Paracha de la semaine :NOE La tour de Babel ou la tour totalitaire

Judaïsme, Paracha de la semaine - le - par .
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Paracha de Claude Layani la tour de Babel Noé

NOE LA TOUR DE BABEL

Le thème choisi pour ce numéro est le point central de notre civilisation.Le 3e millénaire va voir se développer considérablement les rapports entre les hommes de la planète grâce aux technologies nouvelles qui ont déjà bouleversé notre manière de vivre.
Les perspectives ouvertes par l’informatique est comparable à la découverte de l’imprimerie au 16
e siècle.

En choisissant l’histoire de la Tour de Babel nous allons essayer de comprendre comment les hommes qui avaient la même langue, le même projet sont arrivés à ne plus se comprendre

Après le chapitre du Déluge, la Bible rapporte la plus extravagante, la plus ambitieuse construction de tous les temps. Dans une vallée du pays de Chinear, des hommes dirent: "Allons, bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet atteigne le ciel ; faisons-nous un établissement durable, pour ne pas nous disperser sur toute la terre".

C'est peut-être pour se divertir de leur terreur intime que les hommes ont construit la Tour de Babel. Le souvenir du Déluge est encore vivace et c'est pour échapper à un second déluge que les hommes décident d'édifier une forteresse très haute que les flots ne peuvent recouvrir. Des murs, des murs sur d'autres murs, des murs pour oublier.

Lentement la Tour s'élève, l'angoisse semble se dissiper. Les commentateurs traditionnels sont sévères contre les maçons de la Tour de Babel. Les constructeurs ont voulu se prémunir contre un nouveau déluge. Ils ont refusé le repentir. Ils défié l'Absolu. Ils ont déclaré la guerre à D.ieu. Ils ont contruit une Tour-Idole.

Un texte du Talmud dit que les hommes ont essayé de construire une Tour qui soutiendrait le ciel et de concurencer D.ieu. Il y a très nettement dans l'histoire de la Tour de Babel un désir de la part de l'homme d'égaler D.ieu ou de supplanter D.ieu. Dans le texte biblique il y a un mot caractéristique: "Montons au ciel et faisons-nous un nom" Or le nom dans la tradition juive désigne D.ieu. Cela veut dire: devenons un peuple réputé, renommé et devenons nous-mêmes D.ieu.

L'histoire de la Tour de Babel n'est pas uniquement celle d'une époque reculée ou d'une seule génération. Chaque génération tente de pousser son sommet dans le ciel. Notre époque semble revivre le récit de la Genèse. Dans bien des domaines, nous pouvons constater que le perfectionnement technique l'emporte sur toute autre considération. Toute sensibilité, et tout sentiment de dignité humaine sont détruits par l'ambition de vouloir toujours aller plus loin et plus haut.

La confusion des langues, l'impossibilité de communiquer entre eux n'ont pas permis d'achever la Tour. Le décret divin apparaît comme une punition.

Il nous semble que cet arrêt divin ne constitue pas une punition, mais au contraire, un grand acte réparateur au profit de l’espèce humaine.

La signification essentielle de l’épisode de la Tour de Babel ne réside pas du tout dans la tentative de construire cette tour, mais dans ce qui nous est dit, à savoir que « toute la terre avait une même langue et des paroles semblables (Gen.11,1).

Après l’échec de la construction de la tour, des langues différentes apparaissent qui, bien évidemment, ne renferment plus les même paroles. Une telle situation semblerait idéale à bien des naïfs qui nous entourent : l’humanité entière formant un seul bloc, sans différenciation et par conséquent sans conflit.

Mais pour celui qui réfléchit, il n’existe pas de situation plus effroyable que ce conformisme articiciel : une ville et une tour comme symboles de la concentration de l’ensemble de l’humanité autour d’une même idée afin qu’il n’y ait ni divergences d’opinions, ni combats entre conceptions et valeurs différentes.

On ne peut imaginer tyrannie plus terrible que celle-là, on ne peut imaginer une stérilité de la pensée et de la morale plus grande que la situation où il n’y aurait plus ni exceptions, ni déviations par rapport à ce qui est admis comme convenable, situation qui serait maintenue par les moyens artificiels d’une ville et d’une tour.

Mais d'autres commentateurs affirment que c'est dans un désir d'unité et de paix que les hommes ont voulu construire cette tour.

Alors la confusion des langues n'a pas été un châtiment. Ce n'est pas dans les ghettos des langages incompréhensibles que les maçons ont été murés. Aucune différence de langage, aucune frontière n'empêche aujourd'hui hommes et Etats d'élever la Tour de Babel des guerres civiles, des purifications éthniques, des tortures, des oppressions.

En vérité, chacun des constructeurs a été renvoyé à son être profond, à sa différence. Se découvrant différents dans leurs projets, leurs passions, leurs visions de l'histoire et de la justice, les maçons ont dû abandonner la Tour totalitaire.

La grande affaire de l'avenir reste malgré tout la construction d'une nouvelle Tour de Babel. Mais une Tour toute entière dédiée à l'unité des peuples. Une Tour pluraliste. Une Tour du dialogue

Notre époque avec ses moyens extraordinaires mis à sa disposition (internet, médias etc...) peuvent faciliter les relations entre les peuples et faire de l’humanité une unité diversifiée pour le bien de tous les hommes et une compréhension mutuelle qui généreront une ère de paix

CLAUDE LAYANI

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