
REEH Intégrité du corps humain
Vous êtes les fils de l'Eternel votre D.ieu, vous ne vous ferez point d'incisions et vous ne vous ferez pas de tonsure entre vos yeux pour un mort. C'est par ces mots que commencent le chapitre 14 du Deutéronome.
Il vous a choisi pour être son "peuple-trésor", continue le verset suivant. C'est pourquoi il vous interdit "cela" à vous et pas au reste de l'humanité.
"Cela", ce sont les mutilations corporelles, y compris les stigmates que les endeuillés du temps de Moïse gravent en leur chair en l'honneur du mort. Rachi fait remarquer puisque "vous êtes les fils de D.ieu, vous devez être beaux, ni taillardés, ni tonsurés".
Il y aurait beaucoup à dire sur l'application pratique de cette prescription et s'il est vrai que les critères de la beauté varient selon les âges, les civilisations et les latitudes, il n'en reste pas moins vrai que nombreux, parmi les fidèles de la Torah, semblent faire peu de cas de la recommandation de Rachi. Dans ma jeunesse, dans une petite communauté du sud algérien, j'ai été souvent choqué et révolté de voir les pleureuses se griffer le visage jusqu'au sang. Cette pratique tend à disparaître complètement .
Ce verset, souligne tout d'abord la nécessité pour le juif, en toutes circonstances, de conserver l'intégralité de son corps et une parfaite maîtrise de toutes ses réactions.
Elle fait allusion à une coutume ancienne, qui concrétisait la douleur que l'on pouvait éprouver lors d'une perte d'un être cher, par la mutilation partielle du corps. La Torah, qui par ailleurs a prévu dans le détail de multiples et sages prescriptions pour les cas de deuil, nous interdit d'exprimer notre désespoir en portant atteinte à notre corps et en excitant notre affliction par des douleurs physiques. Elle exige qu'en toutes circonstances nous demeurions conscients d'être les fils de D.ieu et justifions dans notre coeur le décret divin.
Nous sommes loin des images vues à la télévision lors d'un défilé des Hezbolah, les fanatiques de D.ieu, taillardés au crane et ruisselant de sang. Des tribus noires d'Afrique avec leurs mutilations et leurs incisions au visages et sur tout le corps. C'est contre ces pratiques que D.ieu nous met en garde. Elles sont contre-nature.
Nos Sages, dépassant le sens littéral du texte, nous invitent à appliquer au corps d'Israël, à l'ensemble de la nation juive, l'interdiction d'y faire des "incisions". "Vous ne ferez point d'incisions" Nos Sages commentent "vous ne formerez point de multiples groupements (Yebamoth 14a).
D'après ce texte du Talmud, la phrase de notre sidra viendrait nous rappeler l'unité indivisible de notre peuple et l'interdiction de mutilier le corps de la nation, en y introduisons des divisions artificielles.
Notre texte songe certainement à ces mesquines querelles qui divisent nos communautés entre juifs originaires de pays différents. Que de mal nous ont fait dans le passé ces vaines et inutiles distinctions. Quelle ombre font-elles peser sur notre avenir tant dans la Diaspora qu'en Israël.
Il importe aujourd'hui plus que jamais, après la terrible hécatombe qu'a subit notre peuple, que nous prenions conscience de notre unité au service de D.ieu et que nous abandonnions toutes ces querelles périmées relatives à nos origines géographiques, voire à certains de nos usages régionaux, afin de prendre conscience que nous sommes tous des fils de D.ieu et qu'une même tâche du témoignage pour l'unité de D.ieu nous rassemble et nous unit.
Claude Layani
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