Les amas d'ordures à Gaza : une crise sanitaire qui menace également Israël
Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas en 2023, les systèmes d’assainissement et d’élimination des déchets de la bande de Gaza ont été gravement paralysés, entraînant l'accumulation de centaines d'énormes tas d'ordures.
Ces amas toxiques, représentant environ 330 000 tonnes de déchets solides, constituent une menace sanitaire non seulement pour Gaza, mais aussi pour Israël, en particulier pour les zones proches de la frontière comme Ashdod.
L'UNRWA estime que cette quantité massive de déchets non traités est suffisante pour remplir plus de 200 terrains de football.
Selon le professeur Nadav Davidovitch, directeur du département de gestion des systèmes de santé à l'École de santé publique de l'Université Ben Gourion du Néguev, après dix mois de conflit, la situation sanitaire à Gaza est désastreuse.
Les risques de maladies, d'infections et d'autres dangers environnementaux sont omniprésents, et les effets de cette crise ne resteront pas confinés à Gaza.
Un rapport de PAX, une organisation pacifiste néerlandaise, a révélé qu'il y a au moins 225 tas d'ordures massifs dans la bande de Gaza, avec 2 000 tonnes de déchets supplémentaires s'ajoutant chaque jour.
Seule une fraction de ces déchets est correctement traitée ou enterrée.
Les conséquences de cette crise se font déjà sentir au-delà de Gaza, mettant en danger la santé des soldats de Tsahal stationnés dans la région et des résidents israéliens.
Les inquiétudes sont également alimentées par le risque de contamination de l'eau potable en Israël.
Un rapport de 2019 avait déjà averti que les agents pathogènes présents dans les eaux s'écoulant de Gaza pourraient affecter la qualité de l'eau jusqu'à Ashdod.
Aujourd'hui, les experts craignent que la situation n'ait empiré, avec la propagation potentielle de bactéries résistantes aux antibiotiques et d'autres maladies.
Israël est conscient des risques que pose cette crise sanitaire.
L'armée israélienne a commencé à vacciner les soldats déployés à Gaza contre la polio, détectée dans les eaux usées de la ville.
De plus, en coopération avec des organisations internationales, Israël a expédié environ 300 000 vaccins contre la polio à Gaza pour tenter de contenir la menace.
Des efforts sont également en cours pour réparer les systèmes d’assainissement endommagés et s'attaquer à la gestion des déchets dans la bande de Gaza.
Cependant, la situation reste critique.
Wim Zwijnenburg, auteur du rapport de PAX, souligne que la guerre a gravement détérioré la gestion des déchets, et les dangers posés par les bâtiments détruits, les débris, l'amiante, les explosifs, et les corps en décomposition ne font qu'aggraver le risque sanitaire.
À long terme, les métaux et autres contaminants des déchets non traités s'infiltreront dans le sol, provoquant des dégâts bien au-delà des frontières de Gaza.
Selon Davidovitch, la résolution de ce problème n'est pas seulement une question humanitaire, mais également une nécessité stratégique pour Israël, car « nous vivons tous dans la même zone ».
L'État d'Israël, par l'intermédiaire du Coordonnateur des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT), s'efforce de trouver des solutions pour atténuer cette crise et éviter une catastrophe sanitaire qui toucherait l'ensemble de la région.
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