Laurent Bartoleschi

Je m'appelle Laurent Bartoleschi, actuellement attaché de production à Radio France International( RFI).
J'ai connu Alliance en 2009, tardivement donc, d'où j'avais proposé à Mme la Présidente-Claudine Douillet, de rédiger quelques articles cinéma. Chose établie puisque jusqu'à aujourd'hui, après en avoir réalisé plusieurs, de couvrir les festivals de Cannes et de Deauville, ainsi que maintes interviews, je suis reconnu par les professionnels de la profession, étant donné qu'ils me délivrent chaque année, depuis 2010, ma carte de critique. Une belle reconnaissance, à vrai dire. Merci à toute l'équipe d'Alliance, en espérant que cette collaboration ne soit qu'un début.

Les articles de Laurent Bartoleschi

Théâtre : Les grandes ambitions, mise en scène par Philippe Lellouche

Théâtre : Les grandes ambitions, mise en scène par Philippe Lellouche

Avec « Les grandes ambitions », Hadrien Raccah renouvelle le succès de sa précédente comédie, pour le meilleur et pour le rire !
Une pièce pleine de mégalomanie et de rêves.

Deux amis de longue date apparemment - Fred et Yvan - ont pour ambition d’ouvrir un karaoké en région parisienne ; un projet qui n’enchante pas trop Charlotte, la compagne de Fred. Ce dernier veut prouver qu’il peut se reprendre échec après échec et réussir dans son domaine de prédilection.     

Après le triomphe, en 2019, de la pièce "l’Invitation" (avec Gad Elmaleh dans les premières représentations)), Hadrien Raccah signe et propose la mise en scène croustillante de ces "Grandes Ambitions" à Philippe Lellouche au théâtre de la Madeleine (dont il est l'actuel directeur artistique). Il y retrouve sa complice Estelle Lefébure déjà dans le précédent spectacle justement.

Mais cette pièce a une particularité, celle de découvrir pour la première fois sur les planches, Matt Pokora !

C’est simple, tout au long, il ne cesse d'étonner. Pour ses débuts au théâtre, pas de cabotinage et tout en finesse, le chanteur surprend par ce petit grain de folie et d’absurdité. A peine le rideau s’ouvre-t-il que déjà le public applaudit. Il faut dire qu’ils viennent nombreux et pour le coup, la pièce se destine à toutes les générations et cela grâce en partie à Matt qui n’hésite pas à pousser la chansonnette. Et des chansons lors de la représentation, il en y a. Des tubes des années 80 bien représentatifs avec le thème : un peu plus près des étoiles (Gold) ou encore J’irai au bout de mes rêves (JJGoldman). Aussi, es-ce que le personnage principal ira au bout de son rêve? Je vous laisse découvrir.

N’oubliez pas que des pièces comme ces "Grandes Ambitions" permettent de sortir heureux pour reprendre le titre du dernier ouvrage de Philippe Lellouche (aux éditions Robert Laffont, ndlr)

  Théâtrophiles, à vos agendas !

REPRÉSENTATIONS au théâtre de la Madeleine - 19 Rue Surene 75008 PARIS

Depuis le 17 septembre 2021 au 19/12/2021

Du mercredi au samedi à 21h
+ les samedis et dimanches à 16h

Laurent Bartoleschi

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Leurs Voix pour l’Espoir concert caritatif à l'Olympia

À l’Olympia, la dixième édition du concert caritatif: Leurs Voix pour l’Espoir

 

Véhiculé par un message commun d’espoir  faire avancer la lutte contre le cancer du pancréas, des artistes donneront leurs voix et leurs talents lundi soir dans la salle mythique de l’Olympia.

Laurie Cholewa, propose ce concert caritatif chaque année depuis dix ans maintenant ; elle y tient particulièrement à cœur, comme un certain hommage à son père, décédé brutalement à l’âge de 54ans seulement à la suite de cette maladie.

Ce concert permet aussi de sensibiliser le plus grand nombre de personnes à cette cause dont on parle peu, de vulgariser ce cancer qui reste peu connu mais de plus en plus fréquent.

 

Pour cette 10ème année consécutive, l’animatrice et chroniqueuse poursuit sa voie en regroupant des artistes tels que Amir, Julie Zenatti, Benabar, ZAZ, Hatik, Gaëtan Roussel et plein d’autres. Ensemble, ils donneront leurs Voix pour l’Espoir. L’intégralité de ces bénéfices de cette soirée sera reversée à la fondation ARCAD (Aide et recherche en cancérologie digestive).

Laurent Bartoleschi

 

Pologne : nous avons craqué pour Cracovie, témoignages de la culture juive

Croquons la vie à Cracovie !

Fin juin, Alliance a eu un coup de cœur pour une ville aussi riche culturellement qu’historiquement. Oui, nous avons craqué pour Cracovie !

Cracovie est le cœur battant de la Pologne et certainement l’une des plus belles villes d’Europe. Baignée dans le romantisme et dans l’histoire, chaque lieu enferme une partie secrète de son Histoire et les différents quartiers nous le font ressentir.

Connaissez-vous l’origine du nom Cracovie ?1 La ville – tout comme ses habitants - est fière de son passé et de sa culture et revendique avec aplomb son héritage remontant pour certains sites à l’époque médiévale.

