Les vidéos des personnes enlevées : l'impuissance insoutenable des familles face à la guerre psychologique
Le soulagement d'un signe de vie… suivi de l'étouffement
Depuis plus de 400 jours, les familles de Masha Trupanov et tant d'autres vivent dans l'angoisse constante. Des signes de vie sporadiques viennent raviver l'espoir, puis disparaissent, laissant place au vide et aux pires des scénarios.
Hier, un message vidéo de Sasha Trupanov, enlevé il y a 405 jours, a été diffusé par le Jihad islamique. Un maigre signal pour les proches, à la fois rassurant et bouleversant. Comme le confie un membre de la famille, « il y a un soulagement, mais rapidement, l'air nous manque ».
Cette guerre se joue aussi dans la sphère psychologique, où le Hamas et le Jihad islamique exploitent chaque seconde de ces vidéos pour briser le moral des familles. Chaque diffusion est une confrontation brutale entre l'espoir de voir leurs proches et la terreur de les découvrir dans des conditions inhumaines. Une mère avoue : « Je me dis, qu'ils envoient ces images pour qu'on soit enfin libérés de nos pires imaginaires, mais, d'un autre côté, peut-être vaut-il mieux ne rien savoir… »
L'attente insupportable des familles de captifs : entre espoir et désespoir
Pour la famille Steinbracher, chaque jour sans nouvelle de Doron est une épreuve insupportable. La dernière vidéo publiée par le Hamas, montrant Doron aux côtés de Karina Ariev et de Daniela Gilboa, a laissé un sentiment d'horreur et de soulagement à la fois.
Ce fut le premier et dernier signe de vie de Doron, capturé et filmé en captivité dans des conditions inconnues. Yamit, sa sœur, partage cette ambivalence douloureuse : « Je veux un signe de vie, mais j'ai aussi peur de ce que je vais voir. Voir Doron, si maigre, privée de ses médicaments, enfermée dans un tunnel sous la menace constante d'un terroriste armé… Cela me coupe le souffle. »
Pour ces familles, chaque détail compte. Un regard, une posture, une expression du visage – tout est scruté, analysé, dans l'espoir de comprendre l'état physique et mental de leurs proches. Yamit se souvient de la boucle d'oreille unique de Doron, un souvenir d'avant l'enlèvement : « Je regarde chaque recoin de son visage, chaque égratignure, chaque détail… » Pourtant, la réalité est froide et implacable : un signe de la vie n'est jamais suffisante, car il ne fait qu'alimenter un espoir déjà fragile.
Une torture psychologique pour les proches
Chaque publication vidéo est une agonie de plus pour les familles, une confrontation avec l'image d'un être cher pris dans un cauchemar sans fin. Orli, la mère de Daniela Gilboa, se rappelle du choc en voyant sa fille dans une vidéo publiée par le Hamas. « Une photo, puis une vidéo. Mon cœur s'est glacé. Daniela ne semblait pas elle-même. Une froideur qui ne lui ressemblait pas… C'était un soulagement, oui, mais en même temps, la douleur et la peur n'ont fait que redoubler d'intensité. »
La situation de Matan, quant à elle, a été rendue encore plus insoutenable par une vidéo non éditée et diffusée par le Hamas. Pour son père, Agay, ce fut une épreuve de voir son fils blessé, mourir, piégé dans un tunnel. « J'ai ressenti un choc total, un sentiment d'impuissance si intense. C'est comme si Matan était là, derrière une vitre invisible, me suppliant sans un mot de le sauver… »
Entre colère et désespoir : l'appel des familles au respect de l'intimité
Pour les familles, le partage de ces vidéos soulève une autre question cruciale : celle du respect de la dignité et de l'intimité de leurs proches. Ofri, la sœur de Jordan, témoigne : « Je voulais voir mon frère dans cette vidéo, comprendre ce qu'il vivait. Mais en même temps, cette invasion de notre vie privée, cette exposition brutale… C'est insupportable. Nous voulons choisir ce qui doit être vu ou non. » Pour elle, ces vidéos sont une lame à double tranchant : elles confirment une vie, certes, mais révèlent aussi une souffrance insoutenable.
Un appel à l'humanité et à la discrétion
Dans cet enfer quotidien, les familles ne demandent qu'une chose : que la dignité de leurs proches soit respectée. Chacun de ces signes de vie, bien que précieux, est aussi une arme de terreur psychologique qui détruit lentement ceux qui attendent et espèrent. L'indignation monte, car le temps presse : les familles veulent des actions, des réponses concrètes. Elles réclament le retour de leurs êtres chers, vivants ou morts, pour retrouver enfin la paix.
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