l'ange. Souvent hésitant, il lui faudra obéir à sa mère pour aller chez son père recevoir la bénédiction. Le voeu qu'il prononce à Bethel se situe dans la même ligne. Jacob restera l'exemple du juif qui durant des millénaires se trouvera confronté au doute au "peut-être".
C'est sa caractéristique et en même temps sa foi inébranlable en l'avenir.

CLAUDE LAYANI

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