Bambie Thug contre Eden Golan : Une Métaphore ?

Dans la lutte éternelle entre le bien et le mal, ces deux candidats à l'Eurovision semblent presque caricaturaux - jusqu'à ce qu'on réalise que leur contraste n'est pas sciemment construit. "Bambie Thug contre Eden Golan".

Parfois, la vie nous offre des métaphores avec une maladresse déconcertante.
Si c'était un film, on pourrait penser que les scénaristes auraient pu faire preuve de plus de subtilité en transmettant le message. D'accord, nous comprenons.
L'un crie, en colère, tout de noir vêtu, l'autre sourit, doux, baigné de lumière.

Avions-nous vraiment besoin d'ajouter le pentagramme et l'homme de main démoniaque pour comprendre qu'il s'agit d'une bataille entre le bien et le mal ? Au minimum, leur donner des noms plus crédibles aurait été préférable. Voyou ? Eden ? Pourquoi insulter l’intelligence du spectateur ?

Mais c'est la réalité, ce qui nous amène à nous demander si quelqu'un n'est pas frustré par notre incapacité à saisir le message et a décidé de nous l'expliquer comme à des enfants de quatre ans regardant un film de Disney.

Et comme dans un film pour enfants, il y a des nuances que seuls les plus avertis peuvent percevoir.
Par exemple, leurs noms complets contiennent chacun un paradoxe identique.Leurs prénoms évoquent la douceur."Bambie" Leurs noms de famille évoquent le pouvoir "Thug".
Ce qui est vraiment fascinant, c'est la manière dont ils incarnent des expressions opposées de ce paradoxe dans la réalité.

Les voyous sont des tyrans à l’extérieur. Ils projettent une puissance brute, sont intimidants et effrayants, voire démoniaques. Ils dominent, crient « amour » tout en dégageant une haine palpable.
Mais grattez la surface d'un tyran ordinaire et vous découvrirez un Bambie fragile et effrayé, dont la bravade est une façade pour dissimuler une profonde vulnérabilité.

Bambie Thug est une présence intimidante sur scène, mais en interview, la façade se brise comme une coquille d'œuf et la moindre critique est vécue comme une menace qui la fait fondre en larmes.

Eden est tout le contraire. Agréable, souriante, angélique et vulnérable à l’extérieur, avec une force intérieure aussi solide que le plateau du Golan.

Elle est capable de faire face aux huées d'un public hostile et aux critiques d'un jury biaisé, d'en tirer sa force et de faire briller un amour authentique capable de conquérir instantanément le cœur de millions de personnes.

Et tandis que ses danseurs évoquent de manière obsédante les atrocités commises par le Hamas, elle n’a pas besoin de crier.

Elle peut regarder le mal en face, survivre, sourire et encore chanter l’espoir.

Eden est un modèle d'un nouveau type de sabra, le sabra inversé. Elle n’a pas besoin de masquer sa bonté avec une carapace épineuse. S

es entrailles ont la force du fer forgé dans la douleur et la perte ; elle n'a pas peur de son humanité. Elle accepte sa vulnérabilité, tout comme elle embrasse l’humanité. Et l'amour.

Est-il naïf de penser qu’Eden Golan devrait être notre nouveau modèle de victoire ?
Une alternative aux voix qui disent que la seule manière de gagner est de détruire totalement ? Que la seule façon de triompher est de jouer selon les règles de nos ennemis, d'être aussi durs, brutaux et voyous qu'eux ?

Une nouvelle voie pour embrasser et être fiers de notre bonté et de notre humanité, confiants en notre force intérieure qui s’est révélée indestructible au cours des sept derniers mois ? Est-il trop idéaliste de suggérer qu’une grande partie du monde agit comme un Bambie Thug, dissimulant ses peurs existentielles pour son identité et sa survie en intimidant violemment les autres, puis en jouant la carte de la victime ?

Je ne sais pas. Mais je me demande si notre fin heureuse pourrait dépendre de notre capacité à comprendre les messages qui nous sont envoyés.

A PROPOS DE L'AUTEUR
Avidan Freedman est le co-fondateur et directeur de Yanshoof (www.yanshoof.org), une organisation dédiée à l'arrêt des ventes d'armes israéliennes aux violateurs des droits de l'homme, et éducateur au niveau secondaire et post-secondaire de l'Institut Shalom Hartman. Il vit à Efrat avec sa femme Devorah et leurs 5 enfants.