"Je me suis rendu" : La métamorphose des sentiements à Gaza, du 7 octobre à un an plus tard
Le 7 octobre, un jour qui marquait pour beaucoup à Gaza un tournant dans la confrontation israélo-palestinienne, s’est révélé être une source d’euphorie dans les rues, avec des scènes de joie et des cris de soulagement.
Pourtant, ces manifestations d’allégresse ont laissé place à des sentiments de désespoir et de regret alors que la situation s’est rapidement détériorée. "
Dès qu'un Gazaoui entend parler le matin d'événement qui sont définies comme des défaites pour Israël, il est rempli de beaucoup de fierté", explique le Dr Michael Milstein, chercheur au Centre Dayan de l'Université de Tel Aviv. "C'est la première fois dans l'histoire du conflit qu'ils frappent les Israéliens d'une manière aussi fatale."
Division et Réactions Humanitaires : Des Voix Discordantes
Sur le terrain, certaines voix résonnent différemment, témoignant d’une division croissante au sein de la population de Gaza. Lors de notre visite au passage humanitaire de Jabaliya, plusieurs Gazaouis ont exprimé leur désapprobation vis-à-vis de cette euphorie initiale.
"Le 7 octobre est un jour noir et je déteste le mois d'octobre," a confié un habitant de Gaza. Il a ajouté avec amertume : "Je maudis ce mois et tous ceux qui y sont nés. Et croyez que les 7 octobre 2025 et 2026, vous conquérirez (qu'Israël conquérira) tous les pays arabes. Que Dieu vous bénisse."
Ezati, un autre Gazaoui, évoque un mélange de peur et de désillusion : "Je fais partie de ceux qui se rendaient au travail en Israël et la guerre a commencé. Alors, quand j'ai vu ces spectacles, j'ai eu vraiment peur." Il raconte avoir ressenti un choc en voyant les scènes de réjouissance que les médias diffusaient. "J'ai vu que la joie était limitée," explique-t-il, soulignant l'écart entre une minorité bruyante et la majorité silencieuse.
Entre Cris de Joie et Tristesse Dévastatrice
En un an, Gaza est passée de l’euphorie au désespoir. Des tweets, récoltés avec l’aide de Daniel Wachtal, illustrent ce revirement.
Ahmad, par exemple, tweetait aux premières heures du 7 octobre : "Après ces événements, si je ne jure pas devant le Hamas, je ne suis plus un homme."
Un an plus tard, il publie : "Je veux tout supprimer et recommencer." De la même façon, Samer, qui clamait autrefois : "La moitié de Gaza à Sderot, la moitié de Sderot à Gaza. Prière de midi à la mosquée Al-Aqsa," se retrouve à confier : "Le déplacement est bien plus difficile que la guerre elle-même."
Nada, qui plaisantait en demandant "Il y a des taxis pour Jaffa, combien coûte le voyage ?" avec un emoji rieur, exprime aujourd’hui un sentiment de désarroi : "Quel péché avons-nous commis pour que nos vies tournent ainsi ? Pour qui et qu'est-ce arrivé ?"
Ces témoignages soulignent le revirement de cette population où l'effondrement du Hamas la rend vulnérable et prête ,à présent, de se mettre aux côtés du vainqueur en l'occurence Israël,
Un Regard vers l’Avenir : Désespoir et Opposition Croissante
La destruction omniprésente dans les rues de Gaza aujourd’hui laisse planer une question cruciale : et maintenant ? Certains analystes estiment que le désespoir croissant pourrait alimenter une opposition au Hamas.
Toutefois, comme l’indique le lieutenant-colonel Alon Avitar, expert de la scène palestinienne : "Il existe toutes sortes de pensées israéliennes selon lesquelles il est possible de faire passer la société de Gaza d'une voie de lutte armée à une société plus tolérante et plus modérée, etc. Je pense que ces aspirations sont irréalistes."
Pour d’autres, une transformation profonde est nécessaire, reposant sur une "rééducation" et une remise en question des idéaux de violence qui ont imprégné les générations. "Tout futur accord dans la bande de Gaza doit aborder ce problème à la racine," explique-t-il, soulignant que, jusqu’à présent, il n’existe pas d’effort notable pour assumer la responsabilité des actions du 7 octobre. Dr. Milstein conclut en citant Mahmoud Darwish, poète national palestinien : "Nous commencerons à être un peuple dès que nous cesserons de nous traiter comme des anges, comme des victimes."
Les récits de Gazaois déçus par l’évolution de leur situation dessinent une opposition croissante envers le Hamas, ainsi qu’une prise de conscience des limites de la violence. Mais l’avenir demeure incertain, et la reconstruction d’une société tournée vers la paix s’annonce comme un défi complexe.
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