Ce lieu qui « nous » intéresse plus particulièrement est Kazimierz. Ça tombe plutôt bien puisque c’est ici-même où se trouve le passé des juifs de Cracovie, le site du 29ème Festival des cultures et musiques juives et notre hébergement.

Il comptait une population de plus de 60 000 juifs avant la 2ème Guerre mondiale. Il n’en reste aujourd’hui plus que 150 sur un total de 800 000 habitants !

 

L'histoire juive de la ville de Cracovie en Pologne

L'histoire juive de la ville de Cracovie en Pologne

 

Habité pendant des siècles par la population juive de Cracovie, le quartier de Kazimierz constitue aujourd’hui un des plus grands attraits touristiques de Cracovie.

L’histoire de Kazimierz est l’histoire de la coexistence entre Juifs et Chrétiens.

A la fin du XVe siècle on y fonda une ville autonome, entourée de murs pour les Juifs venant de Cracovie.

Au centre se trouvait la rue Szeroka. Autour se groupait de nombreuses synagogues, des écoles juives, des universités et des institutions diverses.

Pendant des siècles Kazimierz fut un des centres culturels et spirituels juifs les plus importants d’Europe.

C’est ici que vécut au XVIe siècle le célèbre savant et recteur de l’Académie talmudique Moïse Isserles, appelé Remuh.

Sa tombe, nimbée d’une légende de miracles accomplis, est aujourd’hui un lieu de pèlerinage des Juifs du monde entier.

Le savant rabbin Natan Spira étudia à la lumière d’une petite bougie la Kabbale dans une mansarde de la synagogue située au 22 de la rue Szeroka ; la bougie s’éteignit en 1633, et le célèbre cabaliste mourut – paraît-il – d’exténuation.

Au XIXe siècle, lorsque Kazimierz fut incorporé à Cracovie, il se transforma en centre d’orthodoxie et lieu de pèlerinage de tous les Juifs de Pologne.

Les murs entourant le quartier juif furent détruits en 1822, et les Juifs obtinrent le droit de s’installer dans tout Kazimierz.

Dans les années 1930, ils représentaient un quart de toute la population de Cracovie.
La IIe Guerre mondiale entraîna l’extermination de la communauté juive de la ville.

Plus de 64 000 juifs vivaient à Cracovie avant la Seconde Guerre mondiale, soit un quart de sa population.

La vie sociale et religieuse de la communauté était concentrée dans Kazimierz.

Partis politiques, organisations culturelles et artistiques l’animaient.

Ce monde a disparu, mais le souvenir de ses anciens habitants est toujours vivant dans ce quartier où se dressent encore de multiples monuments témoignages de l’ancienne culture juive : les synagogues (comme la Vieille Synagogue ou la synagogue Remuh toujours destinée au culte israélite), le cimetière Remuh, considéré comme le plus riche et le plus beau des cimetières juifs d’Europe.

En avril 1940, les juifs eurent 4 mois pour quitter la ville, seuls 15 000 juifs travaillant pour des entreprises ainsi que leur famille purent rester.

Le quartier juif de Kazimierz fut vidé de ses habitants par les nazis en mars 1941 lors de la création du ghetto juif dans le quartier polonais voisin de Podgórze.

Les synagogues furent pillées et dévastées, les biens et les propriétés spoliées et la population polonaise qui avait été chassée de son quartier vint s’installer à Kazimierz.

La très grande majorité de la population juive de Kazimierz disparu durant l’holocauste et quelques milliers de juifs revinrent s’installer dans le quartier à la fin de la guerre ainsi que de nombreux réfugiés juifs en provenance d’URSS.

Cependant, des émeutes anti-juives éclatèrent en août 1945 et beaucoup d’entre-eux émigrèrent soit en Israël soit aux États-Unis. La présence juive périclita jusqu’au début des années 1980.
Depuis la chute du communisme, on assiste à une renaissance de l’ancien quartier juif et une réhabilitation de son riche patrimoine.

Le quartier de Kazimierz est aujourd’hui l’un des lieux incontournables lorsqu’on visite Cracovie. Son riche patrimoine se concentre autour de la place Szeroka, le cœur historique de l’ancien faubourg juif.

C’est devenu aujourd’hui un quartier animé et très fréquenté où aime à se retrouver la jeunesse de Cracovie autour de belles librairies et des nombreux bars et restaurants où artistes et musiciens s’installent pour y jouer du Klezmer à tue-tête.

Il doit son ambiance d’aujourd’hui à de nombreux ateliers et galeries, aux restaurants, aux clubs et aux pubs, aux hôtels et aux auberges, ainsi qu’à la brocante sur la Place Nowy. Les vieux murs, les rues et les ruelles, les synagogues, les cimetières et les églises respirent l’histoire ; on y découvre tout le temps des souvenirs historiques. La mémoire du passé est cultivée par les institutions culturelles et les associations, mais aussi par la communauté juive renaissante. Mais de nombreux bâtiments liés à la culture juive passée peuvent être visités.

Notamment, la synagogue Remuh qui est à ce jour la seule synagogue régulièrement ouverte au culte, mais pas de façon quotidienne, sauf pour le Shabbat et les fêtes religieuses.

