Une néonazie allemande, soupçonnée d'être au coeur d'une série de crimes racistes en Allemagne qui ont fait dix morts entre 2000 et 2007, a été mise en accusation pour meurtre jeudi.
Beate Zschäpe, 37 ans, est accusée d'avoir participé à dix meurtres, dont neuf racistes, et quinze vols à main armée, a annoncé jeudi le procureur général fédéral, Harald Range.
Elle avait été arrêtée en novembre 2011 dans le cadre de cette affaire à l'origine d'un scandale retentissant en Allemagne et qui relancé le débat sur une éventuelle interdiction du parti d'extrême droite NPD.
Mme Zschäpe était l'un des membres d'un groupuscule néonazi "Clandestinité nationale-socialiste" (NSU) soupçonnés d'avoir tué neuf immigrés, dont huit Turcs et un Grec entre 2000 et 2006, et une policière en 2007.
Quatre autres personnes, des complices présumés, ont également été mises en accusation, a ajouté M. Range, à Karlsruhe (ouest).
Parmi elles, se trouve un ancien cadre dirigeant du parti d'extrême droite NPD, Ralf Wohlleben, 37 ans, accusé avec Carsten Schultze, 32 ans, de complicité de meurtre.
Le troisième, André Eminger, est accusé de complicité dans un attentat à l'explosif à Cologne (ouest) et le quatrième, Holger Gerlach, doit être jugé pour avoir soutenu le NSU dans trois cas.
Les deux autres membres principaux de la NSU, Uwe Mundlos et Uwe Böhnhardt, avec qui Beate Zschäpe vivait dans la clandestinité, se sont suicidés en octobre 2011. C'est grâce à la découverte des deux corps et à la reddition de la jeune femme quatre jours plus tard que la série de meurtres avait été élucidée.
L'objectif du trio, selon le parquet général fédéral, était par ces meurtres, "pratiqués comme des exécutions", de semer la peur parmi les étrangers vivant en Allemagne et de les pousser à quitter le pays. M. Range a précisé qu'une enquête contre huit autres personnes était encore en cours.
Longtemps, la police allemande avait soupçonné les milieux criminels turcs et avait écarté la piste des meurtres xénophobes.
Lors d'une cérémonie solennelle, la chancelière Angela Merkel avait fait part de la "honte" de l'Allemagne et présenté ses excuses aux familles des victimes, la plupart des petits commerçants abattus dans leur magasin, soupçonnées à tort.
Les nombreux ratés de cette enquête ont partiellement décrédibilisé les services de renseignement intérieur, et le gouvernement d'Angela Merkel a promis une vaste réforme des Renseignements généraux.
Le lancement d'une possible nouvelle procédure d'interdiction du NPD, une formation ouvertement raciste, antisémite et nostalgique du IIIe Reich, après un échec retentissant en 2003, doit notamment être discuté en décembre au niveau des Etats régionaux. Le ministre fédéral de l'Intérieur, Hans-Peter Friedrich, s'est toutefois prononcé contre.
Le procès des cinq accusés doit avoir lieu à Munich, capitale de la Bavière, choisie car la majorité des victimes vivaient dans cet Etat régional du Sud de l'Allemagne.
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