Cabinet palestinien d'union: le Hamas intraitable sur la reconnaissance d'Israël
GAZA - Le Hamas persistait mardi dans son refus de voir le futur cabinet palestinien d'union nationale reconnaître Israël, une condition à la reprise de l'aide occidentale, alors qu'un responsable israélien a sévèrement critiqué le Premier ministre pressenti pour le diriger.
"Il n'a pas été demandé au prochain gouvernement de reconnaître Israël et il ne le reconnaîtra pas", a déclaré le numéro deux du bureau politique du Hamas, Moussa Abou Marzouk, basé à Damas, à l'agence de presse palestinienne Ramattan.
"Cette question de reconnaissance d'Israël est sans précédent sur le plan international. Il n'a pas été demandé aux deux Allemagne (de l'ouest et de l'est) de se reconnaître l'une l'autre alors que le monde entier les avait reconnues", a ajouté M, Marzouk.
Citant également l'exemple des deux Corée et de la Chine et Taiwan, il s'est interrogé: "Pourquoi la Palestine, qui n'est pas encore un Etat, doit-elle reconnaître Israël?". Il a en outre affirmé que le Hamas, qui contrôle le gouvernement palestinien depuis mars, renoncerait "à 11 ou 12 portefeuilles" dans un futur cabinet d'union auquel se joindrait le parti Fatah du président Mahmoud Abbas. Les déclarations de M. Abou Marzouk surviennent alors que M. Abbas et le Hamas semblent sur le point de sceller un accord sur la composition du futur cabinet après plusieurs mois d'impasse.
Un précédent accord conclu en septembre sur la plate-forme politique du cabinet d'union avait été torpillé par une série de déclarations de chefs du Hamas refusant toute reconnaissance d'Israël ou des accords passés comme l'exige l'Occident. Le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum, a pour sa part affirmé à l'AFP que le document dit "d'entente nationale" qui servira de base à la plateforme politique du cabinet d'union "n'offre pas une reconnaissance de l'occupation ou d'Israël". "Ce document parle du retrait israélien des territoires palestiniens occupés en 1967, de Jérusalem, des colonies juives, des relations internationales et de la résistance", a-t-il ajouté. "Le Hamas ne reconnaîtra pas Israël, qui occupe la terre, tue et commet des massacres", a poursuivi le porte-parole. Il a répété que le Hamas "n'est pas favorable à la solution de deux Etats (la Palestine et Israël) car cela revient à reconnaître Israël".
En visite en Jordanie, M. Abbas a pour sa part démenti s'être entendu avec le Hamas sur l'identité du futur Premier ministre, des sources du Fatah et du mouvement islamiste ayant ces derniers jours affirmé que le poste irait à l'universitaire Mohammed Chbeir. "Il n'y a pas, comme il a été dit à Gaza, de noms spécifiques pour la fonction de Premier ministre. Des noms circulent mais il n'y a pas encore eu de décision sur une personne en particulier", a déclaré M. Abbas à l'issue d'un entretien avec le roi Abdallah II, selon le communiqué du palais royal à Amman. M. Abbas, qui a informé le souverain jordanien des efforts déployés pour la mise en place d'un gouvernement d'union, a décrit M. Chbeir comme "une personnalité connue", tout en précisant que les noms d'autres candidats étaient en cours de discussion.
En Israël, le ministre de la Sécurité intérieure Avi Dichter s'en est pris mardi à M. Chbeir lui reprochant d'avoir été à la tête d'une université "pépinière de terroristes et d'assassins", dans une interview à la radio publique. Il a estimé dans ces conditions que sa nomination à la tête d'un nouveau cabinet ne suffirait pas à convaincre Israël de renouer le dialogue et de lever les sanctions économiques infligées aux Palestiniens. Les Palestiniens espèrent qu'un nouveau cabinet permettra une reprise des aides financières directes au gouvernement de l'Autorité palestinienne, que les Etats-Unis et l'UE ont suspendues depuis l'arrivée du Hamas à sa tête.
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