A la tête de ce haut lieu, un sexagénaire en kippa qui pourtant malgré sa motivation pour son entretien n’est pas juif mais bel et bien catholique ; issu de l’union d’une mère catholique et d’un père juif, ce dernier était le dernier rescapé vivant inscrit sur la liste de Schindler.

Ne serait-ce pas un hasard si au cours du tournage de son film La liste de Schindler, Steven Spielberg réalisa plusieurs séquences dans le quartier de Kazimierz pour illustrer le décor du ghetto de Cracovie?

Poursuivons avec Oskar Schindler qui avait sauvé une bonne partie de ses ouvriers de l’extermination nazie. Cracovie vous propose de visiter « l’usine de Schindler » et vivre l’histoire de la ville lors de la Seconde Guerre Mondiale.

Ce musée dédié aux travailleurs juifs de l’usine évoque la vie quotidienne des cracoviens et l’histoire des juifs sauvés par Schindler. Très bien documenté de nombreux objets et photos d’époque, des enregistrements nous font plonger dans cette période tragique de l’Histoire.Quartier de Podgorze. ul.Lipowa 41 30-702 Kraków

Tandis que celui-ci est permanent, une exposition quant à elle, reste à découvrir jusqu’au 15 septembre 2019.

Pour les amateurs de cinéma et même d’histoire, le musée national de Cracovie consacre une exposition - alternant multimédia et narration – à la vie et à l’œuvre du metteur en scène plusieurs fois primé dans le monde Andrzej Wajda, illustrant le génie de ce grand producteur, maître de la dramaturgie et créateur d’images inoubliables (comme le reconnait régulièrement un certain Claude Lelouch). Plongeons-nous dans le monde des films (Cendres et diamants, l’Homme de marbre ou encore Katyn) et des présentations théâtrales du grand maître.

Le musée national de Cracovie Al. 3 Maja 1, 30-062 Kraków

Mais s’il y a bien un évènement à ne rater sous aucun prétexte à l’aube de l’été est bien le Festival des cultures et musiques juives.

29ème édition en juin dernier, c’était une immense allégresse que de découvrir un festival tel que celui-ci. Que pouvait-on y découvrir ?

« Malgré la mince communauté juive, un pan de la mémoire du judaïsme a marqué la ville. Et mon but premier est d’entretenir cette âme et de la développer », c’est ce que nous faisait comprendre le fondateur du festival de la culture juive à Cracovie, Janusz Makuch.

Cracovie raconte son histoire juive

Cracovie raconte son histoire juive

Cet homme à la verve débordante de convivialité prône depuis 1990 un rendez-vous qui fait frémir les esprits mais qui met surtout le cœur à la fête.

Que ce soient des novices, des mélomanes, des curieux, le festival rassemble chaque année jusqu’à 30 000 visiteurs du monde entier.

Les bars de Cracovie aux enseignes juives

Les bars de Cracovie aux enseignes juives

Il a pour vocation de ressentir, d’émerveiller voire de bouleverser (cf. d’un concert de musique classique donné dans une synagogue de la ville) et réfléchir, ou tout à la fois finalement.  De tels signes sont visibles, qu’une volonté d’enthousiasme communicative se lie entre chacune et chacun.

Alors, que la fête (re)commence ! La 30ème édition – anniversaire - du festival de la culture juive se tiendra à Cracovie entre le 26 juin et le 5 juillet 2020.

Les musées et lieux culturels sont aussi nombreux que les bars et les restaurants, d’où l’atmosphère très conviviale et vibrante, qui peut s’expliquer par la grande présence d’étudiants en ville.
Une ville folle, sublime et mélancolique qui ravira vos yeux, vos estomacs et votre porte-monnaie, parce que oui, les prix sont assez abordables. Alors qu’attendez-vous pour partir ?

Y aller ?

En avion, Paris-Varsovie (2h)

Hotel Rubinstein à Cracovie histoire juive

Hotel Rubinstein à Cracovie histoire juive

Où Dormir ?

Hôtel Rubinstein : Szeroka 12, 31-053 Kraków

Il se trouve dans le quartier historique de Cracovie à 15 minutes d'Halle aux draps, fournissant un sauna, un jacuzzi et un roof – top qui permet une vue panoramique inoubliable. Rénové et décoré dans un style luxueux et  vous accueille toute l'année.

Plus de renseignements ?

L’office de tourisme de Pologne à Paris : www.pologne.travel

 

1 La légende parle d’un dragon, habitant une grotte située aux pieds de la colline du château, qui terrorisait les habitants de la ville, gouvernée alors par Krak.

Ceux-ci étaient obligés de lui faire des offrandes en bétail, mais selon certaines variantes de la légende, le monstre ne dévorait que des jeunes vierges.

Les chevaliers ne parvenaient pas à le vaincre : cet honneur échut au cordonnier Skuba.

Après avoir fourré de soufre une peau de mouton, il la laissa devant l’antre du dragon. Le monstre ne se rendit pas compte du piège et dévora ce qu’il croyait être un mouton. La gorge brûlée, sentant des douleurs atroces, il se mit à boire l’eau de la Vistule et finit par éclater.

