Israël change de paradigme avec Washington : l’alliance oui, la dépendance non

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Israël change de paradigme avec Washington : l’alliance oui, la dépendance non

 Israël face à son avenir stratégique : pourquoi la réduction de l’aide américaine devient une nécessité nationale

Un tournant historique : quand l’alliance n’exclut plus l’indépendance

Depuis cinquante ans, l’aide américaine constitue un axe central du dispositif militaire israélien. Depuis la guerre du Kippour de 1973, Washington verse chaque année plusieurs milliards de dollars destinés à soutenir la défense de l’État juif.
Ce financement massif a permis à Israël de traverser des guerres, d’affronter des ennemis de plus en plus sophistiqués, et de conserver cette supériorité technologique indispensable à sa survie.

Mais aujourd’hui, quelque chose se fissure. L’aide est perçue non plus comme un bouclier inébranlable, mais comme une dépendance structurante, qui fragilise l’initiative stratégique d’Israël.
« L’objectif est une plus grande indépendance », a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu, annonçant qu’il s’exprimerait prochainement sur ce dossier explosif. Cette phrase marque le début d’une reconfiguration profonde de la relation militaire entre Jérusalem et Washington.

 Une aide qui renforce surtout… l’industrie américaine

L’accord actuel prévoit que la quasi-totalité des 3,8 milliards de dollars annuels soit dépensée exclusivement aux États-Unis, auprès des fabricants d’armes américains.
Ce dispositif, qui était autrefois souple, est devenu extrêmement rigide au cours de la dernière décennie : Israël ne peut quasiment plus investir cette aide dans sa propre industrie militaire.

Un haut responsable israélien l’explique sans détour : « Ce que l’on appelle l’aide américaine à Israël sert depuis de nombreuses années essentiellement à permettre à l’administration de s’assurer que les armes de fabrication américaine soient achetées avec des fonds américains. Israël vaut cinq fois la CIA pour les États-Unis, et bien que l’argent provienne du contribuable américain, il finit par retourner dans l’économie américaine. Le public parle d’“aide”, mais en réalité, il s’agit d’accords de coopération. »

Ce diagnostic, longtemps chuchoté dans les couloirs des institutions, est désormais discuté ouvertement.

 Le paradoxe stratégique : une aide vitale, mais un poids politique croissant

L’aide américaine a été « absolument vitale à l’État juif pour mener une guerre défensive efficace », notamment lors du conflit déclenché après le massacre du 7 octobre 2023.
Mais cette dépendance a aussi révélé son prix : même avec un accord d’aide signé et verrouillé, l’administration Biden a pu ralentir les livraisons d’armes en pleine guerre. La vulnérabilité politique est devenue flagrante.

À Washington, de nombreux élus estiment désormais que les Israéliens devraient financer davantage leur propre défense. À Jérusalem, des voix de plus en plus fortes considèrent qu’une nation qui se veut souveraine doit maîtriser sa production d’armement. Netanyahu l’a dit clairement : « Je veux rendre notre industrie de l’armement indépendante, totalement indépendante. Il est temps de garantir qu’Israël soit indépendant. »

La conclusion est sans ambiguïté : l’aide sécurise Israël, mais l’expose en même temps.

2028 approche : faut-il renouveler l’accord ou le réinventer ?

L’accord actuel expire en 2028. Au Congrès, des membres pro-israéliens ont demandé à l’ambassadeur Yehiel Leiter si Israël souhaitait le prolonger. Les Américains veulent anticiper les négociations. Les Israéliens, eux, hésitent.

En interne, le ministère de la Défense et le ministère des Affaires étrangères débattent de stratégies radicalement différentes. Une source proche du dossier affirme qu’il existe une véritable volonté « d’élaborer un modèle entièrement différent, tant sur le fond que sur la durée ».

Israël n’a pas encore déterminé la structure qui remplacera l’accord actuel, mais plusieurs pistes sont déjà sur la table.

Vers un nouveau modèle : coopération technologique, production conjointe, autonomie accrue

Une option envisagée serait de remplacer le modèle d’aide par un dispositif fondé sur la coopération technologique bilatérale : systèmes d’armes innovants, défense aérienne, cybersécurité, intelligence artificielle militaire. Le cœur du partenariat serait la technologie, non le transfert d’argent.

Une autre piste, tout aussi ambitieuse, serait la création de cadres de production conjoints entre industries américaines et israéliennes, pour les armements développés ensemble. L’objectif : briser le cercle de dépendance, tout en renforçant la coopération stratégique.

Le plus spectaculaire reste toutefois le gigantesque projet Golden Dome lancé par le président Donald Trump : un bouclier aérien américain inspiré directement du Dôme de Fer. La participation d’Israël à ce programme constituerait une nouvelle forme d’assistance, fondée sur l’expertise israélienne, et non sur des flux financiers unilatéraux.

Dans ce scénario, Israël ne serait plus le bénéficiaire passif d’une aide américaine, mais un partenaire technologique incontournable, capable de renforcer les États-Unis eux-mêmes.

 L’argument décisif : l’avenir de la souveraineté militaire israélienne

Même si l’alliance avec Washington est vitale et indestructible, il devient dangereux pour Israël de rester enfermé dans un modèle conçu dans les années 1980. Le monde a changé :

– les menaces sont plus rapides,

– l’innovation est plus décisive,

– et l’économie israélienne est bien plus forte qu’il y a vingt ans.

Un Israël plus autonome serait un Israël plus sûr. Et paradoxalement, un Israël plus autonome serait un allié plus utile pour les États-Unis.

Un expert américain l’a résumé ainsi : un Israël fort, capable de financer et produire davantage de ses armes, permettrait à Washington de réorienter ses ressources vers « la menace prééminente du XXIᵉ siècle : la Chine ».

C’est la première fois, depuis un demi-siècle, que Washington et Jérusalem envisagent simultanément une structure nouvelle, moins dépendante et plus collaborative.

Réduire l’aide pour renforcer l’alliance

Il ne s’agit pas de distendre l’alliance israélo-américaine, mais de cesser de la confondre avec un mécanisme financier devenu obsolète. Réduire progressivement l’aide américaine ne revient pas à s’en priver ; cela revient à la transformer pour qu’elle serve mieux Israël, et mieux les États-Unis.

L’enjeu n’est pas de s’éloigner, mais de grandir.

Israël a bâti son existence sur la capacité à décider seul, même lorsqu’il était isolé. Aujourd’hui, pour continuer de vivre dans un environnement où ses ennemis cherchent son anéantissement, l’État juif doit retrouver une autonomie stratégique pleine et entière.

L’alliance avec Washington est indispensable. La dépendance, elle, ne l’est plus.

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