Des protestations éclatent à Gaza : la population exige la démission du Hamas

Des manifestations inédites dans le nord de la bande de Gaza

Le 25 mars 2025, des centaines de Palestiniens ont manifesté dans les rues de Beit Lahia et Jabalia, au nord de la bande de Gaza, appelant à la fin de la guerre avec Israël et exigeant que le Hamas renonce au pouvoir. Ces manifestations, qualifiées d’« historiques » par des témoins locaux, reflètent une frustration croissante face à la détérioration des conditions de vie et à la gestion de la guerre par le Hamas.

« Hamas dehors » : la colère de la population éclate

Les manifestants ont scandé des slogans comme « Hamas dehors » et brandi des pancartes portant des messages poignants : « Stop à la guerre » et « Nous voulons vivre en paix ». Sur les murs de Beit Lahia, des slogans en arabe étaient visibles : à droite, « Assez de meurtres et de destructions » et à gauche, « Les enfants de Palestine : nous voulons vivre ».

Un mouvement populaire organisé via les réseaux sociaux

Ces manifestations, parmi les plus importantes contre le Hamas depuis le début de la guerre, ont été principalement organisées via les réseaux sociaux, selon des témoins sur place. Le mécontentement s’est propagé rapidement parmi la population, épuisée par les combats, la pauvreté, et l’absence d’avenir pour les jeunes.

Les forces de sécurité du Hamas ont tenté de disperser la foule par la force, selon plusieurs rapports. « Ils ont tiré en l’air pour nous disperser, mais nous n’avons pas bougé », a confié un manifestant anonyme à une source locale.

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Un contexte de détérioration des conditions humanitaires

Ces protestations surviennent alors que les conditions de vie dans la bande de Gaza se sont fortement dégradées depuis l’effondrement du cessez-le-feu en mars. Israël a repris le contrôle du corridor de Netzarim, un axe stratégique qui sépare le nord et le sud de Gaza, pour intensifier la pression sur le Hamas et exiger la libération des otages.

Israël avait brièvement autorisé le retour des civils déplacés vers le nord de Gaza en janvier, avant de suspendre les entrées le 26 janvier 2025, en raison de nouvelles violations du cessez-le-feu par le Hamas. Depuis, les combats ont repris avec une intensité croissante, et Israël a élargi ses ordres d’évacuation pour empêcher un retour massif de la population.

Le silence du Hamas face à la révolte populaire

Jusqu’à présent, le Hamas n’a pas réagi officiellement à ces manifestations. Toutefois, la tension reste palpable, et de nouveaux rassemblements sont attendus dans les jours à venir.

Selon des analystes politiques, cette explosion de colère populaire pourrait fragiliser davantage le contrôle du Hamas sur Gaza. « La population est épuisée, elle en a assez des promesses non tenues et des souffrances », souligne un expert cité par Israel Hayom.

Le silence du Hamas n’est pas un signe d’indifférence, mais une stratégie calculée pour maintenir son emprise sur Gaza. Cependant, si les manifestations s’intensifient, cette stratégie pourrait échouer, entraînant une crise majeure pour le mouvement islamiste.

Le silence du Hamas face aux manifestations massives à Gaza s’explique par plusieurs raisons stratégiques et politiques

Éviter d’exposer sa faiblesse interne

Le Hamas est conscient que ces manifestations révèlent une fracture profonde au sein de la population de Gaza. Reconnaître publiquement la colère populaire risquerait d’affaiblir son autorité et d’encourager davantage de soulèvements. Le Hamas cherche donc à minimiser ces protestations pour éviter d’envoyer un signal de vulnérabilité à ses opposants internes et externes.

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Préserver son contrôle par la répression discrète

Le Hamas préfère réprimer les manifestations en silence, sans communication officielle. Des témoignages rapportent que ses forces de sécurité tirent en l’air pour disperser les foules, arrêtent des leaders potentiels des protestations, et censurent les informations circulant sur les réseaux sociaux. Cette stratégie de « répression silencieuse » permet de limiter la diffusion de l’information tout en étouffant la contestation.

Éviter d’envenimer les tensions avec Israël

Reconnaître officiellement la crise interne pourrait donner des arguments à Israël pour intensifier ses opérations militaires en affirmant que le Hamas perd le contrôle. Un affaiblissement trop visible pourrait conduire Israël à poursuivre une campagne militaire plus profonde, visant à éliminer définitivement le Hamas.

Maintenir un discours de résistance face à Israël

Le Hamas tente de maintenir une image de « résistance » face à Israël, même au prix de souffrances considérables pour la population. Admettre que la population rejette sa politique de confrontation reviendrait à invalider sa rhétorique de « défenseur des Palestiniens contre l’occupation ». Ce serait un coup dur pour sa légitimité politique et idéologique.

Peur d’un effet domino

Le Hamas craint que si les protestations prennent de l’ampleur, elles puissent se transformer en soulèvement général, semblable aux révolutions arabes qui ont renversé plusieurs régimes en 2011. Un effondrement du Hamas à Gaza entraînerait non seulement la perte du pouvoir, mais aussi des représailles sanglantes de la population contre les responsables de la violence et de la corruption.

Contexte de guerre : priorité à la survie militaire

Dans le contexte de la guerre avec Israël, le Hamas priorise la survie militaire et la consolidation de son pouvoir. Répondre aux revendications de la population pourrait détourner ses ressources et son attention des opérations militaires en cours. Le Hamas préfère donc attendre que la situation militaire s’améliore avant de gérer la crise interne.

Israël intensifie ses opérations militaires

Face à l’impasse politique et aux violations répétées des cessez-le-feu, Israël a renforcé son dispositif militaire. Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a annoncé mardi avoir approuvé les plans opérationnels des Forces de défense israéliennes (FDI) pour poursuivre les actions militaires contre le Hamas.

« Notre objectif principal est de ramener les otages chez eux », a déclaré Katz. « Si le Hamas continue de refuser un accord, il paiera un prix de plus en plus lourd. Nous prendrons du territoire, éliminerons les terroristes et détruirons les infrastructures jusqu’à la défaite totale du Hamas. »

Le chef d’état-major des FDI, le général Eyal Zamir, a également appelé à une intensification des opérations contre le Hamas. Selon Channel 12 News, Zamir a déclaré lors d’une réunion de sécurité que « le Hamas gagne du temps — c’est une stratégie, pas juste une tactique ». Il a ajouté que « les actions des FDI leur causent des pertes et de l’instabilité, mais elles ne mènent pas à la libération des otages. Par conséquent, nous n’avons pas le choix : nous devons augmenter la pression ».

Vers une nouvelle campagne terrestre à Gaza ?

Selon le Washington Post, les dirigeants politiques et militaires israéliens envisagent un plan pour une nouvelle campagne terrestre qui pourrait inclure une occupation militaire prolongée de la bande de Gaza, pendant plusieurs mois, voire plus. Les nouvelles stratégies discutées incluraient également un contrôle direct de l’aide humanitaire, la neutralisation des leaders civils du Hamas, et l’évacuation des femmes, des enfants et des civils considérés comme non menaçants.

Des images publiées par les FDI montrent les forces de la 36e division se préparant à des opérations militaires de grande envergure dans la bande de Gaza.

Un tournant pour la population de Gaza ?

Ces manifestations pourraient marquer un tournant majeur pour la bande de Gaza. « Pour la première fois depuis des années, la population ose défier le Hamas en plein cœur de son territoire », a déclaré un analyste sécuritaire israélien au Jerusalem Post. Si la pression populaire s’accentue, le Hamas pourrait se retrouver confronté à une situation insoutenable, à la fois sur le plan interne et externe.