Une grande liesse s’empara des habitants de la ville, et le cordonnier héroïque fut abondamment récompensé. La sculpture qui se trouve au bord de la Vistule, aux pieds du château, œuvre de Bronisław Chromy, commémore cette victoire légendaire.

Remerciements (sans qui ce sujet n’aurait pas pu voir le jour) à Elzbieta Janik, la chargée de communication de l’Office National Polonais de Tourisme et à notre guide Wioletta Romanska.

 

Laurent Bartoleschi

Film israélien : "Loin de mon père"Interview de Keren Yedaya

Loin de mon père Keren Yedaya

L’histoire peut paraître banale à première vue  celle d’un couple, Moshe, la cinquantaine et Tami la vingtaine toute fraiche vivent ensemble.

Lui, n’hésite pas à la violer ou à la rouer de coup régulièrement, tandis qu’elle, reste plus ou moins consentante.

Cette relation montre Tami qui ne semble pas pouvoir se libérer. Elle lui prépare son petit déjeuner, son diner, lui coupe ses ongles, elle s’occupe de la maison de fond en comble,…
Tami et Moshe sont père et fille!

Après des passages réguliers sur la Croisette, la réalisatrice de Mon trésor, qui avait obtenu la Caméra d’Or en 2004, annonce son retour avec ce film ultra sulfureux.

Le troisième long métrage de Keren Yedaya, Loin de mon père est une adaptation très libre du roman de Shez; Loin de son absence.

Laurent Bartoleshi et Keren Yedaya pour le film loin de mon père

Laurent Bartoleshi et Keren Yedaya pour le film loin de mon père

Keren Yedaya : C'est une auteure israélienne que je connais depuis longtempsJ'aime bien son style. Il faut savoir qu'elle est davantage orientée vers la poésie et que Loin de son absence est son premier roman. Elle me l'a aussitôt envoyé et m'a demandé de l'adapter en film. Je l'ai lu très rapidement, et j'ai eu un véritable coup de cœur.

Le thème central demeure l'inceste, certes, mon film n'y est pas très fidèle. J'ai changé l'âge de la jeune fille – de la trentaine, j'ai opté pour la vingtaine - afin de lui laisser une lueur d'espoir, pour son avenir.

Par contre, j'ai retiré les personnages qui gravitaient autour de Tami pour accentuer son isolement.

Faire un film sur ce sujet –tabou- que ce soit en Israël ou même en France, il était nécessaire de l'adapter. Un vrai défi pour moi de devoir traiter un thème aussi fort, attachant et aussi radical.

Ça n'est pas si différent qu'en France; je crois que les chiffres sont à peu près les mêmes, à savoir une  femme sur six se disent avoir été victimes un jour dans leur vie.

C'est un sujet totalement tabou qui l'est bon d'éclairer au maximum. Et le public a du mal à voir cette réalité».

Laurent Bartoleschi : Les critiques cannoises ont été dures avec votre film, racontez-nous.

Keren Yedaya : Je me souviens lors de la première projection à Cannes qu'un critique israélien avait été jusqu'à parler de provocation facile, gratuite et légère. Lorsqu'il avait revu le film, en Israël, il avait chamboulé tous ses articles».

L.B. : Pourquoi?

Keren Yedaya : Tout simplement parce que dans Loin de mon père, il n'y a pas de nudité et que le film traite de cette femme qui souffre durant son quotidien. Tel un documentaire, finalement. Chacune des scènes que j'ai filmées possèdent un sens et surtout une utilité. L'atmosphère du film est très pesante.

LB:  comment était le climat durant le tournage avec les acteurs?

Keren Yedaya : D'autant plus, qu'il s'agissait du premier rôle de l'actrice Mayaan Turjeman. J'ai été totalement bluffée par son jeu et sa vérité. Avec Tzahi Grad (comédien célèbre en Israël), nous avons beaucoup travaillé ensemble en amont.

J'ai besoin de créer cette proximité avec mes acteurs, et à partir d'elle, je les connecte avec leurs personnages. Mais pour vous rassurer, durant le tournage, on alternait entre pleurs et fous rires.»

LB :La mélancolie au sein de vos films, vient-elle d'un certain désenchantement d' Israël?

Keren Yedaya : Malgré mon caractère optimiste, il m'arrive parfois de craquer. Face à cet état du monde aujourd'hui, ce n'est pas tant de la mélancolie que je ressens, mais une sorte de désespoir absolu, une sensation de débâcle. En Israël, j'ai le sentiment d'observer des mouvements contradictoires.

Tami semble physiquement enfermée, aussi bien dans cet appartement sombre, que dans ce corps qu’elle refuse d’accepter : elle est comme prisonnière. Du coup, pour se punir, n’hésitera-t-elle pas à exprimer sa souffrance à travers ses désordres alimentaires  ou ses scarifications pourquoi tant de violences.

"Loin de mon père" demeure un film insoutenable, car l’inceste y est montré de manière frontale, rien n’y est suggéré, les scènes de violence sont d’une crudité extrême.
Keren Yedaya ne perd pas de temps ; son film donne le ton très réaliste, quasi-documentaire dès le début du film,

Keren Yedaya: C'est vrai que ce film se rapproche d'un bien plus d'un documentaire ce qui en fait supporter la violence.
Mon film permet,d’accompagner des personnages qui prennent conscience de leur condition d’esclave ».

