TETSAVE Les vêtements du Grand Prêtre
Après avoir décrit dans la sidra Terouma, la construction du sanctuaire et de son mobilier, la Bible, dans la lecture liturgique de ce chabbat, énumère les pièces composant les tuniques des prêtres. Nous trouvons au sujet des vêtements sacrés des prêtres « insignes d’honneur et de majesté », au chapitre 28, tous les détails concernant leur confection, leur forme et leur aspect. Plus de quarante versets de la Torah sont consacrés à l’explication du commandement donné à Moïse de « faire confectionner des vêtements sacrés , ou des vêtements de sainteté, pour Aaron ton frère, insigne de splendeur et de beauté majestueuse.
En quoi ces vêtements du grand prêtre sont-ils tellement importants ?
Le judaïsme ne met-il pas d’habitude l’accent sur l’intériorité, en se montrant très réservé vis-à-vis des signes extérieurs comme l’habillement ?
« L’habit fait le moine » La splendeur et la beauté sont effectivement une partie intégrante du sacré et ajoutent beaucoup à l’honneur et à la respectabilité de la personne qui est sensée incarner cette valeur du « sacré » dans le cadre de l’office public.
De même que la couronne et les autres emblèmes de la royauté suscitent les sentiments respectueux du peuple vis-à-vis de leur roi, de même les vêtements raffinés du grand prêtre rehaussent sa position au sein de son peuple.
Le Séfer Ha’hinou’h va encore plus loin, en expliquant que le pèort de ces vêtements spèciaux, réservés au prêtresavait aussi pour but de rendre attentifs les prêtres sur leur vocation sacrée.
Mais presque tous les commentateurs s’accordent pour dire que tous ces habits, et plus spécialement tout le détail de leur confection n’ont pas été décrits uniquement pour servir de guide à ceux qui avaient la mission de les faire, mais elles renferment des significations mystiques et symboliques.
Le vêtement est présenté dans la Bible comme l’un des signes les plus anciens de la civilisation humaine. Adam et Eve, quand leurs yeux se dessilèrent après avoir consommé le fruit de la connaissance, prirent peur et eurent honte de leur nudité (Gen. 1,24)
La première chose que D.ieu fit pour humains, à leur entrée dans le monde, ce n’est pas de leur construire une maison, ou de leur apprendre à fabriquer des outils, mais « D.ieu fit pour Adam et sa femme des tuniques de peau et il les en vêti ».
Dans l’esprit de la Torah, l’habit traduit assez bien le caractère de celui qui le porte, et doit être regardé avec un certain respect..
Chaque vêtement et sa fabrication, en conformité avec les prescriptions de la Torah, recèlent de nombreux enseignements.
Pour Maïmonide, il est inutile de demander pourquoi l’éphod est d’or, d’azur, de pourpre, pourquoi il a deux épaulières, pourquoi la robe de l’éphod est entièrement d’azur, pourquoi ses borts sont garnis de grenades d’azur et de pourpre, entremêlées de clochettes d’or et autres questions du même genre relatives à tous les détails.
En effet, une fois la prescription donnée, il fallait bien en définir, sous une forme ou une autre, le mode précis de réalisation et il n’y a pas lieu, par conséquent, de chercher un sens symbolique dans les détails de ces vêtements sacerdotaux dont-on nous dit simplement, d’une façon générale, qu’ils sont « des insignes d’honneur et de magnificence ».
Reconnaissons, toutefois que notre curiosité ne saurait se satisfaire de cette explication. De nombreux commentaires ont été faits au sujet de l’Ephod et sur les autres vêtements des prêtres que nous aurons l’occasion de développer dans les deux sidroth du livre de Chemoth.
Claude Layani