Ana Negro :une artiste juive argentine

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Ana Negro artiste peintre argentine thème la Shoa

 

Ana Negro est une artiste juive argentine. Toute son œuvre a un seul sujet traumatique : la Shoah.

Les intranquilles d’Ana Negro
« De la mort et la plaie surgissent mes êtres. Mais ils s´érigent comme des corps re- incarnés. Ils ne pourront pas être tués une deuxième fois » (Ana Negro).
Dans ses cérémonies glacées et en leurs profondeurs Ane Negro témoigne des émotions les plus vivent en ouvrant à ce que les mots ne peuvent dire. De la sorte elle engrange beaucoup d’imperceptible et de non dit. Chaque ensemble d’être tirés des limbes la créatrice juive argentine fait varier sa quête même si d’une certaine façon elle enfonce toujours le même clou. Pour elle la peinture c’est à la fois se déposséder et se reposséder à travers des scènes où les êtres sont en déséquilibre et équilibre, proches très proches ne pouvant plus de relier. Des courants comme trouvés en cours de route affluent, captés par surprise : au flux premier ils se surajoutent en des processions horizontales de ressacs troublants. Il est impossible parfois de les préciser. Chaque toile crée des ondes, des poussées auxquels s’ajoutent de multiples retours de variations avec une infinité de détails rendus distincts par les quelques couleurs retenues.
La terreur de la Shoah dont tout part chez l’artiste surgir est par les immenses formats des « intranquilles ». Tout est sous-jacent comme enclenché du dedans. Le temps s’immisce de partout avec l’ impermanence que donne ici la fixité paradoxale de la peinture. Elle bouge continuellement dans son rayonnement. Sous fond monocolore se concentre la puissance de profondeur du feu intérieur. Sous l’apparente déliquescence des assemblages graphiques une humanité assassinée tente de se recréer. Tout ramène ainsi ramène à ce que Jabès lançait "O, Sarah, nous eûmes un corps : un corps pour la caresse et l'amour - un double corps pour l'extase et le trouble".

Ana Negro , artiste peintre argentine, les intranquilles

Ana Negro , artiste peintre argentine, les intranquilles

 

Mais les monstres de l’Histoire en ont décidé autrement. Reste à ceux qui dans l’œuvre semblent des morts-vivants ou des vivants-morts le désespoir. Ceux qui s’agglutinent ne peuvent plus rien pour eux comme pour les autres. Ana Negro montre le corps si proche, si étrange et prouve que ce qu’on appelle le présent demeure toujours ce qui nous précède dans les troubles de l’histoire des terreurs.

 

L’espace inscrit une possibilité et une impossibilité sans indications de lieu ou de temps. Sans non plus que l’on sache ce que le corps peut prendre ou donner. En de telles scènes les morts reviennent hanter les vivants. Comme les vivants les morts. Dans une palette limitée de couleur surgissent les cris dans de silence et le silence après les derniers cris . C’est peut-être la fin. Ou juste une accalmie. Tout dans de telles scènes de transforme en litanies récurrentes et obsédantes dans la transposition d'un processus de perte mais aussi la lutte contre le tragique.

 

Les silhouettes restent suspendues à une attente au sein de chaque séquence.

Et l’artiste oppose ainsi la vie au glissement des morts sur le plateau nu de ses œuvres. Le fond est clôture ou borne. Ana Negro le dépasse en des tonalités et monochromes. Elles sont les marques de l'être contre la spoliation, la désappropriation. Ana Negro ouvre des tombeaux au nom d'une souffrance. Ses œuvres possèdent le pouvoir de "nous faire marcher dans la peur" . Elle cette est ici intériorisée dans l'élimination de tous décors et au sein d'une simplicité et d'une austérité exemplaires.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

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