Un grand bravo à l’actrice principale du film Maayan Turjeman qui joue ici son premier rôle!
Loin de mon père, un choc donc : Keren Yedaya conclue en disant que « si le monde du cinéma veut faire entendre la voix des femmes, il doit comprendre que nous faisons, nous réalisatrices, les films d’une manière différente ». Jamais film israélien n’a osé aller aussi loin. Retrouvez dès demain Loin de mon père sur les écrans français.
Laurent Bartoleschi

 


Film juif : Kaddish pour un ami

Laurent bartoleschi Kadish pour un ami, film juif

Kaddish pour un ami suit la trajectoire d’un adolescent, issu d’un camp de réfugiés palestiniens au Liban, qui aménage avec sa famille dans une banlieue multiculturelle de Berlin.

Agé de 14 ans, Ali découvre la vie de quartier et ne souhaite qu'une chose, s’intégrer auprès d’une bande de jeunes de la cité. Pour en faire dignement partie, une épreuve s'impose: s'saccager l'appartement d'un octogénaire juif russe, qui se trouve juste à l'étage au-dessus du jeune garçon. Le vieil homme, qui le surprend en flagrant délit, le dénonce à la police.

Ali risque des sanctions judiciaires et l'expulsion de sa famille. Craignant les ennuis, la mère de l'adolescent propose à Alexander les services de son fils pour refaire son logement. Alexander accepte. Ali passe alors la majeure partie de ses journées (jusqu'à tard) à réparer les dégâts. Peu à peu, une certaine complicité naitra.

En racontant l'histoire de ces deux êtres que tout sépare, culture, religion, âge, le destin s'occupera de les rapprocher.

Après plusieurs courts métrages, le réalisateur Léo Khashin, réalise ici son premier film.

Pour cela, ne s'est-il pas inspiré de son enfance? «Ma famille a émigré en 1980 en Allemagne, lorsque j’avais huit ans. J’ai vécu quelque part le destin de ces personnages que l’on voit dans le film(…). Je suis concerné par ces caractères qui ne sont pas totalement dans la norme. Qu’ils soient Juifs, Chrétiens ou Musulmans, les gens emportent leurs conflits avec eux, qu’ils vivent en Israël, au Liban ou en Allemagne, ils conservent leur haine, mais aussi leur humanité…»

L'export du conflit israélo-palestinien fonctionne. «Et dans ce film, rajoute-t-il, je voulais simplement montrer que l’humanité peut surmonter la haine, en particulier dans des lieux où les gens se sentent un peu pris entre deux mondes, en tant qu’immigrés». Cet attachant duo, unissant deux mondes différents, donne un pur moment d'optimisme.

Au début, cette compassion n'exclut pas une légère férocité sarcastique, où l'on ne sera pas étonné évidemment, en arrière-plan de ces deux protagonistes, se dessinent, de la part des autres, les appréhensions et surtout les rejets des origines.

Dans cette maison, lieu central du film, des souvenirs d'hier (les photos et documents de son fils tombé en Israël), se mêlent à ceux d'avant-hier (des gants de boxe, par exemple). Ils apprendront à la reconstruire ensemble.

Serait-ce une sorte de métaphore à Israël?
On pourra reprocher au réalisateur quelques futilités. Les dialogues sont néanmoins justes et simples. Kaddish pour un ami est brillement mis en scène.

Son regard, sans indulgence, reste tendre sur ces personnages forts par leur histoire. «Dans l’ancienne Union Soviétique d’où je suis originaire, mon identité familiale juive a été niée pendant des générations. Et cette liberté que l’Allemagne m’a offerte, m’a permis de découvrir mon lien et mon amour du judaïsme… Le film prend tout son sens avec cette prière du Kaddish qui est dite à la fin», conclut le réalisateur.

Le film sort en salles mercredi 4 février

Le dictionnaire Spielberg pour le Spielbergophile de Clément Safra

Dictionnaire de Spilberg

Souhaitez-vous un mini-coffret de deux livres regroupant le petit grand monde du réalisateur incomparable de E.T? Celui qui reste avant tout l'inventeur des premiers blockbusters (des Dents de la Mer à Rencontres du Troisième Type, en passant par Jurrasic Park ou autres Indiana Jones). Tous ces chefs d'œuvre faisant de lui le héraut de l'histoire de son propre pays. Les éditions Vendémiaire vous propose le dictionnaire Spielberg de Clément Safra. Il n'est pas un nouvel ouvrage sur le metteur en scène.

Il aborde justement une approche totalement inédite, au plus près de ses obsessions, de ses visions,… Bref, tous ses thèmes majeurs qui ont permis une œuvre cinématographique unique. De la lettre A comme Abandon, où l'on s'aperçoit (finalement) combien de ses films ont traité cet évènement tragique (amusez-vous à les énumérer).

