Artiste juive : Rachel Yedid : l’angélique et le démoniaque

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Rachel Yedid artiste peintre

Rachel Yedid : l’angélique et le démoniaque

Une douceur émane des visions de la féminité dévoilée en divers types de déclinaisons érotiques. Chaque œuvre reste étrange, complexe et ambiguë en des « poses » qui impliquent une certaine distance avec ce qu’elle suggèrent.

La femme reste mystérieuse, erratique et l’artiste crée par le portrait bien des narrations allusives.

Chacun ramène d’une manière ou d’une autre à un désir. Il passe par le corps sans que des pièces rapportées aient besoin de le « cornaquer ».

La vision joue sur la délicatesse des poses, l’anomie ou sur l’allusif expressionniste.

L’œuvre demeure à la jonction de l’angélique et du démoniaque.

Si bien que l’artiste devient à la fois fée et sorcière dans le sillage de ses sirènes. On peut même parler de « méphistophélie » éthérée qui suggère bien des possibilités.

Aucune n’apporte de réponse définitive. D’autant que le travail de Rachel Yedid ne naît pas d’une seule idée ou intention. Son sens ne saurait être univoque. Ses figures « imposées » sont autant des modèles que des rôles. Leurs gestes sont très ambigus. Présumés innocents ils orientent autant vers l’âme que vers le feu au nom de certaines douceurs qui s’apprivoisent.

Demeurent toujours un côté obscur et un côté lumineux. Les deux cohabitent harmonieusement et se rapprochent alors d’une érotique intuitive de la peinture par leur langage aux tonalités sensuelles.

Elles-mêmes s’articulent autour des aléas du sens et de la perte de cadre de références. Il y a là une nudité appelée et qui n’appelle pas forcément à l’altérité.

La femme s’y contente de son tout sachant qu’il vaut mieux être seule que mal (et mâle) accompagné. Certaines poses révèlent le « caliente » des plaisirs secrets de la féminité. Le sex-appeal glisse dans les zones ténébreuses.

Elles transforment les femmes en apparitions fantomatiques et flottantes. Frontalités comme effacements, sont volontairement déroutantes et riches en ambiguïté.

Rachel Yedid contre une certaine postmodernité prouve qu’on ne peut réaliser une image sans avoir affaire au concept de beauté.

Textile aidant la nudité maquillée crée un amalgame de type définissable et indéfinissable. En rien conceptuelle mais pas plus réaliste l’œuvre reste des plus suggestives Il existe là implicitement une mise à nu de divers préjugés sur la représentation.

Les couleurs n’accentuent pas de manière expressionniste le visage du modèle. Elles mènent quasiment une existence indépendante presque neutre. Comme si le dessin - ce qui est présenté - et le motif vivaient ensemble et séparés sur la surface dans une hybridation subtile. Celle-ci est renforcée par les « gages » d’intimité en sujets rapportés.

On regarde donc les portraits de Rachel Yedid différemment qu’un portrait classique car l’artiste crée des mutations subtiles et certainement sardoniques. D’autant que chaque oeuvre est bien sûr un autoportrait. L’artiste est son meilleur « objet », son plus fidèle « sujet ». Pourrait-elle ajouter comme l’écrit Marlène Dumas « je trouve que je suis moi-même le meilleur modèle car je suis l’exemple du mal » ?… Pas sûr. La créatrice sait raison garder…

Jean-Paul Gavard-Perret .

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