Partage de Jérusalem : les divisions s’érodent

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                            Partage de Jérusalem : les divisions s’érodent

Article paru dans "Libération", le 22/10/07

Jérusalem, «capitale unifiée et éternelle d’Israël», était jusqu’à il y a peu bien plus que l’intitulé d’une loi votée par la Knesset, le parlement israélien, en 1980 : évoquer un partage de la ville sainte avec les Palestiniens suscitait inévitablement une controverse enflammée. L’ancien Premier ministre Ehud Barak l’a appris à ses dépens lors des négociations de Camp David-Taba en 2000, à la suite desquelles il avait été accusé, y compris par le Premier ministre actuel Ehud Olmert – alors maire de la ville –, d’avoir voulu «brader» Jérusalem.

Olmert a montré en début de semaine dernière que même les tabous les plus tenaces finissent par s’émousser, en évoquant officiellement, pour la première fois et sans provoquer de réactions significatives, la possibilité de renoncer à la souveraineté israélienne sur certains quartiers arabes de la ville, annexés par Israël après la guerre de 1967.

Retournement. «Etait-il nécessaire d’annexer les camps de réfugiés de Choufat, d’al-Sawahreh, d’al-Walajeh et d’autres villages [situés à la périphérie de la capitale, ndlr] pour dire qu’ils font aussi partie de Jérusalem ? Je dois avouer qu’il est légitime de poser ces questions», a affirmé il y a une semaine le Premier ministre à la tribune de la Knesset. Ces déclarations surviennent alors que des discussions sont en cours entre Israël et les Palestiniens pour mettre au point un document conjoint qui servira de base à la conférence internationale sur le Proche-Orient, prévue fin novembre aux Etats-Unis.

Les Palestiniens veulent que les questions les plus épineuses du conflit – le statut de Jérusalem, les réfugiés et les frontières d’un futur Etat palestinien – soient prises en compte dans le document. Ehud Olmert n’avait quant à lui évoqué jusqu’à présent que les grandes lignes d’une déclaration non contraignante. Ses propos sur un possible partage de Jérusalem constituent une rupture avec la ligne circonspecte jusque-là adoptée par le gouvernement israélien et avec les positions exprimées par plusieurs de ses ministres.

Les Israéliens seraient prêts à cette évolution. «L’opinion publique israélienne est extrêmement fluide et se cale, à plus ou moins long terme, sur les positions de ses leaders. Les exemples de retournement complet ne manquent pas dans l’histoire politique locale, comme avec le retrait de Gaza mené par Ariel Sharon ou les accords d’Oslo signés par Rabin», explique Yoram Peri, professeur de sociologie politique à l’Université de Tel-Aviv.

Lamentations. Près des deux tiers des Israéliens (59 %) restent néanmoins opposés à un retrait des quartiers arabes, selon un sondage publié mardi par le quotidien israélien Haaretz. «Le front du refus de la redivision de Jérusalem s’érode, mais le sujet reste extrêmement controversé en raison de sa charge affective et symbolique de capitale historique du peuple juif» estime Yossi Alpher, analyste politique spécialiste du processus de paix israélo-palestinien, qui rappelle que «tant qu’une solution pour les lieux saints, et pour le moment il n’y en a pas, ne sera pas trouvée, les Israéliens craindront que des concessions sur la périphérie de la ville n’aboutissent in fine à un retour aux frontières d’avant 1967, quand la vieille ville était sous contrôle jordanien et que les juifs n’avaient pas accès au mur des Lamentations, le lieu le plus sacré du judaïsme».

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