Artiste peintre juif :Aron Wiesenfeld , du plus profond de la mémoire

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La Shoa, la neige, la mort, Du plus profond de la mémoire Aron Wiesenfeld

Aron Wiesenfeld : du plus profond de la mémoire

 

Aron Wiesenfeld est né en 1972 à Washington et s’est installé à San Diego, en Californie. Il a étudié́ la peinture à la Cooper Union de ̀ New York. Après un court passage dans l’univers des comic books il est aujourd’hui exposé dans le monde entier.
Dans ses œuvres la douleur est omniprésente tout en demeurant plus allusive qu’ « à l’image » à proprement parlé. Elle est logée au cœur d’une nature en déshérence et silencieuse. Emane une mélopée tragique entonnée par des enfances innocentes faites de solitude et d’exploration. Surgit une mystique face à l’hostilité́ enveloppante de la nature. Cette dernière renvoie à celle de l’Histoire et à la Shoah. Une forêt sombre évoque non seulement la peur primitive mais celles d’Ukraine et d’ailleurs où tant de justes furent exterminés. Quant au tunnel il rappelle ce que l’histoire garde de plus noir.
Apparaissent aussi de manière explicite la fuite et l’exode physique selon une thématique dont l’artiste se fait l’écho de manière presque inconsciente. Elle provoque des confrontations incessantes. Les images qui pourraient parfois surgir de contes merveilleux sont ainsi transportées vers le sentiment tragique de la vie prête à être arrachée avant terme. Elle semble siphonnée par les trous, les tunnels, l’obscurité́. Celle-ci – selon Wiesenfeld – est liée « à la mort, la maturité́, l’inconscient, ou la folie, mais surtout, elle représente une inconnue. Le protagoniste, lui ; est présenté́ avec un acte de foi. ». Mais cet acte est plutôt celui de la mort qui lui est donné. Elle voudrait faire passer les innocents pour des coupables.
De telles images sous effet de fausse candeur sont les plus insécures qui soient. Elles montrent l’appel du néant organisé en ordre de marche par le monstre qui rôde toujours. Il est d’autant plus dangereux que les personnages pré-pubères ne semblent pas comprendre ce qui les attends tandis qu’ils arpentent des milieux hostiles. Au fond d’une forêt, à la surface d’un étang ou dans l’obscurité́ de la solitude il est impossible de se détourner de tels personnages. Ils sont saisis entre obéissance et interdits dans le silence d’une intimité́ pudique.
La neige est un souvent un élément de la composition des œuvres de Wiesenfeld. Elle traduit autant la pureté, l’isolement le sens allégorique d’une disparition. Initialement très inspirés par les portraits photographiques d’August Sanders ceux du peintre sont à la fois un mixe entre le rêve et le cauchemar en gestation. « Il s’agit de trouver le courage de faire face à l’inconnu » dit l’artiste, néanmoins ces personnages restent avant tout des figures en péril qui ne peuvent qu’émouvoir loin pourtant de tout pathos facile.
Jean-Paul Gavard-Perret

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