
Trump et Gaza : une provocation ou une opportunité de débat ?
Un plan d’évacuation controversé
Lors de la conférence annuelle sur l’investissement saoudien à Miami, Steve Witkoff, l’envoyé du président Donald Trump au Moyen-Orient, a tenu à clarifier les propos du président américain concernant l’évacuation des Gazaouis.
Selon lui, ces propos ont été « mal compris » et ont avant tout pour but de provoquer un débat. Il a souligné :
« Le principe de base était le suivant : pourquoi essayerions-nous une solution qui n’a pas fonctionné depuis 50 ans ? »
Trump avait en effet suscité une véritable onde de choc en Jordanie et en Égypte en proposant de déplacer deux millions de Palestiniens vers ces pays, voire d’autres régions, dans le cadre d’un plan de prise de contrôle américain de la bande de Gaza.
Son objectif ? Démolir et reconstruire l’enclave palestinienne pour en faire ce qu’il appelle
« la Riviera du Moyen-Orient ».
Face à cette proposition radicale, les pays arabes, notamment la Jordanie et l’Égypte, ont exprimé leur refus catégorique, redoutant un bouleversement de leur équilibre interne.
De hauts responsables de l’administration Trump ont cependant indiqué qu’ils pourraient étudier d’autres propositions à condition qu’elles garantissent que le Hamas ne reprenne pas le contrôle de Gaza.
Une vision pragmatique de la reconstruction
Steve Witkoff a poursuivi son explication en insistant sur la complexité de la reconstruction de Gaza. Il a rappelé que personne n’avait mis en place un véritable plan de développement pour la région depuis 22 ans, ce qui lui paraissait insensé.
« Quand vous voyez les destructions à Gaza, vous comprenez que ce n’est pas un projet qui se réalisera en cinq ans. »
Il a comparé la situation à Manhattan, affirmant qu’il était déjà difficile de restaurer un immeuble new-yorkais en cinq ans, alors que Gaza est jonchée de 30 000 obus non explosés et de bâtiments dévastés.
Il a ajouté que le plan de réaménagement de Gaza sur cinq ans était, selon lui, irréaliste.
« Les conditions sont effroyables, tout est détruit. Cela nécessitera un nettoyage colossal, une vision d’ensemble et un plan directeur ambitieux. »
Un débat plutôt qu’une expulsion forcée
Witkoff a insisté sur le fait que l’objectif n’était pas d’imposer une expulsion forcée des Gazaouis, mais de poser une question fondamentale :
« Veulent-ils vraiment vivre là-bas ? Ont-ils envie d’un foyer à Gaza, ou préfèrent-ils une opportunité ailleurs, avec des emplois et de meilleures conditions de vie ? »
Selon lui, le simple fait d’avoir ouvert cette discussion a eu un impact majeur dans le monde arabe, où l’on envisage désormais des solutions qui n’auraient jamais été considérées auparavant.
Jared Kushner, ancien conseiller principal de Trump et spécialiste du Moyen-Orient, a soutenu cette approche en évoquant la nécessité de mobiliser des urbanistes, entrepreneurs et architectes du monde entier pour trouver une solution durable.
« C’est précisément ce que les propos du président ont généré : une réflexion approfondie et un élan vers une solution plus stable. »
Witkoff a conclu sur un point essentiel : l’espoir est un rempart contre le radicalisme.
Il a affirmé que les comportements extrémistes, comme le terrorisme, se produisent lorsque toute perspective d’avenir disparaît.
« Redonner espoir aux Gazaouis en leur offrant des perspectives concrètes pourrait changer la dynamique de la région. »
Les négociations pour la phase 2 : un chemin semé d’embûches
Abordant la phase 2 des discussions, Witkoff a exprimé son espoir de voir la confiance instaurée lors de la première phase se poursuivre. Il a mentionné son empathie pour les familles des otages, ayant lui-même perdu un enfant.
« Je comprends leur douleur, qu’il s’agisse de retrouver les corps de leurs proches ou de libérer ceux qui sont encore en vie. »
Mais cette deuxième phase s’annonce bien plus complexe, car elle implique la fin de la guerre. Or, selon Witkoff, Israël refuse toute issue laissant le Hamas au pouvoir. Les négociations avancent, mais il reste encore de nombreux obstacles à franchir.
Un sommet décisif en mars
Parallèlement, les pays arabes travaillent d’arrache-pied à une alternative.
Leur projet concurrent devrait être présenté lors d’un sommet au Caire le 4 mars, tandis qu’une réunion préparatoire des dirigeants arabes se tiendra demain à Riyad, en présence de la Jordanie, de l’Égypte, des Émirats et du Qatar.
Selon Reuters, ce plan pourrait inclure un financement de 20 milliards de dollars par les pays arabes pour la reconstruction de Gaza. Reste à savoir si cette initiative saura convaincre Washington et Israël.
Une chose est certaine : le Moyen-Orient est à un tournant, et les semaines à venir seront déterminantes pour l’avenir de Gaza et de ses habitants.
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