
Daniel Ginat : l'avocat devenu gourou des théories du complot en Israël
Qui est Daniel Ginat ?
Daniel Ginat, 37 ans, est un avocat indépendant spécialisé en dommages corporels et en assurances nationales. Installé à Karnei Shomron, cet ancien membre du sionisme religieux et de Bnei Akiva s'est fait connaître non pas par ses activités juridiques, mais par ses prises de position complotistes.
Avec une audience de plus de 70 000 followers sur diverses plateformes (Telegram, Instagram, Twitter, Facebook, WhatsApp, TikTok et YouTube), il propage des théories qui vont de la supposée trahison du Shin Bet à l'implication de l'État d'Israël dans les attaques du 7 octobre.
Les théories chocs de Daniel Ginat
Ginat affirme que l'attaque du 7 octobre a été orchestrée par l'État d'Israël lui-même, qu'il nomme « la société Israël », dans le but de créer un « nouvel ordre mondial ». Parmi ses autres théories :
- Les terroristes du Hamas sont des agents israéliens.
- Le Dôme de Fer est une escroquerie.
- Les otages ont été kidnappés et libérés par l'État lui-même.
- Benyamin Netanyahou serait un agent de la CIA et un membre de haut niveau des Illuminati.
- La Fondation Wexner serait responsable des événements du 7 octobre.
Ces théories sont relayées par de nombreux adeptes sur sa chaîne Telegram "Résistance", qui compte plus de 20 000 abonnés.
Des propos repris par des figures politiques
Si ces théories peuvent paraître absurdes, elles trouvent pourtant un écho dans certaines sphères politiques israéliennes. Ainsi, Yair Netanyahou, fils du Premier ministre, a partagé une vidéo publiée par Ginat suggérant que l'un des ravisseurs de la famille Bivas était israélien. De même, la députée Tali Gottlieb (Likoud) a affirmé que le Shin Bet avait intercepté des conversations entre le Hamas et le mari d'une figure de l'opposition avant le 7 octobre.
La théorie des "traîtres de l'intérieur" et la photo de l'homme en chemise bleue
Cette théorie du complot, l'une des plus cruelles connues en Israël, suggère qu'une entité israélienne aurait aidé le Hamas lors de l'attaque du 7 octobre.
Parmi les "preuves" avancées par ses partisans, deux vidéos ont été largement diffusées, notamment celle montrant Shiri Bibas et ses enfants Ariel et Kfir enlevés par le Hamas.
Désormais, alors que le Hamas annonce leur décès et la restitution de leurs corps, la photo d'un homme en chemise bleue et lunettes, visible près de la famille Bibas, refait surface sur les réseaux sociaux. Des posts viraux s'interrogent : "Qui est cet homme qui donne des instructions lors de l'enlèvement de la famille Bibas ?"
La réfutation des fake news
Cette photo est en réalité un montage, comme l'a prouvé Fake Reporter, un projet israélien luttant contre la désinformation. Dès décembre 2023, ses chercheurs ont analysé l'image et ont conclu :
"La photo originale contient plusieurs signes suspects indiquant qu'elle a été modifiée. Un tampon rouge a été supprimé avec Photoshop et un autre visage a été collé à sa place. Pourquoi ?"
En janvier 2024, Fake Reporter a publié une analyse plus poussée, expliquant que l'homme en chemise bleue n'existe pas :
"Son nom n'est pas Joe Martin, il ne s'appelle pas Yosef Daoud, et il n'a aucun lien avec la famille de Shikma Bresler. Cette photo est une fabrication visant à alimenter la théorie de la 'trahison de l'intérieur'."
Un appel à la vigilance contre la manipulation
Face à la recrudescence de ces rumeurs, l'Association Internet Israélienne a publié un avertissement :
"Dans les jours à venir, il est particulièrement important de consommer des informations provenant de médias reconnus et d'institutions officielles. L'expérience montre que les réseaux seront remplis d'informations déformées, portant préjudice aux familles des victimes."
Elle invite également le public à signaler ces publications à la ligne d'assistance Safe Internet afin de limiter leur propagation.
Un phénomène à surveiller
Dans un climat où la désinformation prolifère, le cas de Daniel Ginat et de la théorie des traîtres de l'intérieur illustre le danger des réseaux sociaux comme vecteurs de manipulation de masse. Le retour de la photo de l'homme en chemise bleue, déjà démentie par des experts, montre à quel point ces théories persistent malgré les preuves factuelles.
Si la liberté d'expression est fondamentale, la véracité des faits est essentielle pour préserver une société informée et unie.
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