Israël: l'ex président israélien Moshé Katzav échappe à la prison
JERUSALEM, le 28/06/07 - L'ancien président israélien Moshé Katzav, impliqué dans un scandale sexuel qui lui a coûté son poste, a échappé à la prison ferme à la suite d'un compromis avec la justice annoncé jeudi.
"Aux termes de ce compromis, le président Katzav a reconnu sa responsabilité dans une longue série de délits sexuels, notamment harcèlement et actes indécents" contre deux de ses ex-employées, a annoncé à la presse le Procureur général Menahem Mazouz. Selon lui, M. Katzav a aussi reconnu avoir exercé des pressions sur un témoin. Ces délits, où ne figure pas l'accusation de viol, ne lui valent, aux termes de ce compromis, qu'une peine de prison avec sursis, qui devrait être entérinée par un tribunal. M. Mazouz, qui est aussi le conseiller juridique du gouvernement, a expliqué que ce compromis a pu être conclu après que M. Katzav, après avoir crié son innocence a fini par "reconnaître être responsable d'une partie des accusations qui pèsent contre lui".
"S'il était reconnu coupable, ces accusations lui auraient (normalement) valu sept ans de prison mais il y échappe grâce à ce compromis", a-t-il affirmé, soulignant que le chef d'inculpation pour viol n'avait pas été retenu contre M. Katzav "par manque de preuves suffisantes". Une des deux ex-employées, à l'origine du scandale, qui accuse M. Katzav de l'avoir violée, mais qui a été déboutée, s'est pourvue en appel devant la Cour suprême pour faire annuler le compromis "immoral" et "contraire à l'intérêt public" annoncé par M. Mazouz. Aux termes du compromis, M. Katzav doit lui verser l'équivalent de 3.500 dollars en indemnités et 8.000 dollars à la seconde plaignante. Les négociations finalisant ce compromis se sont déroulées ces deux dernières semaines et ont fait suite à une audience des avocats de M. Katzav. "L'audience n'est jamais une simple formalité technique", a expliqué M. Mazouz pour justifier sa volte-face.
Initialement il avait indiqué vouloir inculper M. Katzav pour viol, harcèlement sexuel, entrave à la justice et subornation de témoins. Confronté à cette menace, ce dernier avait à sa demande été suspendu de ses fonctions début janvier. Le vétéran Shimon Peres, 83 ans, a été élu le 13 juin pour lui succéder à ce poste largement honorifique. Cité par la radio publique, M. Katzav a affirmé s'être fait violence "en acceptant de reconnaître sa responsabilité pour des actes qu'il n'a pas commis, afin d'épargner de nouvelles souffrances à sa famille". M. Katzav, 61 ans, juif pratiquant et père de cinq enfants avait été élu président en 2000 à la surprise générale en battant M. Peres.
Tout au long du scandale qui l'a éclaboussé depuis un an, il a systématiquement nié les soupçons de viol contre deux de ses anciennes employées, qui lui auraient valu d'encourir jusqu'à 16 ans de détention ferme. Lors d'une conférence de presse le 24 janvier, il a accusé la presse israélienne d'avoir ourdi "un ignoble complot pour le salir", parlant de "lynchage médiatique", de "lavage de cerveau", de "campagne venimeuse de diffamation", et promettant de lutter "de toute son âme pour prouver" son innocence. Interrogée jeudi à la radio publique, la députée travailliste Shelly Yachimovitch s'est vivement élevée contre la décision de M. Mazouz. "Onze femmes ont porté plainte contre Katzav. La police les croit, et moi aussi", a-t-elle assuré. "Ce compromis (avec Mazouz) est un message regrettable adressé aux violeurs", a de son côté réagi Kinneret Barachi, l'avocate de la principale plaignante qui a été déboutée.
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