Michel Boujenah

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Michel Boujenah Le Magnifique

Interview réalisée par Claudine Douillet et Nathalie Zylberman

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Il traverse le couloir accompagné de deux de ses techniciens, Michel Boujenah vient de finir de faire sa balance du son, sur la scène du thêatre de Lagny-sur-Marne ,pour le spectacle de ce soir " les Magnifiques".
Il prend siège avec nous, comme un copain, il écoute d'abord les messages de son portable et nous raconte en même temps l'anecdote d'une journaliste suisse, puis téléphone à un de ses amis, sans se rendre compte, il nous fait renter dans une partie de sa vie.
Puis en raccrochant avec cet ami, il nous explique, "c'est un bon ami, très bon ami, très riche," Sourire entendu de notre part " non... je n'ai que deux amis très riches....mais ils veulent tous les deux investir dans ce que je fais,
et je ne veux pas !" "je leur ait dit que je préfère compter sur eux en cas de problème, c'est ça l'amitié"
" Il ne faut jamais faire des affaires avec des amis !" "dans mon dernier film je leur ai permis d'investir 50 euros pour leur faire plaisir...."

On est tout de suite séduit par sa gentillesse, il semble à l'aise, il nous parle comme à des amis, le vouvoiement de convenance en devient encombrant.

Et puis l'homme s'anime,ses grands yeux s'ouvre sur un océan de réflexions, chaque mot l'interpelle, il se découvre, il nous révèle sa complexité et profondeur de pensée, sa vie d'artiste, sa façon de la vivre, "Il n'est pas ambitieux, il ne cherche pas à séduire à tout prix, bien sûr qu'il aime lorsque l'on aime ce qu'il fait, lorsque l'on l' aime tout court .

L'essentiel selon lui est d'avoir la satisfaction de faire ce que l'on aime, pour soi d'abord et tant mieux si cela plaît à d'autres, pas de vouloir être le premier sinon rien.
Il plaint cette génération "star-ac", lorsqu'il voit ces jeunes débarqués dans ce métier avec les yeux emplis d'étoiles et les mains vides.
Il leur demande " Mais pourquoi tu veux faire ce métier ?" " Pour être connu, reconnu" invariablement son conseil est de les décourager, "Ce métier est le plus difficile au monde dit-il le plus dur au monde,je suis heureux profondément heureux d'être encore là après 20 ans"
Il veut continuer le plus longtemps possible dit-il, de communiquer avec son public son expérience, ses leçons de vie, cet amour, ce désespoir aussi.
" Vous auriez pu tout aussi bien être un écrivain ? "
" Non ,car j'appartiens à la tradition orale..."
Il nous raconte, il nous explique le sens de la Paracha,(pagraphe de la Bible que le garçon agé de 13 ans doit apprendre par coeur pour le jour de communion) " chaque garçon lorsqu'il fait sa bar-mitzva, apprend par coeur, un bout de la Thora correspondant à sa date de naissance. Pourquoi ? parce que si un jour on n'a plus de thora écrite en rassemblant les enfants alors nous avons toute la thora ..."
Ses racines semblent être ses ailes. Il traduit en peu de mot toute une histoire, notre histoire.
C'est un conteur merveilleux dans le respect cette tradition orientale dont il est issu et profondément pétri.
il captive son auditoir, nous sommes suspendu à ses mots, nous avons l'intuition qu'il va nous faire découvrir quelque chose d'essentiel.
Son humour, sa façon de nous parler, est celle d'un sage, je lui fait remarquer :
" Ce qui veut dire que je suis vieux ?"
Il ne souhaite pas être rassuré, juste que je comprenne...
" Non que vous êtes sage, d'ailleurs en hébreu le mot Zaquen ne veut pas dire vieux, mais sage"
L'humour est le véhicule, le support ,qu'il a choisit pour parler de choses graves.
L'identité thème essentiel est la partie la plus émouvante de son spectacle.
Au fils renégat, qui change de nom, de lieu, tentant de changer d'identité, de ressembler aux autres. le père juif tunisien dit "mon fils, tu as changé d'enveloppe mais cette enveloppe est vide, car tu n'as pas la lettre."
" N'oublie jamais ,mon fils ,que dans la vie on nous donne un clou, et même si ce clou est rouillé, même si il est tordu, tu dois continuer à l'enfoncer, tout le temps et toujours le même"
Son sens de la parabole, nous rattache avec émotion à nos propres valeurs, ne jamais oublier qui nous sommes,que cela nous plaise ou pas .
Je ne saurais pas définir Michel Boujenah ,encore aujourd'hui, et je pense qu'il en sera heureux, il n'aime pas être étiquetté, catalogué mais je sais que j'aurais voulu discuter avec lui encore longtemps, je ne sais pas si à la fin de cette discussion j'aurai ri ou pleurer, mais je parie fort pour les deux.
Claudine Douillet

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