
Pois cassés et ailes brisées des êtres
Daniel Habrekorn, Flore et bestiaire imaginaires, L’Harmattan, Paris, 2016, 248 p. — 25,00 €.
Daniel Habrekorn possède le talent de monter une mayonnaise-maïeutique pour faire accoucher les esprits des pensées qu’ils contiennent, comme l’expliquait Socrate. Pour y parvenir il passe par une flore et un bestiaire pas forcément intestinaux.
Au sommet de la pyramide animale, végétale et jusqu’à leurs figures fantasmatiques officielles (dragon, dahu, chimère, phénix, vouivre, etc.) il n’y a plus forcément l’homme : il ne le mérite pas. Habrekorn préfère ajouter ses propres créatures et reprend le flambeau de la littérature ancienne comme celle du temps (ou presque) en engrossant les monstres inventés par Giono, Picabia, Daumal, Vialatte, Benjamin Péret.
Sans jouer les lacaniens de bazar, l’auteur avec ses coups de « Korn » fait danser en l’être ses bestiaux : ours, chevaux, « dromameaux » et autres coléoptères au milieu des touffes de « gobe-rêves » et “Grand Tout”.
L’auteur répond à la souillure humaine par ses fables où se posent des questions centrales. Par exemple, savoir si les zèbres sont noirs à rayures blanches ou blancs à rayures noires… D’où la déclinaison d’ersatz : « zèbre de Grévy », « zébrule », « poulain zèbre », etc.
Encore fallait-il trouver les mots pour les dire. Et ce, non pour faire sortir la haine mais plutôt afin d’entrer dans le fond de l’être.
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