Autre concept indispensable du cinéma de Spielberg, l'Enfance: dès son premier long métrage Sugarland Express, puis film après film, il demeure le fil rouge. En effet, avec un univers proche du féerique (surtout au sein de ses premières œuvres), jouant sur la sensibilité, il détient ce don de pouvoir effacer souffrance et histoire humaine, afin d'y laisser place à la prégnance du rêve. S'enchainent des mots clé autant importants les uns que les autres. Parmi eux sont définis, Israël, la Shoah, où sont évoqués évidemment des films tels que La Liste de Schindler et Munich.

D'ailleurs, si dans Schindler, analyse Clément Safra, Israël était le moyen de valider l'optimisme Spielbergien (…), Munich représente le point limite des valeurs du cinéaste, où elles s'effritent et ne font plus sens. Et encore l'Avion, la Famille, la Maison,…à la lettre Z comme Zoom. Figure de style cinématographique certes, mais un beau terme pour conclure ce dictionnaire indispensable à tout "Spielbergophile"!

Alors que son adaptation du roman pour enfants Le Bon Gros Géant de l'auteur de Charlie et la Chocolaterie – Roald Dahl - est annoncée pour l'été 2015, il reste, à 68ans, le plus puissant et le plus prolifique de la planète cinéma.

Interview de Jenifer alias Maya l'abeille, pour Alliance

Jenifer entretien exclusif pour alliance de laurent bartoleschi

Quand elle ne coache pas dans The Voice, quand elle ne chante pas, Jenifer double un personnage de dessin-animé!
Pas n'importe lequel!

40ans après sa naissance, sur les petits écrans français, la plus célèbre des abeilles fait son retour sur le devant de la scène. Dans la pétillante Grande aventure de Maya l'Abeille, Jenifer prête sa voix.

Ce film d’animation allemand raconte les tentatives aussi drôles que maladroites de la petite Maya pour s’intégrer dans le monde organisé au millimètre et très hiérarchisé des abeilles.
Mais elle peut compter sur l’aide de ses copains, dont son meilleur ami Willy ou encore Flip que le chanteur Christophe Maé s'est bien accaparé la voix.
Une parenthèse enchantée, donc, qui séduira aussi bien les plus jeunes, de l'un des dessins animés phares des années 1970, que les parents un peu trop nostalgiques.
Alliance a rencontré pour vous celle qui s'est frottée au jeu du doublage sans pour autant s'y piquer. Quoique. Interview.

L.B: Qu'es ce qui vous a séduit dans le projet de Maya l'abeille?

Jenifer: Tout d'abord, j'ai accepté ce rôle comme étant un vrai défi: celui de devoir doubler le personnage central d'un dessin animé. Je l'avais déjà fait pour un petit rôle, il y a neuf ans pour Nos Voisins les Hommes, et je m'y étais bien amusée.

En me proposant LE rôle de Maya, il a fallu – et pour mon plus grand plaisir- de découvrir la version originale et de suite j'ai eu le coup de cœur.
J'ai d'autant plus aimé le personnage que le message, mine de rien. Je répète souvent à dire que, finalement Maya faisait partie de mon inconscient.

Bien que le dessin animé ne fasse pas partie de ma génération, elle évoquait une part d'enfance puisque mes parents m'avaient fait peindre une Maya sur le mur de ma chambre par une amie peintre. Je suis très friande de ce genre de défis. C'est de cette manière que j'apprends; en dépassant mes propres limites. Mais je sais très bien que pour beaucoup de gens, ce petit personnage évoque une grande nostalgie.

L.B: Comment s'est organisé le travail de la voix?

Jenifer: Au-delà de tout ce que l'on peut s'imaginer, il n'y a eu qu'un seul jour d'enregistrement. Il a fallu juste trouver le bon timbre de voix et surtout le maintenir tout le long du film.

Pour réaliser cela un vrai boulot d'équipe s'était établit, notamment grâce à Yann Legay (Directeur artistique d'AGM Factory). Je me souviens qu'il jouait au chef d'orchestre, tout en me laissant une certaine liberté, ce qui permettait en quelque sorte de définir cette personnalisation.

Il fallait que je me prête au jeu en apprenant à faire confiance à l'équipe qui m'entourait. Mais je vous le dis, doubler un personnage, de dessin animé de surcroît, c'est un vrai métier!

L.B: Imaginons, si vous le voulez bien, que vous soyez dans la peau de Maya durant 24heures. Que feriez-vous? Y aurait-il des similitudes de caractères entre Maya et vous?

Jenifer: Aussi curieuse qu'elle. Je m'en irais au-delà des frontières afin de voir ce qu'il pourrait bien se passer à l'extérieur de ma ruche. (Rires) Je me sentirais du coup ultra concernée par ce qu'il pourrait se passer autour de moi; les autres m'intéresseraient d'avantage, qu'au sein de ma communauté. L'air de rien, c'est un peu le message du dessin animé finalement: accepter de vivre avec des gens tout aussi différents de nous – parfois, on n'a pas la même religion, la même couleur de peau,…On vit dans un climat qui fait mal au cœur. Ce film est une vraie bouffée d'air frais qui fait du bien et me fait du bien!

L.B: Vous ressemble-t-elle?

