Séléction DVD : Découvrez trois grands monuments du cinéma, rares à la télévision...enfin en DVD

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lincompris.jpgDevinette. Quel grand film de 1966 a été méprisé le plus total par la critique avant d'être présenté au Festival de Cannes et devenir par la suite l'un des plus beaux films sur l'enfance?

Réponse: L'incompris (disponible chez Carlotta films) de Luigi Comencini. Dans un milieu bourgeois, où à priori rien ne manque au bonheur des enfants, la mort de leur mère vient brutalement casser leurs habitudes. Andrea et Milo seront ainsi livrés à eux-mêmes. Comencini souligne que les enfants possèdent eux aussi une espèce de sensibilité. Il fait preuve d'une vraie pudeur dans la description des sentiments de l'enfance. On retrouve dans l'incompris la force émotionnelle qui annoncera tant le cinéma de Comencini (souvenez-vous de Pinocchio et Casanova, deux œuvres réalisées plus tard).

Il cerne le drame de la famille où n'existe pas de communication entre le père et ses enfants. L'ainé, tout le contraire de son frère, voit l'indifférence d'un père qui ne porte de véritable attention qu'au plus jeune. Impossible de ne pas avoir l'œil humide au terme de ces 100 minutes de ce film qui comme stipule sa bande annonce originale (unique bonus du DVD), "si le mot chef d'œuvre a un sens, alors le film de Comencini en est un!" Formidablement aidé dans sa tâche par un "trio" masculin qui constitue évidement pour beaucoup à la réussite de ce film de 1966, ô combien déchirant, poignant, voire même à l'opposé la comédie. Un vrai mélo, comme les italiens savaient les faire à l'époque.

Dix ans plus tard, dans un registre quasiment à l'opposé, Roman Polanski réalise là son neuvièmelelocataire.jpg film, Le locataire (disponible chez Paramount), qui clôt sa trilogie sur les immeubles "hantés" dirons-nous, après Répulsion et Rosemary's baby. Un huis clos étouffant totalement exemplaire dans son cinéma. Cette œuvre réunit bon nombre des thèmes polanskiens: la trahison, la paranoïa, les frontières de la folie. Dans son cinéma, en effet, personne n'est à l'abri, ni le spectateur ni le personnage principal; aussi, manipule-t-il avec un certain art les peurs existentielles de chacun d'entre nous? Tout comme dans Rosemary's baby, on ne connaît jamais vraiment ceux qui nous entourent. Trelkovsky se sent peu à peu le jouet de voisins et de rencontres peu recommandables. Il faut se méfier de tous, y compris de soi même! Mais là où Le locataire va plus loin serait de le comparer avec le passé (en rapport avec la Shoah. Cf. les ouvrages de Yann Moix et de Florence Colombani) de Roman Polanski. Ce n'est finalement peut être point un hasard si le rôle principal du film n'est autre que Polanski lui-même. Trelkovsky doit être vu comme le double du réalisateur. Seul contre tous, et du coup livré à lui-même, le "petit" Trelkovsky va basculer de la fragilité à la démence.

meanstreets.jpgIl était temps, on pourrait dire! Mais grâce à Carlotta Films (encore!), une édition collector de Mean Streets (comprenant plus de 90 minutes de bonus totalement inédits!) fait son apparition dans les bacs. Le film qui révéla au public Martin Scorsese énonça d'emblé les thèmes futurs du réalisateur de Taxi driver, Casino ou plus récemment Shutter island. Mean streets raconte l'histoire de quatre petits malfrats habitués du bar de Tony, qui ne pensent qu'à boire, chahuter et se bagarrer.

Parmi eux, on retrouve Charlie Cappa et Johnny Boy. L'histoire est double: l'une, lisible et racontable, décrit l'ascension sociale d'un jeune italo-américain (interprété par Harvey Keitel), dans le milieu de la culture de Little Italy (peut être es-ce un double du réalisateur?); l'autre, sur une portée parallèle, comme à l'ombre de la première, difficile à cerner, impossible à conter, suit le personnage de Robert de Niro, dont la présence suffit pour conduire les situations au paroxysme.18 ans plus tard, avec plus de maturité, Martin Scorsese renouvèlera le même "cadre" où machisme et violence seront doublement au rendez-vous, avec Les affranchis.   

Laurent Bartoleschi

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