
“Je l’ai caché tant que Yossef était en captivité” : le secret révélé par son père
Yossef Haïm Ohana a passé 738 jours dans les geôles du Hamas. Libéré il y a deux jours, il commence à peine à retrouver ses repères dans une vie bouleversée. Sa famille, qui ne l’a jamais abandonné, l’accompagne avec tendresse et admiration, frappée par le calme et la maturité qu’il manifeste malgré les épreuves.
Dans un entretien bouleversant accordé à Avri Gilad et Yair Cherki pour la chaîne Keshet 12, son père, Avi Ohana, a accepté de livrer ce qu’il avait tu jusque-là : un détail sur le passé militaire de son fils qui aurait pu lui coûter la vie.
“Maintenant je peux dire qu’il était combattant et commandant dans Givati”
Avi, que vous êtes-vous autorisé à dire maintenant que vous ne pouviez pas dire avant ?
“Je peux maintenant raconter que Yossef était combattant et commandant dans l’unité Givati. Je n’avais jamais prononcé ces mots tant qu’il était détenu par le Hamas, mais aujourd’hui, je peux enfin les dire. Il m’a expliqué que c’était très difficile de cacher cela aux ravisseurs. Pour eux, tous les otages étaient des soldats. Il leur a dit qu’il était un soldat régulier, que son service militaire s’était terminé, mais ils n’ont pas vraiment avalé cette version.”
“C’est une délivrance. Une émotion impossible à traduire”
Que ressentez-vous en le serrant dans vos bras pour la première fois ?
“Il y a des émotions qui sont impossibles à traduire. Cela fait deux ans que j’attends ce moment. Deux années à prier, à me battre. Tout d’un coup, c’est arrivé. On ne peut pas expliquer ce que l’on ressent dans un instant pareil. C’est une forme de délivrance. Je le regarde et je n’en reviens pas. Mon fils est là, devant moi.”
“Il parle comme s’il rentrait de Thaïlande”
Comment vous parle-t-il depuis son retour ?
“Yossef est un jeune homme très fort, avec une force mentale incroyable. Il parle comme s’il revenait de vacances en Thaïlande. Il m’a dit : ‘Papa, ça y est, je suis rentré. C’est fini. On ne se quittera plus. Tu n’as pas besoin de faire tout ça.’ Je lui ai répondu :
‘Mais enfin, tu as vécu l’enfer !’ Et lui : ‘C’est vrai, mais c’est derrière moi maintenant. Petit à petit, je vous raconterai ce que j’ai traversé.’ Il me laisse sans voix. C’est sa nature, il est comme ça.”
“Même ce que nous savons ne représente pas 5 % de ce qu’ils ont vécu”
Qu’avez-vous compris de ce qu’il a subi là-bas ?
“On savait qu’ils souffraient, on savait que c’était dur, mais on n’en connaît même pas 5 %. Nous avons vécu des moments de désespoir total. Surtout dernièrement, quand tout semblait bloqué, quand rien ne progressait. Il y a eu des jours où nous étions dans l’obscurité totale.”
“Il a demandé du couscous et un gâteau au fromage”
Qu’a-t-il demandé à manger depuis son retour ?
“Il a encore des restrictions, bien sûr, tout est suivi par des médecins et des nutritionnistes. Mais il a demandé deux choses : le couscous de sa grand-mère et un gâteau au fromage . Les médecins ont dit que c’était possible. Alors demain, nous allons les lui apporter.”
“Il revient de l’enfer. Et il sourit.”
Yossef Haïm Ohana revient d’un enfer invisible, d’un monde souterrain dont il commence à peine à livrer les contours. Il ne parle pas de vengeance. Il parle de reconstruction, de vie, d’avenir. Et son père, qui l’a protégé comme un soldat en mission, laisse enfin tomber la garde : “Il est revenu. Et il sourit. Cela, personne ne pourra nous l’enlever.”
Vos réactions