C'est totalement intéressant. Maya est une jeune et jolie petite abeille pleine de naïveté et d'insouciance. Elle a cette soif de liberté absolue en voulant justement sortir de son cocon. Aussi, ce qui m'a séduit chez elle, et ce lien qui se caractérise entre elle moi. J'ai cette curiosité permanente. Son côté dynamique, spontanée et totalement sincère. Elle a un grand cœur. Mais, avec l'âge, l'insouciance se perd, même si je garde une petite part d'inconscience de temps à autres.

L.B: Abeille, en hébreu se dit Dvora, Déborah – racine du verbe dibour, signifiant parler. Es ce que la parole de Maya demeure essentielle vis-à-vis d'autrui? Aussi, connaissez-vous l'importance des abeilles et Israël? D'ailleurs, Claude Lelouch l'avait parfaitement représenté en 1992 dans son film la Belle Histoire.

Jenifer: Merci de me l'apprendre! Il y a effectivement ce monde parallèle. Elles représentent aussi, peut être un lien avec les kibboutz, le symbole de la collectivité, non? Mais il est vrai que sans elles, il n'y aurait pas de vie. Leur histoire accompagne celle de l’homme. Elles font parties de ce cycle indispensable. Cet attribut confère une haute portée spirituelle, notamment dans ce pays où coulent le lait et le miel… Et du coup, ce film de Lelouch, bien qu'il m'évoque quelque chose, fera partie pleinement de mes films à voir.

L.B: Vos enfants ont-ils vu le dessin animé?

Jenifer: Non, ils ne l'ont toujours pas vu, mais j'ai hâte, et surtout de voir leurs réactions. L'un est (beaucoup) trop petit, tandis que l'autre est (trop) à fond dans le foot! Mais ils vont regarder.

L.B: On a comme l'impression que vous frôlez à chaque fois le cinéma (un petit rôle dans les Francis), ou même le théâtre (avec les Monologues du vagin). Un grand rôle, vous plairait-il?

Jenifer: J'en ai très envie, c'est vrai. Mais je n'ai toujours pas eu le culot de mettre le pied à l'étrier. Il se trouve que l'on me fait régulièrement des propositions depuis un certain temps. Pour le coup, ce sera un vrai challenge. Etant Chanteuse, je sais combien le métier de comédienne demande. Et puis, c'est bien beau d'avoir envie, es-ce que j'en aurais le potentiel? Il faudrait que je puisse revendiquer haut et fort un rôle qui puisse me faire assumer à 200%! Quitte à m'en prendre plein la figure, puisque l'on me jugera forcément, mais au moins je serais fixée.

L.B: Affaire à suivre alors! Merci Jenifer.

L.B.

 

DVD Electric Boogaloo la success story de Yoram Globus et Menahem Golan

Menahem Golan et Yoram Globus et La Cannon une succès story

Un documentaire exceptionnel débarque en dvd cette semaine. Et lequel! Celui qui faisait partie de la Sélection officielle du dernier festival de Gérardmer, les Editions Luminor vous propose de le regarder bien au chaud chez vous!

DVD Electric Boogaloo film de Marc Hartley

DVD Electric Boogaloo film de Marc Hartley

Electric Boogaloo de Marc Hartley, ou la grandeur et décadence de la Cannon, et de ses têtes dirigeantes, Yoram Globus et Menahem Golan.

Mais la Cannon, c'était quoi?
C'était avant tout une histoire d'amour de cinéma pour ces deux hommes, deux cousins germains natifs d'Israël et qui s'étaient d'ailleurs faits une belle position dans le cinéma de leur pays durant les années 60/70.

Débutant sagement sur les plages de Tel Aviv, où l’on pouvait y croiser des comédiens tels que Haim Topol, Yehuda Barkan ou encore Yeoram Gaon et sa collaboration légendaire avec ce duo de choc pour leur film Opération Entebbe!

En rachetant, en 1979, une toute petite société de production américaine, la Cannon, leur ambition première restait de conquérir le grand Hollywood.

Tandis que Menahem écrivait des histoires à la pelle, Yoram lui s'occupait de l'aspect financier. Une recette simple: reproduire les films israéliens qui voyaient chez eux et de les agrémenter de quelques petites touches, et lesquelles!

Du milieu des années 80 au début des années 90, leur nom résonnait tel un boulet de canon (!). Les films s'enchainaient! A tel point qu'au Festival de Cannes de 1987, alors qu'ils allaient jusqu'à faire des campagnes pour des productions qu'ils ne feraient jamais, on donna un nom à ce phénomène gigantesque: le Festival de Cannon! Golan et Globus auront bâti certaines carrières de comédiens aussi cultes aujourd'hui que mauvais, pour la plupart (il faut bien le reconnaitre).Chuck Norris, Jean-Claude Van Damme, Charles Bronson,…

Côté actrice, on retrouvait des noms comme Bo Derek, Sylvia Kristel ou encore une jeune (et jolie) débutante nommée Sharon Stone! Ces GoGo Boys comme on les appelé, avaient bien nourri nos (belles) années vidéoclubs. Alors pour notre plaisir, replongeons le temps de cet Electric Boogaloo (Luminor) truffés d'anecdotes que d'extraits abracadabrants! Après tout c'était leur marque de fabrique.

