Découpes de Thomas Demand

Thomas Demand, « The Dailies », Mack, Londres, 2015, “Pacific Sunn”, The Israel Museum, Jerusalem.

Thomas Demand au The Dailies

Thomas Demand reconstitue des décors réels d'architecture, historique, quotidien : halls d'immeuble, ambassades, ateliers, bureaux, salles de bains.

Parmi ses réalisations les plus « pétaradantes » citons sa reconstitution du bunker d’Hitler ou le tunnel du pont de l'Alma où Lady Di a trouvé la mort.

Mais il a proposé des séries plus intéressante dont Archive, au Guggenheim de New-York, Room (Zimmer, Studio, Gangway, Poll, Claring au MAM, New-York, Zeichensaal (Drafting Room), Tavern à la Tate Gallery, Londres.

L’œuvre dans ses vibrations noires ou blanches fait retentir un langage particulier.
La vie cherche à surgir. « The Dailies » le propose avec des éléments du quotidien astucieusement scénarisée de manière minimaliste et subtile : éponge sur le bord d’une baignoire, gobelet coincé dans un grillage.

Thomas Demand- gobelets coincés dans un grillage

Elle ramène à la perte tout en rameutant la beauté. Elle fait de l’artiste un des créateurs les plus saisissants de notre époque.

La vie paradoxalement s’y engouffre non sans mystère et trouble. La décantation des maquettes dépasse une simple expérience de pure reconstruction. Elle déplace le réel dans lequel l’humanité bascule pas à pas, pied à pied.

Face aux formes réduites et « médiatiques » d’images faites pour assumer la fonction de gloire épiphanique aux reflets qui asservissent aux illusions, Thomas Demand impose une clarté froide pour atteindre une vérité du monde tel qu’il est. Surgissent par effet de reconstruction une proximité et un désir.

Entre douleur implicite et partage un rituel énigmatique s’étend insidieusement. Le social est - non sans ostentation mais avec aussi une sourde ironie – mis à nu. Dans un monde de l’empêchement Thomas Demand introduit une critique qui appelle l'échancrure de l’existence. Le corps quoique absent hante les œuvres dont la proximité fait le jeu de lointain.

Jean-Paul Gavard-Perret