
A l'occasion des dix ans de la disparition d'Ilan Halimi, un sondage vient d'être publié pour mesurer le niveau d'intensité des préjugés antisémites. Si le niveau de sympathie à l'égard des juifs augmente, les préjugés restent tenaces.Polémique sur Twitter...
« Les Juifs utilisent aujourd’hui dans leur propre intérêt leur statut de victimes du génocide nazi », « les Juifs sont plus riches que la moyenne des Français » ou « les Juifs ont trop de pouvoir dans le domaine des médias ».
Voilà le type d’affirmations sur lesquelles un panel de sondés a été invité à se prononcer. Le résultat de ce sondage Ifop* sur les clichés relatifs au judaïsme, publié vendredi dans le parisien, fait polémique autant pour ses résultats que pour sa conception, sur Twitter notamment:
"je ne vois pas de question sur "pensez-vous que les juifs ont un nez plus crochu que la moyenne" dans ce sondage du parisien.#déçue"
Le cynisme volontaire du @le_Parisien #IlanHalimi ! L'indécence du sondage, A vomir ! @Le_CRIF @frhaz
L'antisémitisme est partout... Il y a un an, pour être embauchée en CDI,contrat à durée indéterminée, une jeune femme avait pu lire entre les lignes sur une annonce d'offre d'emploi internet "si possible pas juif(ve)". L'affaire avait fait polémique.
Un an après l'attentat de l'Hyper Cacher et dix ans après l'assassinat d'Ilan Halimi ,on constate que les attaques sont moins nombreuses mais beaucoup plus violentes.
Selon les spécialistes,aujourd'hui, l'antisémitisme a tendance à reculer de manière générale dans notre société, en revanche, lorsqu'il s'exprime, c'est de manière exrêmement violente.
Ilan Halimi, dix ans après, reste un marqueur pour l'ensemble de la société française. En 2015, les actes antisémites en France représentent la moitié des violences racistes.
Sacha Reingewirtz, président de l’union des Etudiants Juifs de France UEJF commente cette vague d’indignation en ligne, pour lui,il n’y a pas matière à polémiquer :
« Ce qui est aujourd’hui manifeste, c’est que l’état des préjugés est toujours aussi présent. Ca fait des années que les associations antiracistes font un travail de fond pour déconstruire les préjugés à l’université, dans les écoles. C’est important de faire un travail d’analyse de la situation. »
La formulation des questions du sondage n’a donc rien de choquant selon l’association. Ceux qui entretiennent les préjugés vis-à-vis des Juifs ne sont « pas les personnes qui répondent à un sondage ou qui posent les questions. Ce sont les idéologues de haine qui alimentent ces préjugés en postant des vidéos complotistes en accusant les Juifs de contrôler le monde ou autre chose… »
La sociologue Dominique Schnapper, est d'accord : " Poser une question sur des clichés relatifs à une catégorie religieuse n’est pas raciste" selon elle. « Cette question ne crée aucune catégorie, elle reprend les formulations spontanées des interviewés recueillies dans les entretiens qualitatifs. Ces termes ne sont pas les nôtres mais ceux de la population, d’ailleurs souvent repris dans les médias. On ne peut recueillir l’adhésion ou le refus des préjugés si on ne les formule pas, cela ne signifie évidemment pas que nous les partageons », affirmait récemment la directrice d’études de l’École des hautes études en sciences sociales.
Appuyant même ses propos : « Dire que la question est en elle-même raciste est absurde, c’est remettre en question toute possibilité d’enquête sur ces sujets. » Il serait donc possible de mesurer les préjugés sans les propager quitte à choquer une partie de la communauté concernée.
Nathalie ZADOK
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