
Trump déraille sur les otages de Gaza : « Seulement 21 sont encore en vie »
Une déclaration confuse et choquante
Lors d’une cérémonie officielle à la Maison Blanche, Donald Trump a une nouvelle fois surpris – voire déconcerté – son auditoire. En nommant Steve Witkoff envoyé spécial au Moyen-Orient, l’ancien président des États-Unis a affirmé d’un ton presque désinvolte :
« Il reste 21 otages en vie – il y a une semaine, ils étaient 24, mais maintenant il n’en reste plus que 21. »
Aucune source, aucun détail, aucun fondement clair ne vient étayer cette déclaration, qui contredit les chiffres officiellement fournis par l’État d’Israël. Le général de réserve Gal Hirsch, coordinateur israélien pour les prisonniers et les disparus, a rappelé quelques heures plus tard :
« L’organisation terroriste Hamas détient actuellement 59 personnes kidnappées. 24 d’entre elles figurent sur la liste des personnes en vie, et les familles sont informées de toutes les informations dont nous disposons. »
Aucune opération récente à Gaza ne semble expliquer un changement aussi soudain dans le bilan des otages. Mais Trump, fidèle à son style imprévisible, a enchaîné les affirmations, certaines étrangement formulées.
Des propos qui frisent l’absurde
L’ancien président, visiblement peu soucieux de précision, a poursuivi :
« Ce sont des jeunes, et les jeunes ne meurent pas. Les personnes âgées meurent, mais les jeunes ne meurent pas dans de telles conditions. »
Un raisonnement aussi abscons qu’ahurissant, qui montre l’ampleur du décalage entre ses propos et la gravité du sujet. Dans ce qui s’apparente à un flot de conscience, Trump a évoqué une rencontre avec des otages libérés :
« Dix otages sont venus me voir il y a deux semaines, ils m’ont remercié. Je leur ai dit : “Vous n’avez rien à me dire. Ce qu’ils ont vécu est incroyable. Ils vivaient dans un tube.” »
Et de préciser, dans une confusion troublante :
« L’un d’eux y est resté 512 jours. Une autre, 361, je crois. Et une autre, moins longtemps. »
Des chiffres exacts u regard de la date du 7 octobre 2023, mais qui jettent tout de même le trouble, tant la narration paraît improvisée.
Les familles d’otages, prises entre douleur et incertitude
Si l’on en croit Trump, un couple de parents serait venu le voir en suppliant :
« S’il vous plaît, monsieur. Notre fils est mort. Rendez-nous simplement son corps. »
Une phrase bouleversante, que Trump répète pour souligner leur détresse :
« Ils savent qu’il est mort, mais ils voulaient son corps, comme ils l’auraient voulu s’il avait été vivant. »
Ces mots mettent en lumière la tragédie humaine, mais leur utilisation, dans ce contexte, semble servir davantage la posture théâtrale du président que la mémoire des victimes.
Dans un communiqué, le Centre des familles pour le retour des personnes enlevées a réagi fermement :
« Le nombre de personnes enlevées vivantes connues des familles, et qui leur ont été signalées par des sources officielles, s’élève à 24. Nous exigeons une fois de plus du gouvernement israélien qu’il nous transmette immédiatement toute nouvelle information qui nous aurait été cachée. »
Et de marteler :
« Il faut cesser la guerre jusqu’au retour de la dernière personne enlevée. C’est la tâche nationale la plus urgente. »
Entre Houthis, Iran et Israël : la diplomatie selon Trump
La désinvolture de Trump ne s’arrête pas aux otages. Il a également annoncé la fin des frappes américaines contre les Houthis au Yémen :
« Nous avons averti l’armée, et toutes les actions cessent. (…) Les Houthis ne veulent rien avoir à faire avec nous, et ils l’ont clairement fait savoir. »
Plus déroutant encore, sa justification de ce cessez-le-feu :
« Ce n’est pas un accord. Ils ont dit : “S’il vous plaît, ne nous bombardez plus, nous n’attaquerons pas vos navires.” Ils ne veulent plus être bombardés. »
L’administration américaine n’a pourtant pas informé Israël à l’avance. À Jérusalem, cette annonce a été accueillie avec perplexité. Un responsable a confié :
« Si les Houthis cessent leurs tirs, Israël ne répondra pas. Mais nous estimons qu’ils conservent la capacité de lancer des missiles. »
Quant à l’Iran, Trump a adopté un ton à la fois menaçant et conciliant :
« Nous voulons que l’Iran soit un pays prospère. Mais ils ne peuvent pas avoir l’arme nucléaire. (…) C’est la période la plus importante de leur histoire, et j’espère qu’ils feront le bon choix. »
Une froideur troublante envers Israël
Enfin, la posture diplomatique de Donald Trump à l’égard d’Israël n’a pas manqué d’interpeller. Lors de la même cérémonie, le président a déclaré, sans détour :
« Je n’ai pas l’intention de m’arrêter en Israël lors de ma visite au Moyen-Orient. »
Avant d’ajouter, d’un ton vague et peu engageant : « Peut-être un jour dans le futur. »
Un désengagement symbolique, surprenant de la part d’un ancien président qui se revendiquait naguère comme le plus grand allié de l’État hébreu.
Encore plus saisissant : l’annonce de la fin des frappes américaines contre les Houthis s’est faite sans la moindre mention du sort d’Israël, pourtant visé à plusieurs reprises par les missiles de ces milices soutenues par l’Iran.
« Ils [les Houthis] ne veulent plus être bombardés, et ils ne veulent rien avoir à faire avec nous. Alors nous avons arrêté. »
Pas un mot sur les attaques contre le territoire israélien, ni sur leur éventuelle poursuite. Cette indifférence implicite à l’égard de la sécurité d’un allié historique a fait l’effet d’un électrochoc à Jérusalem. Elle illustre, une fois encore, l’imprévisibilité d’un leader dont chaque prise de parole semble guidée non par la stratégie, mais par le narcissisme et le théâtre.
Un président fantasque face à une tragédie humaine
À aucun moment Donald Trump ne semble mesurer la portée de ses paroles. Le sort des otages est abordé comme une parenthèse dans un discours décousu, entre flatteries à son nouvel émissaire et banalités géopolitiques. Les familles attendent des actes, pas des improvisations ni des récits flous.
Dans ce contexte, la parole présidentielle n’est pas anodine. Elle devient un vecteur d’instabilité, et surtout d’inquiétude pour ceux dont les proches sont entre les mains du Hamas.
Le silence est parfois plus digne que l’approximation. Mais Donald Trump, lui, choisit le spectaculaire — même au prix de la vérité.
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