Le Pletzl, le coeur du quartier juif de Paris, nous rappelle de ne pas l'oublier

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Le Pletzl, (פלעצל, « petite place » en yiddish est la « place Saint-Paul » dans le 4ème arrondissement de Paris.
Cette petite place a connu un renouveau important à la fin du xixe et dans la première moitié du xxe siècle jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, où elle a accueilli des dizaines de milliers de juifs ashkénazes "yiddishophones "d'Europe de l'Est fuyant les persécutions et les pogroms.

Elle comptait alors de nombreux magasins, commerces alimentaires, librairies et restaurants typiques, et toute une animation le faisant ressembler à un petit shtetl situé en plein Paris.

Sebestyén Fiumei* est un artiste juif hongrois, inspiré par ce lieu mythique, Il a eu un sursaut , comme une urgence de rappeler ce que représente ce lieu, un rappel à la mémoire qui tente de s'effacer.
Par cette plaque de rue, en Yiddish, on pourrait entendre murmurer le Pletzl, comme dans un dernier souffle :
"Eh, ne m'oubliez pas !" "J'étais là pour accueillir toute ces familles, j'entend encore le Yiddish, frapper en échos mes murs, ces familles juives, qui ont su donner ce cachet unique, qu'aujourd'hui encore vous, passants, vous  pouvez ressentir. Ne m'oubliez pas"

Un hommage à ce passé encore proche, une sorte une commémoration pour ce lieu qui deviendra, sans doute, un lieu de mémoire, de passage, de la vie des Juifs d'Europe de l'Est. 

Alliance - Comment vous est venue cette idée?

Sebestyén Fiumei - Je suis attiré par les lieux d'importance historique, par des endroits intéressants et uniques; que ce soit un petit coin de métropole ou une petite île dans l'océan. Dans ma pratique artistique, je travaille beaucoup avec les langues.
En plus de cela j'ai une passion particulière pour la langue et la culture yiddish.
En fait j'ai eu un projet similaire, avec une plaque de rue avec des caractères hébreux, il y a deux ans et demi. C'était à Vienne, dans la rue du Taborstraße, le yidishe gas* de la ville.

Alliance - Quelle est votre histoire à travers le Pletzl?

Sebestyén Fiumei -Je connais assez bien le Pletzl. La première fois que j'ai visité Paris, c'était en 2015, un peu après les attaques d'Hyper Cacher et de Charlie Hebdo mais avant l'attaque du Bataclan.

À l'époque, le quartier était dans un état très triste. Avec des soldats debout avec des armes énormes devant chaque synagogue.
Puis un an plus tard, j’ai passé pratiquement tout un été à Paris en raison d’une relation amoureuse, et je suis souvent passé par ce quartier. Et cette année, quand je me suis installé à Paris, je vivais – encore récemment – à quelques rues du Pletzl, donc j’ai eu la chance de visiter la plupart des synagogues du quartier. Au cours de l’une de ces promenades jusqu’au Pletzl, l’idée de faire une plaque de rue en yiddish ce quartier (qui a un surnom yiddish!) m'est venue.

Alliance - Comment a été perçue cette exposition par le public parisien?

Sebestyén Fiumei - Jusqu'à présent, il a été très bien reçu. L’un des premiers à reconnaître cette nouvelle installation d’art était l'honorable maire du 4ème arrondissement, Ariel WeilIl a posté une photo de celui-ci sur son Instagram, presque immédiatement après j'ai installé la plaque de Pletzl. 

Je suis aussi passé par là depuis une ou deux fois et j'étais heureux de voir que beaucoup de personnes s'arrêtent là pour en parler ou de prendre une photo.

Alliance- Quel est le message que vous souhaitiez passer ?

Sebestyén Fiumei - J'ai souvent entendu dire que ce quartier avait une atmosphère unique, semblable à celle d'un village, un peu comme un shtetl. Des traces sont encore là avec une forte concentration de synagogues, les boulangeries casher, les boucheries casher, les restaurants juifs.

Cela a beaucoup changé et ça change encore. Pourtant, c'est indéniable, que cela a été pendant longtemps le cœur de la vie juive à Paris. En partie il l'est toujours, beaucoup de Juifs, même s'ils habitent de l'autre côté de la ville , viennent ici pour visiter, pour rencontrer des amis, se connecter avec le passé et relier le passé au présent.

Je veux que cette plaque de Pletzl soit la visualisation de la langue yiddish, la langue qui était prédominante dans ces rues, je veux que ce soit un mémorial de la vie quotidienne des habitants qui vivaient ici. Un symbole pour tout le quartier.

Alliance - N’avez vous pas l’impression de vouloir éveiller les consciences en affichant le yiddish dans un pays qui a collaboré avec les nazis ?

Sebestyén Fiumei - Aussi, bien sûr.. Il est essentiel de savoir et de se rappeler que que la majorité des victimes juives de la Shoah étaient des locuteurs yiddish, on pense que cinq des six millions de juifs tués parlaient yiddish. Nous ne devrions pas laisser cette culture disparaître.

 

Sebestyén Fiumei (en hébreu: Shabtai) est né à Budapest, Hongrie.Après son baccalauréat, il a émigré à Vienne, en Autriche, où il a postulé et a été accepté accepté en classe d’arts transdisciplinaire de l’Université des arts appliqués, surnommée Die Angewandte. Il a également étudié les beaux-arts à Bezalel Académie d’Art de Jérusalem et à l’ENSAPC de Paris. Il a travaillé comme assistant curateur au Museum on the Seam pour l’exposition Thou Shalt Not - Lo ta’aseh lekha. Il a aussi aidé la Galerie Wedding à Berlin pour quelques mois comme stagiaire.
Thèmes liés aux langues, géographie humaine et histoire sont souvent au centre de ses travaux.

 

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