JERUSALEM, le 09/10/07 - La police israélienne interrogeait mardi le Premier ministre Ehud Olmert dans le cadre d'une enquête sur un scandale financier, qui ne devrait toutefois pas remettre en cause son maintien au pouvoir.
"M. Olmert est interrogé à sa résidence officielle de Jérusalem (...). Il est le dernier à répondre aux enquêteurs dans l'affaire de la Banque Leumi", a déclaré un porte-parole de la police, Micky Rosenfeld.
Il a précisé que M. Olmert avait été averti que ses réponses pourraient être utilisées contre lui en cas de poursuites judiciaires, et que l'interrogatoire pourrait éventuellement reprendre jeudi.
Le Premier ministre est soupçonné d'être intervenu, alors qu'il était ministre des Finances par intérim en 2005, en faveur d'un homme d'affaires australien, Frank Lowy, initialement candidat à la reprise d'une partie du capital de la banque, la deuxième du pays. L'appel d'offres avait été finalement remporté par un autre candidat, sans relation avec M. Lowy.
Après l'interrogatoire de M. Olmert, la police devra établir son rapport d'enquête. Le cas échéant, elle pourra recommander au procureur de l'Etat, Menahem Mazouz, qui est aussi conseiller juridique du gouvernement, d'ordonner des poursuites judiciaires.
Selon des sources policières citées mardi par le journal Haaretz, il sera difficile d'établir la preuve d'une malversation de M. Olmert, qui affirme "avoir les mains totalement propres dans cette affaire". "Le Premier ministre est certain que les conclusions de l'enquête prouveront que toutes ses décisions dans le cadre de cette affaire avaient été de nature purement professionnelles", a indiqué un communiqué de son bureau.
Dans le passé, de nombreux chefs de gouvernement israéliens ont fait l'objet d'enquêtes similaires, mais aucun d'eux n'a pour autant dû renoncer à ses fonctions.
La popularité de M. Olmert, qui était au plus bas dans les sondages en raison de son implication présumée dans de nombreux scandales et des ratés de la guerre au Liban à l'été 2006, est en hausse spectaculaire depuis le raid de de l'aviation israélienne mené le 6 septembre en Syrie.
Selon les médias, la commission gouvernementale d'enquête Winograd sur la guerre au Liban pourrait en outre s'abstenir d'émettre dans son rapport définitif des conclusions visant personnellement le Premier ministre.
La procédure exige que M. Olmert soit averti préalablement de telles conclusions pour qu'il puisse assurer sa défense, et la commission préférerait s'épargner un report de la publication de son rapport, attendue fin décembre.
Contrairement à Amir Peretz et au général Dan Haloutz, respectivement ministre de la Défense et chef d'état-major lors de la guerre du Liban, le Premier ministre n'a pas démissionné. Il s'appuie aujourd'hui sur une solide coalition de 78 députés sur un total de 120 à la Chambre, et affirme vouloir rester aux affaires jusqu'à la fin de la législature en 2010.
L'économie est au beau fixe, avec un taux de croissance de 5,1% en 2006, et M. Olmert affirme en outre disposer d'un agenda diplomatique. Lundi, au Parlement, il s'est ainsi dit déterminé à "donner un élan" au processus de paix avec les Palestiniens, en panne depuis sept ans.
M. Olmert et le président palestinien, Mahmoud Abbas, sont convenus de travailler sur un "document conjoint" en vue d'une réunion internationale de paix sur le Proche-Orient prévue en novembre aux Etats-Unis.
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