Laurent Bartoleschi

Cinéma : Foxcatcher de Bennett Miller par Laurent Bartoleschi

Film de Benett Miller, Foxcatcher, cinéma par Laurent Bartoleschi

Le film évènement de cette semaine est celui qui a remporté le Prix de la mise en scène du 67ème Festival de Cannes, Foxcatcher de l'américain Bennett Miller. Inspiré d'une histoire vraie, Foxcatcher raconte l'histoire tragique et fascinante de la relation improbable entre un milliardaire excentrique et deux champions de lutte.

Lorsque le médaillé d'or olympique Mark Schultz est invité par le riche héritier John du Pont à emménager dans sa magnifique propriété familiale pour aider à mettre en place un camp d'entraînement, dans l'optique des JO de Séoul de 1988, Schultz saute sur l'occasion : il espère pouvoir concentrer toute son attention sur son entraînement et ne plus souffrir d'être constamment éclipsé par son frère, Dave.

Obnubilé par d'obscurs besoins, du Pont entend bien profiter de son soutien à Schultz et de son opportunité de "coacher" des lutteurs de réputation mondiale pour obtenir - enfin - le respect de ses pairs et, surtout, de sa mère qui le juge très durement.

Flatté d'être l'objet de tant d'attentions de la part de du Pont, et ébloui par l'opulence de son monde, Mark voit chez son bienfaiteur un père de substitution, dont il recherche constamment l'approbation. Entretemps, du Pont commence à s'intéresser de plus en plus à Dave, qui dégage une assurance dont manquent lui et Mark, et il est bien conscient qu'il s'agit d'une qualité que même sa fortune ne saurait acheter.

Entre une paranoïa croissante de du Pont et son éloignement des deux frères, les trois hommes semblent se précipiter vers une fin tragique que personne n'aurait pu prévoir... Foxcatcher se révèle être un véritable tour de force de la part des comédiens Channing Tatum et Mark Ruffalo qui ont du s'entrainer jusqu'à cinq heures par jour. Pour jouer le rôle de ce milliardaire excentrique et complètement mégalomane, Steve Carell, habitué des rôles beaucoup plus comiques, s'est littéralement transformé pour ressembler à John du Pont. L'acteur de 52ans prouve qu'il peut changer de registre en un seul clic.

Les scènes de lutte, pour lesquelles les acteurs du film ont du œuvrés, sont réalisées telles des chorégraphies. La tension du film monte en puissance pour arriver à une fin qui vous glace le sang. Après avoir réalisé une puissante chronique sur (Truman) Capote, Bennett Miller prouve avec Foxcatcher qu'il possède un réel talent à traiter les défaillances de l'Amérique.

Peut être que certains trouveront le film lent, mais l'existence de ce rythme permet de nous attarder sur les corps et les visages, parfois meurtris des personnages. Avec pas moins de cinq nominations aux Oscars 2015, le film fait évidemment parti des favoris.

Réponse le 22 février prochain.

Laurent Bartoleschi

Au ciné cette semaine : Captives d'Atom Egoyan

sélection officielle au dernier Festival de Cannes, « Captives »

Présenté dans le cadre de la sélection officielle au dernier Festival de Cannes, « Captives » d’Atom Egoyan avait fait sensation.

Le réalisateur canadien est un habitué de Cannes lui aussi ; il reçut le Prix de la Critique Internationale pour Exotica en 1994, puis celui du Grand prix du Jury en 1997 pour De beaux lendemains et le Prix du Jury Œcuménique en 2008 pour Adoration. Il en est membre du jury en 1996. Captives est bouleversant.

8ans après la disparition de Cassandra, quelques indices troublant semblent indiquer qu’elle est toujours vivante. La police, ses parents et Cassandra elle-même, vont essayer d’élucider le mystère de sa disparition.

Tout comme, De beaux lendemains, le climat d’angoisse reste cependant permanent où, l’Homme n‘est autre que bloc de souffrance et d’impuissance. Enfermé dans une situation généralement sans issue. D’une violence sèche, le réalisateur installe la fatalité et la douleur au cœur de son film. On aurait pu dire que rien ne pourrait se passer dans cette ville fantôme. Il suffit d’en regarder le paysage.

Que ce soit le père, la mère, où la police, ils sont pris dans un engrenage inextricable qui se traduit par une réelle tragédie. Pendant près de deux heures et demie, le spectateur, l’estomac noué, suit les méandres d’une enquête difficile, les fausses pistes (jouant sur les flashbacks sans jamais les annoncer...), la souffrance insoutenable des familles.

Egoyan s’affirme une fois de plus comme un magistral directeur d’acteurs : Ryan Reynolds, en père éploré, est fascinant, le comédien canadien Kevin Durand habitué aux rôles inquiétants et Rosario Dawson, en inspectrice prête à tout pour retrouver les jeunes filles disparues, est tout aussi parfait.

L’ambiance hivernale de cette ville canadienne plongée dans le désarroi est filmée magnifiquement. Tout ce blanc neigeux n’est pas sans rappeler évidemment le chef d’œuvre des frères Coen, Fargo (l’humour noir en moins évidemment). Rendez-vous dans les salles ce mercredi ce thriller comparable au suspense du très beau Prisoners de Denis Villeneuve.

Laurent Bartoleschi