Quand la nuit devient un cauchemar : des parents israéliens témoignent sur l’usage de la mélatonine pour leurs enfants

Le sommeil d’un enfant, ce doux rêve de parents épuisés… et pourtant, pour beaucoup, ce rêve tourne au cauchemar.
Ce sont ces longues heures passées à rassurer, à chanter, à raconter des histoires, à s’agacer aussi, quand le sommeil tarde à venir. R. et son mari en savent quelque chose.
Après avoir tout tenté pour aider leurs enfants à s’endormir, ils ont découvert la mélatonine, cette hormone naturelle qui régule notre horloge biologique. Miracle ou illusion ? Ils témoignent.

Des nuits interminables : le combat d’une mère israélienne

R., maman de trois enfants, ne cache pas son désespoir lorsqu’elle se souvient de ces nuits sans fin. « Chaque soir était un combat. Je commençais déjà à être stressée en début d’après-midi parce que je savais ce qui m’attendait. Notre fils ne voulait pas aller au lit et, même couché, il n’arrivait tout simplement pas à s’endormir. » Un cercle infernal qui impactait non seulement l’enfant, mais aussi toute la famille.

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Avec un aîné diagnostiqué TDAH, l’épuisement était devenu leur quotidien. « Nous avons tout essayé : une routine stricte, des histoires, des exercices de respiration, des podcasts… rien n’y faisait. » La solution leur est venue d’une amie dont le mari est pédiatre.
« Elle m’a raconté qu’après un long vol, ils avaient donné de la mélatonine à leurs enfants, et que cela avait marché. Aux États-Unis, c’est vendu librement, même pour les enfants. J’ai commencé à me renseigner et j’ai découvert que de nombreux parents en donnaient aussi. »

La mélatonine, une petite pilule aux grands espoirs

La mélatonine est une hormone sécrétée naturellement par le cerveau pour signaler au corps qu’il est temps de dormir. Mais lorsque ce mécanisme est perturbé – par l’exposition aux écrans, le stress ou des troubles comme le TDAH –, le sommeil devient un défi. C’est là que les compléments de mélatonine interviennent.

Et les témoignages ne manquent pas. Sur les réseaux sociaux, de nombreux parents racontent leurs nuits de galère et la solution qu’ils ont trouvée. « Une demi-pilule de mélatonine !!! Quatre ans et demi de privation de sommeil frustrante qui durait parfois jusqu’à 1h30 du matin ont pris fin lorsque ma sœur m’a tendu un sachet de bonbons roses qui lui avait coûté 50 shekels », partage une mère. Une autre confie : « Ce n’est pas une solution quotidienne, mais dans les moments de crise, c’est une bouée de sauvetage. »

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Une pratique qui s’étend à Israël

Longtemps cantonnée aux États-Unis et à l’Europe, où la mélatonine se vend librement, la pratique gagne du terrain en Israël. Ceux qui ne souhaitent pas attendre une ordonnance n’hésitent pas à la commander en ligne.

Tamar Urieli-Koren, psychothérapeute, a découvert la mélatonine aux Pays-Bas, où elle vivait avec sa famille. « Mon fils restait au lit, obsédé par des pensées sur la mort et le sens de la vie. C’était terrible. » Après avoir fait ses propres recherches, elle décide d’essayer le produit, d’abord sur elle-même. « J’ai vu que ça fonctionnait, alors j’ai commencé à en donner à mon fils, à toute petite dose. Là-bas, c’est banal, tout le monde en trouve partout. »

Mais à son retour en Israël, le diagnostic médical de ses enfants change la donne. « Un spécialiste des troubles du TDAH nous a dit que leur sommeil était essentiel. Il a insisté sur le fait qu’ils devaient dormir au moins dix heures par nuit et a recommandé la mélatonine en semaine, pour leur éviter ces pensées incessantes qui les tenaient éveillés. »

Miracle ou dépendance ? Ce que disent les médecins

Le Dr Gilad Gesner, pédiatre spécialisé dans le TDAH, comprend ces parents à bout. « Certains enfants ont naturellement du mal à s’endormir dès leur plus jeune âge. Le stress, les écrans, le bruit, les mauvaises habitudes de sommeil peuvent aggraver la situation. » Et les conséquences sont lourdes : irritabilité, troubles de l’attention, difficultés scolaires, baisse de l’immunité…

Pour lui, la mélatonine n’est pas un somnifère, mais un régulateur de l’horloge biologique. « Elle n’induit pas le sommeil et ne crée pas de dépendance. Son utilisation est considérée comme sûre, mais il faut rester vigilant. » Il met en garde contre l’auto-médication :
« Il est toujours préférable de consulter un spécialiste avant de commencer. On manque encore de recul sur les effets à long terme. »
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En Israël, la mélatonine est disponible sur ordonnance sous forme de sirop ou de comprimés. Une version à libération prolongée, appelée Selenito, est même prescrite aux enfants autistes souffrant de troubles du sommeil. Mais pour le Dr Gesner, il ne faut pas oublier les alternatives naturelles.

Retrouver un sommeil apaisé : conseils et alternatives à la mélatonine

Avant de se tourner vers la mélatonine, certains ajustements peuvent améliorer le sommeil des enfants :

•Établir une routine stricte : un coucher à heure fixe aide à réguler l’horloge interne.

•Éviter les écrans avant de dormir : la lumière bleue empêche la sécrétion de mélatonine naturelle.

•Créer un environnement propice au sommeil : lumière tamisée, température agréable, absence de bruit.

•Utiliser des techniques de relaxation : respiration profonde, méditation, bruits blancs, couverture lestée.

Pour R., la mélatonine reste une aide précieuse, mais elle est consciente de ses limites. « Mes enfants sont maintenant adolescents et ils ne sont souvent pas fatigués à l’heure du coucher. Je crois que cela les aide simplement à faire la transition vers le sommeil. C’est devenu un rituel rassurant. »

Une solution, mais pas une baguette magique

Si la mélatonine peut être une aide précieuse pour certains parents en détresse, elle ne doit pas être vue comme une solution miracle. Chaque enfant est unique, et le sommeil repose avant tout sur une hygiène de vie équilibrée.

L’important est de trouver ce qui fonctionne pour son enfant… et pour soi-même. Car un enfant qui ne dort pas, c’est aussi un parent qui s’épuise. Alors, entre mélatonine, rituels du coucher et patience infinie, chacun cherche sa propre recette pour retrouver des nuits paisibles.