L'Art de la Séduction : Il s'avère qu'il existe un côté féminin à la divinité, et c'est le bon côté

Les explosifs spirituels cachés dans la littérature des Sages

Les textes anciens regorgent de concepts audacieux, bouleversants dans leur essence.
L'un d'entre eux affirme que Dieu peut être tenté.
Cette tentation, perçue comme un trait féminin, serait pourtant une force positive.
Ce paradoxe invite à une réflexion : et si l'émotion, l'amour et la compassion prévalaient sur les décisions strictement rationnelles ?

Pourquoi les membres du gouvernement devraient-ils s'enivrer à l'approche de Pourim ?

Divulgation en bonne et due forme

Je ne bois presque jamais d'alcool. Il fut un temps où j'appréciais les possibilités d'évasion et d'obscurcissement de la conscience qu'il offrait. Aujourd'hui, je me réjouis de ne plus en ressentir le besoin.

Le soir du Shabbat, je cède parfois à la tentation d'un verre de jus de grenade et d’orange fait maison (ce qui est en soi une expérience joyeuse). S'il n'y en a pas, je bois de l'eau en remerciant pour ce privilège essentiel , de boire de l’eau propre et de manger du pain frais.

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Pourim blessé

Dans une semaine, nous célébrerons Pourim. Une fête marquée cette année encore par la douleur et la mémoire :

"Ces jours féconds ne passeront pas parmi les Juifs, et leur souvenir ne sera pas oublié de génération en génération."

La culture juive n’annule pas ses fêtes à cause de la tristesse. Elle l’intègre, la perpétue, la transforme.

L’ivresse comme symbole

Je ne recommande pas l’ivresse, mais considérons-la comme un symbole puissant.
La déclaration talmudique suivante, trouvée dans le Traité Eruvin (7:1), est révélatrice :

"Quiconque est tenté par le vin a en lui la connaissance de son Créateur, comme il est dit : Et le Seigneur fera le parfum du parfum, etc."

En quelques mots clairs, les sages déclarent : Notre Dieu, c’est-à-dire notre Dieu, est tenté – et sa tentation découle d’une sorte d’ivresse. La conclusion évidente :

"Quiconque est tenté par le vin a en lui la connaissance de son créateur."

Essayez de répéter cette phrase plusieurs fois et rapidement lors du repas de Pourim : vous verrez qu’elle porte en elle une musicalité particulière.

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Dieu en faillite

Bialik, le poète qui défia le Ciel

Le poète Haïm Nahman Bialik est reconnu pour son engagement dans la rénovation de la culture juive. Mais il fut aussi un penseur audacieux, capable de remettre en cause Dieu Lui-même. En 1903, après les pogroms de Kichinev, il écrivit le poème bouleversant
"Dans la ville du meurtre" :

"Pardonnez-moi, misérables du monde, votre Dieu est aussi pauvre que votre mort... Nous ne saurons pas pourquoi tu es mort, ni pour qui ni pour quoi tu es mort, Et il n’y a pas de goût pour ta mort, tout comme il n’y a pas de goût pour ta vie."

Lors des émeutes de Kichinev, 49 Juifs furent assassinés et des centaines blessés. Ces événements suscitèrent une prise de conscience douloureuse sur la fragilité des Juifs en diaspora et favorisèrent la montée du sionisme.

120 ans plus tard, en Israël, un pogrom d’une ampleur 20 fois supérieure a eu lieu. celui du 7 octobre 2023. Cette fois-ci, nous ne pouvons pas accuser Dieu. Nous aurions pu l'empêcher.

L’ivresse de Dieu et la tentation divine

Dans un monde sans souveraineté juive, sans armée ni gouvernement, Dieu était l’unique recours. Mais les sages talmudiques osent remettre en question sa capacité à protéger son peuple. Les sages défient à juste titre un Dieu qui est "créateur" mais pas "protecteur".

Le Midrash souligne que même Dieu peut être tenté, notamment par l’odeur des sacrifices de Noé après le déluge (Genèse 8:21) :

"L’Éternel sentit une odeur agréable. L’Éternel dit en son cœur : Je ne maudirai plus la terre, à cause de la disparition de l’homme ; car les pensées du cœur de l’homme sont mauvaises dès sa jeunesse ; et je ne frapperai plus tous les êtres vivants, comme je l’ai fait."

Ainsi, si Dieu peut être tenté, pourquoi pas les hommes ? D’où cette déclaration spirituellement explosive :

"Quiconque est tenté par le vin a en lui la connaissance de son Créateur."

Le féminin dans le divin

Les Sages du Talmud affirment que la tentation est un trait exclusivement féminin (Mekhilta Darshbi 22:15) :

"La femme est tentée, mais l’homme n’est pas tenté."

Une idée archaïque et erronée, que l’histoire biblique contredit sans cesse : Eve tente Adam, Esaü cède pour un ragoût, Samson succombe à Dalila...

Ce que l’on comprend alors, c’est que la tentation est universelle.
Et si Dieu Lui-même est tenté, alors Il possède un côté féminin – et c’est son bon côté.

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Apporte-leur du vin

Imaginez une grande salle de banquet où tous les ministres et responsables du gouvernement israélien seraient conviés. Du vin leur serait servi – un bon champagne rosé, pourquoi pas ?

Peut-être que dans leur ivresse, ils exprimeront enfin la douleur et la culpabilité qu’ils n’osent formuler sobres. Et peut-être que dans leur ivresse, ils prendront la bonne décision :

Ramener tous les otages. Maintenant.

une tentation salvatrice

Je choisis de réhabiliter la tentation. De l’accueillir à bras ouverts. D'écouter les émotions et de donner la priorité à l’amour et à la compassion – et non à des décisions qui se parent faussement de rationalité.

Bon Pourim. Et bon Shabbat.

Auteure :  Professeur Ruhama WeissPh